Au quatorzième jour de l'invasion de l'Ukraine, les forces russes encerclaient au moins quatre villes mercredi, alors que Kiev, toujours sous contrôle ukrainien, se prépare à un assaut prochain. La Russie et l'Ukraine se sont entendus mercredi sur des cessez-le-feu pour permettre la mise en place de plusieurs couloirs humanitaires autour de zones durement frappées par les combats ces derniers jours.
Les principales informations à retenir :
- Une maternité détruite à Marioupol, 17 blessés
- L'armée russe progresse vers Kiev
- 400 Ukrainiens arrêtés à Kherson
- 5.000 civils évacués à Soumy
Une maternité détruite à Marioupol
Une maternité et hôpital pédiatrique de Marioupol, port assiégé du sud-est de l'Ukraine, a été détruite par des bombardements russes, a annoncé un responsable régional. "Il y a 17 blessés confirmés parmi le personnel hospitalier", a-t-il indiqué à la télévision ukrainienne, précisant qu"'il n'y avait aucun enfant" parmi les blessés et "aucun mort", selon un premier bilan. La Maison Blanche a dénoncé un usage "barbare" de la force contre des civils, et le Premier ministre britannique Boris Johnson a qualifié le bombardement d'"immoral".
Une progression russe vers Kiev ?
Les troupes russes se rapprochaient mercredi de Kiev, toujours sous contrôle ukrainien. Des colonnes de chars ne se trouvaient plus qu'à une quinzaine de kilomètres, près de Brovary. A 30 km de cette localité, des combats ont également eu lieu près de Rusaniv, ont indiqué à l'AFP des soldats ukrainiens. La Russie a pour la première fois reconnu la présence de conscrits en Ukraine.
L'assaut contre la capitale devrait se tenir dans les quatre prochains jours, pronostique l'Institut pour l'étude de la guerre, basé à Washington. L'Ukraine garde également le contrôle de Tchernihiv, au nord de Kiev, dont le centre-ville a été pilonné, provoquant la mort de nombreux civils.
400 Ukrainiens arrêtés à Kherson
L'armée russe a arrêté 400 Ukrainiens qui protestaient contre l'occupation russe dans la région de Kherson, dans le sud de l'Ukraine, ont affirmé les autorités ukrainiennes. Kherson, proche de la péninsule de Crimée annexée par Moscou, est la première grande ville tombée aux mains des Russes le 2 mars.
Un accord russo-ukrainien sur une série de couloirs d'évacuation des civils
Russes et Ukrainiens sont tombés d'accord ce mercredi matin pour respecter des cessez-le feu autour d'une série de couloirs humanitaires afin d'évacuer les civils, a annoncé la vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk. Selon elle, Moscou a confirmé son accord pour respecter une trêve de 9 heures à 21 heures locales autour de six zones frappées par les combats : des couloirs ont notamment été définis pour évacuer les civils depuis Energodar vers Zaporojie (sud), de Izioum à Lozova (est) et de Soumy à Poltava (nord-est), où un corridor avait déjà permis l'évacuation de milliers de civils mardi.
Plusieurs couloirs doivent également être instaurés pour évacuer vers Kiev les civils depuis plusieurs villes violemment bombardées à l'ouest de la capitale, dont Boutcha, Irpin et Gostomel.
"Pas d'impact majeur sur la sécurité" à Tchernobyl
La coupure de l'alimentation électrique dans le site nucléaire de Tchernobyl ne présente "pas d'impact majeur sur la sécurité", a affirmé l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), informée du problème par les autorités ukrainiennes. Les systèmes permettant de contrôler à distance les matériaux nucléaires de la centrale de Tchernobyl en Ukraine avaient cessé de transmettre des données à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AEIA), mardi.
Des "progrès" dans les négociations
Russes et Ukrainiens sont tombés d'accord mercredi pour respecter des cessez-le feu autour d'une série de couloirs humanitaires afin d'évacuer les civils, a annoncé le gouvernement ukrainien. Au total, 3.000 personnes ont pu être extraites d'Irpin et de Vorzel, au nord-est de Kiev, d'après la police.
La Russie a constaté "des progrès" dans les négociations menées avec l'Ukraine, a déclaré une porte-parole du gouvernement. Les objectifs de la Russie "n'incluent ni l'occupation de l'Ukraine, ni la destruction de son État, ni le renversement du gouvernement actuel", a-t-elle déclaré, réaffirmant ne pas viser la population civile.
5.000 civils évacués depuis Soumy
Plus de 5.000 personnes ont été évacuées à ce jour de la ville de Soumy, située à 350 km au nord-est de Kiev, a indiqué mercredi l'adjoint au chef de l'administration présidentielle ukrainienne, Kyrylo Timochenko, cité par des médias ukrainiens.
A Marioupol, grand port stratégique sur la mer d'Azov (sud-est), quelque 300.000 civils restaient en revanche coincés, selon Kiev, qui accuse les Russes de ne pas respecter le couloir humanitaire. L'armée russe a annoncé une nouvelle trêve humanitaire pour mercredi matin.
