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Yanis Darras , modifié à
La journaliste et reporter de guerre Anne Nivat était l'invitée d'Europe 1 matin week-end. Au micro de Lénaïg Monier, elle est revenue sur sa couverture de l'élection présidentielle russe et du sentiment de lassitude qui contamine la population face à la guerre en Ukraine, qui dure désormais depuis deux ans. 

Les Russes sont appelés aux urnes. En pleine guerre en Ukraine, les bureaux de vote ont ouvert leurs portes vendredi, y compris dans les zones d'Ukraine actuellement sous le contrôle russe. Si le scrutin devrait être sans surprise - Vladimir Poutine étant quasi-assuré de gagner ce nouveau scrutin, plusieurs incidents ont eu lieu dans le pays dans les bureaux de vote. Difficile cependant d'y voir des protestations contre le pouvoir ou la guerre en Ukraine, les motifs restant flous pour le moment. 

Partie en Russie pour couvrir l'élection présidentielle, la reporter Anne Nivat et auteure de "La haine et le déni", avoue au micro d'Europe 1, la difficulté d'exercer son métier dans le pays. "C'est très compliqué. Je n'ai jamais vu ça en 30 ans que je demande des visas pour la Russie", assure-t-elle, soulignant n'avoir par exemple qu'un visa de huit jours, comme tout visiteur ou journaliste venant d'un pays jugé hostile à la Russie. "C'est-à-dire, ceux qui livrent des armes à l'Ukraine", précise la journaliste. 

La victoire de la Russie espérée

Une durée très courte et des papiers qui ne suffisent pas toujours pour pouvoir entrer sur le territoire russe. "Quand on arrive à l'aéroport, même avec le visa, on nous retient pendant 2 heures, 2 heures et demie pour nous poser des questions". Depuis deux ans, la guerre en Ukraine a refaçonné la société russe. Mais à Moscou, comme dans le reste du pays, la lassitude gagne la population. "Il y a une grande lassitude de la part des Russes vis-à-vis de cette guerre. Et, même ceux qui sont en faveur de la guerre et donc en faveur de Vladimir Poutine, ont envie que la guerre s'arrête", souligne-t-elle.

 

"Mais en fait, ils veulent qu'elle s'arrête avec la victoire de la Russie. Et c'est bien pour cela que Vladimir Poutine compte sur eux puisqu'ils souhaitent cette victoire", ajoute la journaliste. "La victoire pour les Russes serait d'arrêter d'envoyer des soldats sur le front où ils y meurent. En clair, c'est la capitulation de l'Ukraine et la conservation des territoires pris par le combat, c'est-à-dire, 17% de l'Ukraine", conclut Anne Nivat. 

L'auteure de "La haine et le déni", parcourt encore pour quelques jours la fédération de Russie, pour suivre au plus près l'élection présidentielle. Une "élection qui ne sert à rien, tout le monde le dit en Russie, totalement inutile, mais qui reste un moyen de légitimer le pouvoir en place, celui de Vladimir Poutine".