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avec AFP , modifié à
Vladimir Poutine a accepté vendredi que l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) envoie une mission à la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, la plus grande d'Europe, disant craindre que les bombardements ne finissent par provoquer une "catastrophe de grande envergure". Europe 1 fait le point sur la situation.
L'ESSENTIEL

Au 177e jour de l'invasion russe de l'Ukraine, le secrétaire général de l'ONU a demandé vendredi à la Russie de ne pas couper du réseau ukrainien la centrale nucléaire de Zaporijjia, qu'elle contrôle et que Kiev et Moscou s'accusent mutuellement de menacer avec leurs bombardements. Dans un entretien téléphonique, Vladimir Poutine et Emmanuel Macron se sont dits favorables à une inspection de la centrale.

Dans l'est, les combats se poursuivent notamment dans le Donbass, objectif stratégique prioritaire de Moscou que ses forces continuent de pilonner et où cinq morts ont été recensés ces dernières 24 heures dans la seule province de Donetsk, selon les autorités ukrainiennes.

Les principales informations :

  • Poutine et Macron se sont entretenus par téléphone
  • Guterres demande à la Russie de ne pas couper la centrale de Zaporijjia du réseau électrique ukrainien
  • Erdogan craint "un nouveau Tchernobyl"
  • Les exportations de céréales se poursuivent
  • Cinq morts et dix blessés dans l'est

Nouvel entretien téléphonique entre Poutine et Macron 

"Le bombardement systématique (...) du territoire de la centrale nucléaire de Zaporijjia crée un danger de catastrophe de grande envergure qui pourrait conduire à la contamination radioactive de vastes territoires", a de son côté mis en garde vendredi le président russe à l'occasion d'une conversation téléphonique avec son homologue français.

Vladimir Poutine et Emmanuel Macron ont dans ce contexte "relevé l'importance d'envoyer dans les plus brefs délais une mission de l'Agence internationale de l'énergie atomique à la centrale nucléaire, qui pourra évaluer la situation sur place", a informé le Kremlin, soulignant que "la partie russe a confirmé être prête à fournir toute l'assistance nécessaire aux inspecteurs" de l'AIEA.

Le chef de l'Etat russe a en outre accepté que cette équipe internationale "passe par l'Ukraine" et non par la Russie, ce qu'il exigeait auparavant, a précisé la présidence française. Un diplomate a néanmoins déclaré le même jour à l'AFP que les Occidentaux s'inquiétaient surtout du maintien du refroidissement par eau des réacteurs nucléaires, plus que de l'impact d'un tir sur cette centrale "construite pour résister" aux pires impacts, "même au crash d'un avion de ligne".

La veille à Lviv, où il a rencontré les présidents ukrainien Volodymyr Zelensky et turc Recep Tayyip Erdogan, le secrétaire général des Nations unies avait estimé que "tout dégât potentiel à Zaporijjia serait un suicide" et exhorté à "démilitariser la centrale". Vendredi, c'est le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, qui a appelé sur Twitter les Russes à "se retirer" de ce site et à "immédiatement en rendre le contrôle total à son propriétaire légitime, l'Ukraine".

Le Pentagone annonce une aide de 775 millions de dollars à l'Ukraine

Le Pentagone a annoncé vendredi une nouvelle tranche d'aide militaire à l'Ukraine, pour un montant de 775 millions de dollars, qui comprend notamment des missiles supplémentaires pour les systèmes américains d'artillerie de précision Himars. Cette nouvelle tranche d'aide prévoit aussi l'envoi de systèmes de canons mobiles et des obus supplémentaires compatibles avec des armements fournis par le Royaume Uni, a indiqué à la presse une haute responsable du ministère américain de la Défense.

Nord Stream : livraisons de gaz suspendues du 31 août au 2 septembre

Les livraisons de gaz russe à l'Europe par le gazoduc Nord Stream 1 seront interrompues pendant trois jours, du 31 août au 2 septembre, pour des raisons de "maintenance", a annoncé vendredi le géant gazier russe Gazprom. "Il est nécessaire de procéder à une maintenance toutes les 1.000 heures" de fonctionnement, a justifié Gazprom dans un communiqué. Cette décision risque de raviver les craintes de pénurie en Europe, où Moscou est accusé de chantage énergétique.

Guterres demande aux Russes de ne pas couper la centrale de Zaporijjia du réseau électrique

Antonio Guterres a poursuivi vendredi à Odessa, le grand port du sud ukrainien, sa visite dans le pays qui l'avait d'abord mené la veille à Lviv (ouest). Il y a demandé à la Russie de ne pas couper du réseau électrique ukrainien la centrale nucléaire de Zaporijjia, contrôlée par les troupes russes depuis début mars et dont la sécurité inquiète car elle est proche du front de la guerre.