Zelensky promet de se battre "jusqu'au bout"
"Nous nous battrons jusqu'au bout", a déclaré devant le parlement britannique Volodymyr Zelensky. Le président ukrainien s'exprimait par lien video, lors d'une intervention visant à obtenir plus de soutien pour son pays après l'invasion russe.
Dans un entretien diffusé par la chaîne américaine ABC, Volodymyr Zelensky a par ailleurs affirmé ne plus vouloir insister pour obtenir l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan, une des questions qui ont officiellement motivé l'invasion russe. Il se dit prêt à un "compromis" sur le statut des territoires séparatistes de l'Est de l'Ukraine dont le président russe Vladimir Poutine a reconnu unilatéralement l'indépendance.
La Russie au bord du défaut de paiement
L'agence de notation Fitch a de nouveau abaissé la note qu'elle accorde à la dette de la Russie, une décision signifiant que le risque d'un défaut souverain est à ses yeux "imminent". En outre, la vente des devises étrangères sera suspendue en Russie jusqu'au 9 septembre, a annoncé mercredi dans un communiqué la Banque centrale du pays, frappé par des sanctions occidentales sans précédent en raison de l'intervention militaire russe en Ukraine.
Les Etats-Unis rejettent l'offre de Mig-29 polonais
Les Etats-Unis, tout en poursuivant leurs discussions avec la Pologne, ont estimé que la proposition de Varsovie de livrer à l'armée américaine ses avions MIG-29 pour ensuite les remettre à l'Ukraine n'est pas "viable", a déclaré mardi le porte-parole du Pentagone. La Pologne s'est dite mardi prête à "déplacer sans délai et gratuitement tous ses avions MIG-29 sur la base de Ramstein (en Allemagne, ndlr) et de les mettre à la disposition du gouvernement des Etats-Unis".
Londres poursuit la livraison de missiles antichars
Le gouvernement britannique a indiqué mercredi qu'il comptait poursuivre ses livraisons de missiles antichars à l'Ukraine après l'invasion russe, dans le cadre du soutien défensif apporté au pays. "En réponse à la poursuite de l'agression de la Russie, nous avons accru notre fourniture" d'armes antichars, a déclaré le ministre de la Défense, Ben Wallace, devant les députés.
Quelque 3.615 NLAW ont été livrés "à ce jour" et le Royaume-Uni en livrera "plus", a-t-il détaillé, ajoutant qu'un "petit envoi" de missiles antichars Javelin était également prévu.
Craintes de Washington
Les Etats-Unis ont dit mardi redouter que les forces russes puissent "prendre le contrôle" des structures de "recherche biologique" en Ukraine et s'emparer de matériaux sensibles.
"L'Ukraine dispose d'installation de recherche biologique, et nous sommes de fait à présent assez inquiets par la possibilité que les forces russes tentent d'en prendre le contrôle", a déclaré la numéro trois de la diplomatie américaine, Victoria Nuland, lors d'une audition parlementaire.
Nord Stream 2 "mort", selon Washington
Le gazoduc controversé Nord Stream 2 entre la Russie et l'Allemagne, visé par des mesures de rétorsion prises par Berlin et Washington après l'invasion russe de l'Ukraine, est "mort" et ne pourra pas être "ressuscité", a déclaré mardi une responsable américaine.
Enquêtes sur les possibles crimes russes
La justice allemande a lancé une enquête sur de possibles crimes de guerre commis par les forces russes en Ukraine. Peu après, la justice espagnole a annoncé l'ouverture d'une enquête sur des "violations graves du droit international humanitaire" découlant de l'"acte de guerre injustifié" de la Russie en Ukraine.
Soutien sur Airbnb
Des dizaines de milliers d'utilisateurs du site de locations touristiques Airbnb ont réservé des hébergements en Ukraine depuis le début de l'invasion russe, non pour s'y rendre mais pour venir en aide à la population locale. Les 2 et 3 mars, 61.000 nuits ont été réservées dans le pays, ce qui représente un total de près de 2 millions de dollars, a indiqué mardi un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.
Le fils d'une députée britannique au combat
Le fils d'une députée britannique a affirmé se trouver parmi un groupe d'anciens soldats britanniques qui partent combattre contre les forces russes en Ukraine. Âgé de 30 ans, Ben Grant est le fils aîné de la députée conservatrice Helen Grant, chargée d'une mission par le Premier ministre Boris Johnson sur l'éducation des filles et ancienne secrétaire d'Etat.
"On ne m'a pas envoyé, rien à voir avec le gouvernement, rien à voir avec ma mère", a-t-il déclaré au quotidien britannique The Guardian, qui l'a rencontré ce week-end à la gare de Lviv (ouest de l'Ukraine), attendant un train pour la capitale Kiev. "J'ai décidé de faire ça", "je ne l'ai même pas dit à ma mère", a ajouté le jeune homme, qui a passé plus de cinq ans dans les commandos des Royal Marines. Il fait partie d'un groupe de sept anciens militaires.
Ce père de trois enfants a expliqué avoir pris sa décision après avoir vu des images d'un bombardement russe sur une maison d'où résonnaient des cris d'enfant. Selon lui, ils seront cent autres à rejoindre l'Ukraine.