L'Ukraine et ses alliés occidentaux attendaient mercredi avec scepticisme la "réduction de l'activité militaire" autour de Kiev et d'une autre grande ville annoncée par Moscou à l'issue de pourparlers de paix, dans lesquels le président ukrainien Volodymyr Zelensky a vu des signes "positifs". Toutefois, le Kremlin a déclaré mercredi que ces pourparlers à Istanbul mardi n'ont donné lieu à rien de "très prometteur" ni à aucune "percée".
Les principales informations :
- au moins 200 morts à Irpin depuis le début du conflit
- pas de percée dans les négociations selon la Russie
- Tcherniguiv bombardée, malgré les promesses russes
- un bâtiment de la Croix-Rouge bombardé à Marioupol
- quatre millions de réfugiés
Au moins 200 morts à Irpin, dans la banlieue de Kiev, depuis le début du conflit
Au moins 200 habitants d'Irpin, une ville de la banlieue nord-ouest de Kiev théâtre de féroces combats, ont été tués depuis le début de l'invasion russe, a annoncé mercredi son maire Oleksandre Markouchine. "Au plus fort des hostilités, quand il y avait des bombardements toute la journée, les gens ont simplement été enterrés dans les jardins ou encore dans les parcs. Je pense qu'environ 200 ou 300 personnes sont mortes malheureusement", a annoncé le maire de la ville au cours d'une conférence de presse.
Les Ukrainiens ont affirmé lundi avoir repris le contrôle de cette localité, aux mains des Russes depuis fin février. "La moitié de la ville est détruite", a déploré Oleksandre Markouchine, précisant que "de nombreuses personnes se trouvent encore sous les décombres, c'est sûr. (…) Nous cherchons encore dans les sous-sols".
Irpin est "entièrement sous le contrôle des forces ukrainiennes", mais la situation y "reste dangereuse", a poursuivi le maire, car elle est "la cible de bombardements qui proviennent des villes alentours dont Boutcha". Il a enfin appelé les habitants d'Irpin qui ont fui ces derniers jours "à ne pas revenir dans la ville" pour le moment.
Rien de prometteur ni de percée, estime la Russie
Des pourparlers entre des délégations russe et ukrainienne à Istanbul mardi n'ont donné lieu à rien de "très prometteur" ni à aucune "percée", a déclaré mercredi le Kremlin, douchant les espoirs de progrès décisifs dans les négociations. "Pour l'instant, nous ne pouvons pas faire état de quoi que ce soit de très prometteur ou d'une percée quelconque. Il y a beaucoup de travail à accomplir", a déclaré à la presse le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov.
Il a néanmoins qualifié de "positif" le fait que la partie ukrainienne ait "enfin commencé à formuler de façon concrète ses propositions et à les mettre par écrit". "Nous évitons soigneusement de faire des déclarations publiques sur le fond" des sujets faisant l'objet des pourparlers, car "nous croyons que les négociations doivent se dérouler" discrètement, a-t-il ajouté.
Marioupol : un bâtiment de la Croix-Rouge bombardé
Un bâtiment du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a été la cible de bombardements russes à Marioupol, port stratégique assiégé du Sud-Est de l'Ukraine, a affirmé mercredi une responsable ukrainienne. "Les occupants ont bombardé délibérément un bâtiment du CICR à Marioupol", a écrit sur Telegram Lioudmyla Denissova, chargée des droits humains auprès du Parlement ukrainien.
"Les avions et l'artillerie ennemis ont bombardé le bâtiment, marqué d'une croix rouge sur fond blanc, ce qui équivaut à la présence de blessés, de matériel civil ou humanitaire", a-t-elle poursuivi, en ajoutant une image aérienne d'un bâtiment marqué d'une croix rouge sur le toit. "Pour l'instant, nous n'avons pas d'informations concernant les victimes", a-t-elle indiqué, sans préciser combien de personnes auraient pu se trouver dans le bâtiment au moment des tirs. Ces informations sont invérifiables de source indépendante, Marioupol étant assiégée par l'armée russe depuis fin février avec des communications défaillantes.
Quatre millions de réfugiés
Le nombre de réfugiés ukrainiens qui ont fui leur pays depuis l'invasion par l'armée russe le 24 février a franchi mercredi la barre des 4 millions de personnes, selon les chiffres du Haut commissariat aux réfugiés. Au total, 4.019.287 ukraniens -essentiellement des femmes et des enfants- ont quitté le pays pour fuir la guerre déclenchée par la Russie, selon le chiffre actualisé du site dédié du HCR. La Pologne accueille à elle seule plus de 2,3 millions de ces personnes.
La ville de Tcherniguiv bombardée, malgré les promesses
La ville de Tcherniguiv, dans le Nord de l'Ukraine, a été bombardée "toute la nuit", a annoncé mercredi le gouverneur de la région, malgré l'annonce faite la veille par Moscou d'une réduction de son activité militaire dans cette zone. "Tcherniguiv a été bombardée toute la nuit" avec de l'artillerie et des avions, a annoncé sur Telegram le gouverneur Viatcheslav Tchaous, précisant que des infrastructures civiles avaient été détruites et que la ville se trouvait toujours sans eau ni électricité.
Mardi, la Russie avait annoncé la "réduction de l'activité militaire" autour de Kiev et Tcherniguiv à l'issue de pourparlers de paix, une annonce accueillie avec scepticisme par l'Ukraine et ses alliés occidentaux, même si le président Volodymyr Zelensky avait fait état de signes "positifs" dans les négociations.