"Bien évidemment, l'électricité de Zaporijjia est une électricité ukrainienne (...) ce principe doit être pleinement respecté", a déclaré M. Guterres lors d'une conférence de presse en marge d'une visite au port d'Odessa.

Kiev et Moscou s'accusent de bombardements sur la centrale

Plus tôt vendredi, l'opérateur des centrales ukrainiennes Energoatom avait dit craindre que la Russie ne coupe la centrale du réseau électrique ukrainien. Selon Energoatom, les militaires russes sont en train de chercher des approvisionnements pour des générateurs au diesel qui seraient activés après l'arrêt des réacteurs et ont limité l'accès du personnel au site.

Moscou et Kiev se sont accusés mutuellement ces dernières semaines de bombardements qui ont ciblé cette centrale nucléaire située dans le sud de l'Ukraine, faisant resurgir le spectre d'une catastrophe majeure en Europe, 36 ans après celle de Tchernobyl, également en Ukraine. Un diplomate occidental a indiqué vendredi à l'AFP que les Occidentaux s'inquiétaient surtout du maintien du refroidissement par eau des réacteurs nucléaires, plus que de l'impact d'un tir sur cette centrale "construite pour résister" aux pires impacts, "même au crash d'un avion de ligne".

Erdogan craint "un nouveau Tchernobyl"

Jeudi à Lviv, où il a rencontré les présidents ukrainien Volodymyr Zelensky et turc Recep Tayyip Erdogan, avait dit craindre un "nouveau Tchernobyl", estimant que "tout dégât potentiel à Zaporijjia serait un suicide". "Gravement préoccupé", il avait appelé à démilitariser la centrale pour éviter qu'elle ne soit utilisée "pour quelque opération militaire que ce soit".

Jeudi, l'armée russe avait fermement démenti avoir déployé des "armes lourdes" dans et autour de la centrale, comme Kiev l'en a accusé. L'administration d'occupation prorusse de la région de Zaporijjia avait elle accusé les forces ukrainiennes d'avoir bombardé la ville d'Energodar, proche de la centrale. La visite d'Antonio Guterres a été marquée par un autre sujet qui inquiète au niveau mondial: les exportations de céréales ukrainiennes.

Plus de 600.000 tonnes de produits agricoles ukrainiens transportées

Bloquées après l'invasion russe du 24 février dernier, ce qui a fait planer le spectre d'une crise alimentaire mondiale, elles ont repris après la conclusion en juillet d'un accord entre Moscou et Kiev, avec la médiation de Recep Tayyip Erdogan. Lors d'une conférence de presse conjointe avec Volodymyr Zelensky et Recep Tayyip Erdogan, Antonio Guterres a promis jeudi que son organisation allait s'efforcer "d'intensifier" les exportations de céréales ukrainiennes avant l'arrivée de l'hiver.

Elles sont notamment cruciales pour l'approvisionnement alimentaire de nombreux pays d'Afrique, l'Ukraine étant un des principaux producteurs et exportateurs mondiaux de céréales. Fruit de l'accord de juillet, 25 navires transportant "plus de 600.000 tonnes de produits agricoles ukrainiens" ont transité depuis cette semaine par le "corridor céréalier" depuis les ports d'Odessa, Pivdenny et Tchornomorsk, selon Kiev.

Antonio Guterres s'est félicité d'un "début de stabilisation" sur les marchés agricoles depuis l'accord. Mais "il y a encore un long chemin avant que cela ne se traduise dans la vie quotidienne des gens, dans leur boulangerie et sur les marchés", a-t-il nuancé, pointant du doigt les "chaînes d'approvisionnement perturbées" et les "coûts de l'énergie et du transport inacceptables". Après Odessa, Antonio Guterres prévoit d'aller en Turquie pour visiter le Centre de coordination conjointe (CCC) qui supervise l'application de l'accord de juillet.

Cinq morts et dix blessés dans l'est

Dans l'est, des bombardements russes ont fait au moins cinq morts et dix blessés dans plusieurs localités de la région de Donetsk, l'une des deux provinces du Donbass, a annoncé son gouverneur, Pavlo Kyrylenko, sur les réseau sociaux. L'artillerie russe a avancé lentement ces dernières semaines dans le Donbass, une région qui était déjà avant le conflit actuel, depuis 2014, en partie aux mains de séparatistes prorusses, et que Moscou, qui en a fait sa priorité stratégique, entend conquérir totalement.

Des bombardements ont par ailleurs frappé tôt vendredi Kharkiv (nord-est), la deuxième ville d'Ukraine, et fait au moins un mort selon les autorités locales. Au moins 12 autres personnes avaient trouvé la mort de la même manière dans la région ces deux derniers jours, selon elles.