C'est une annonce qui avait résonné dans toute l'Europe. Alors que Kiev continue de perdre du terrain face à la Russie, Emmanuel Macron a récemment appelé les alliés de l'Ukraine à un "sursaut" pour assurer la "défaite" de Moscou, tout en refusant d'exclure, pour la première fois depuis le début de la guerre, l'option d'un envoi de troupes occidentales. Interrogé à ce sujet ce dimanche matin, Hubert Védrine, ministre des Affaires étrangères sous le gouvernement Jospin, estime que cette annonce avait un objectif : servir d'électrochoc. "L'idée générale, c'est que l'on ne peut pas attendre, passivement, l'effondrement de l'Ukraine. C'est ça l'urgence."
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Le rôle majeur des États-Unis
Pour l'ancien porte-parole du Président Mitterrand, il est crucial que les puissances occidentales commencent à imaginer différents scénarios. "Quelles que soient les raisons, les motivations et les circonstances, la question posée ne peut pas être balayée. Que fait-on si l'Ukraine est sur le point de craquer ?", s'interroge-t-il sur le plateau du Grand Rendez-vous Europe 1/ CNews/ Les Echos. "Cette question va cheminer et je voudrais qu'elle ne chemine pas uniquement dans la tête des Européens, mais que ça nous renvoie à Washington".
En effet, les États-Unis doivent tenir leur "rôle de leader de l'alliance", avance Hubert Védrine en estimant que les pays européens, même mieux organisés et mieux alignés, ne suffiront pas à assurer la survie de l'armée ukrainienne. "Il n'y a pas de raison de faire les masochistes européens, (...) ni de dispenser les Américains."
Même si la politique étrangère américaine risque aussi de changer avec les futures élections et le retour possible de Donald Trump à la Maison-Blanche ainsi que le blocage du Congrès vis-à-vis de Joe Biden, il est impératif d'additionner "la démonstration de la volonté européenne, mieux préparée que la fois d'avant, et de la détermination américaine", pour faire réfléchir le pouvoir russe. "Poutine, il attend la réaction américaine. Si on arrive à réengager les Américains et que c'est l'ensemble de l'alliance qui dit oui, on va empêcher Poutine de gagner en Ukraine", alors les aides militaires envers Kiev vont pouvoir reprendre plus concrètement.