Une maternité de Marioupol évacuée de force vers la Russie
La mairie de Marioupol a dénoncé mercredi l'évacuation forcée vers la Russie d'une maternité de cette ville assiégée dans le Sud-Est de l'Ukraine où une autre maternité avait été bombardée par les Russes le 9 mars.
Vers une rencontre Zelensky-Poutine ?
Les conditions pour une première rencontre entre le président ukrainien et son homologue russe depuis le début de l'invasion russe sont désormais possibles, ont indiqué Kiev et Moscou après plusieurs heures de pourparlers russo-ukrainiens mardi à Istanbul. "Les négociations sur un accord sur la neutralité et le statut non nucléaire de l'Ukraine entrant dans une dimension pratique (...), il a été décidé, pour accroître la confiance, de réduire radicalement l'activité militaire en direction de Kiev et Tcherniguiv", a déclaré le vice-ministre russe de la Défense.
"Nous pouvons dire que les signaux que nous entendons dans les négociations sont positifs, mais ils ne font pas oublier les explosions ou les obus russes", a affirmé mardi Volodymyr Zelensky dans un message-vidéo. L'Ukraine acceptera d'être neutre si elle obtient un "accord international" pour garantir sa sécurité, dont seraient signataires plusieurs pays agissant en tant que garants, a détaillé le négociateur en chef ukrainien à Istanbul, David Arakhamia.
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Les Occidentaux circonspects
Les dirigeants américain, français, britannique, allemand et italien se sont montrés circonspects après l'annonce de ces avancées dans les discussions russo-ukrainiennes. "On verra s'ils tiennent parole", a dit mardi le président américain Joe Biden à des journalistes, peu après s'être entretenu avec les dirigeants français, britannique, allemand et italien. "Il semble y avoir un consensus sur le fait qu'il faut voir ce qu'ils ont à offrir", a-t-il ajouté.
A Londres, un porte-parole du Premier ministre Boris Johnson n'a pas dit autre chose. Londres jugera "Poutine et son régime sur ses actes, pas ses paroles", a-t-il affirmé. Le Royaume-Uni organisera jeudi une conférence de donateurs pour mobiliser davantage d'armes létales pour l'Ukraine. Les Bourses européennes ont elles renoué avec l'optimisme en terminant en forte hausse.
Poutine demande aux nationalistes ukrainiens de "déposer les armes"
Vladimir Poutine a exigé mardi que les "nationalistes" ukrainiens à Marioupol "déposent les armes" afin qu'on puisse "trouver une solution à la situation humanitaire" dans ce port stratégique, selon un communiqué du Kremlin publié après un échange avec Emmanuel Macron.
Ce dernier a de son côté estimé que les conditions pour lancer dans les prochains jours une opération humanitaire au secours des habitants de cette ville assiégée n'étaient "pas réunies à ce stade". Volodymyr Zelensky a qualifié les attaques russes contre Marioupol de "crime contre l'humanité, qui se déroule en direct sous les yeux de la planète". En visioconférence devant le Parlement danois, il a accusé Moscou d'y bombarder volontairement les abris des civils.
À Mykolaiv, le bilan monte à 12 morts
Douze personnes ont été tuées et au moins 33 autres blessées mardi dans une frappe russe ayant partiellement détruit le bâtiment de l'administration régionale de Mykolaïv, dans le sud de l'Ukraine, selon un nouveau bilan donné par les secours ukrainiens. Les forces russes ont par ailleurs bombardé l'aérodrome militaire de Starokostiantyniv (ouest), détruisant tous les stocks de carburant de cette ville, a annoncé son maire.
Les Américains risquent-ils d'être arrêtés arbitrairement en Russie ?
Les citoyens américains en Russie risquent d'être arbitrairement arrêtés par les autorités, a averti mardi le département d'Etat des Etats-Unis, qui a renouvelé son appel à ne pas se rendre dans le pays ou à le quitter immédiatement.
La Russie accusée de provoquer une crise alimentaire mondiale
Devant le Conseil de sécurité de l'ONU, la Russie a été accusée mardi d'avoir provoqué une "crise alimentaire mondiale" voire de faire courir un risque de "famine" en ayant déclenché une guerre contre l'Ukraine, le "grenier à blé de l'Europe". Le président russe "Vladimir Poutine a commencé cette guerre. Il a créé cette crise alimentaire mondiale. Et il est celui qui peut l'arrêter", a martelé la numéro deux de la diplomatie américaine Wendy Sherman lors d'une réunion du Conseil de sécurité consacrée à la situation humanitaire en Ukraine.
Sur Europe 1, l'économiste Bruno Parmentier alertait contre le risque d'une crise alimentaire mondiale provoquée par le conflit en Ukraine.
Près de quatre millions de réfugiés
Le nombre de réfugiés ayant fui l'Ukraine depuis l'invasion ordonnée par Vladimir Poutine se rapproche de la barre symbolique des 4 millions qui pourrait être franchie dans les tout prochains jours, selon l'ONU, estimant à presque 6,5 millions le nombre de déplacés à l'intérieur du pays.
Avec 3.901.713 réfugiés ukrainiens, principalement des femmes et des enfants, l'Europe n'a pas connu de tels flots de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale.