Il soutiendra l'Ukraine "aussi longtemps qu'il le faudra" : Joe Biden se rend mardi et mercredi en Pologne avec un "message" ferme pour Vladimir Poutine, un an après le début de la guerre et à un moment décisif dans le conflit. Est-ce une coïncidence? Mardi, le jour où le président américain prendra la parole lors d'un discours solennel au palais de Varsovie, le président russe a lui aussi prévu de s'exprimer.
Depuis ce lieu emblématique de l'histoire polonaise et trois jours avant le premier anniversaire de l'invasion de l'Ukraine, Joe Biden voudra "envoyer un message à (Vladimir) Poutine autant qu'au peuple russe", a dit vendredi un porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby. "Nous pouvons dire avec fierté que notre soutien à l'Ukraine reste sans faille et que (...) la coalition internationale qui soutient l'Ukraine est plus forte que jamais", a-t-il assuré, répétant que les Etats-Unis soutiendraient Kiev "aussi longtemps qu'il le faudrait".
Comme en écho, le président français Emmanuel Macron - avec qui Joe Biden doit parler la semaine prochaine - a appelé vendredi à "intensifier" le soutien à l'Ukraine, tandis que le chancelier allemand Olaf Scholz - qui sera reçu à la Maison Blanche le 3 mars - a plaidé pour des livraisons plus rapides de chars, lui qui a longtemps été accusé de traîner les pieds pour soutenir l'armée ukrainienne.
100 milliards de dollars
A son arrivée mardi à Varsovie, Joe Biden rencontrera le président polonais Andrzej Duda, chef d'Etat d'un pays qui joue un rôle-clé dans le dispositif de soutien militaire que pilotent les Etats-Unis. Le président américain verra également, mercredi, le groupe dit "Neuf de Bucarest", un ensemble de pays d'Europe de l'Est et de pays baltes membres de l'OTAN (Bulgarie, République tchèque, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Roumanie, Slovaquie).
Pour ce chef d'Etat sans doute entouré du plus strict dispositif de sécurité au monde, il n'est en revanche pas prévu d'incursion en Ukraine, ni de rencontre avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, a assuré la Maison Blanche. Les Etats-Unis sont de loin les premiers soutiens de l'Ukraine : l'aide militaire, économique et humanitaire qu'ils ont fournie ou votée depuis le début du conflit dépasse les 100 milliards de dollars.
Derrière ces chiffres vertigineux, les Américains ont fait évoluer leur assistance militaire vers des équipements plus lourds et sophistiqués : d'abord des missiles anti-char, puis des batteries d'artillerie de précision et désormais des blindés légers, avant des chars lourds plus tard. Washington sait que le conflit se trouve dans un moment "décisif", a dit le porte-parole de la Maison Blanche, avec la fin de l'hiver qui approche.
>> À LIRE AUSSI - Les États-Unis œuvrent à l'envoi d'avions de chasse polonais à l'Ukraine dans le cadre d'un accord
"Vitesse"
"Nous avons besoin de vitesse. Vitesse pour conclure nos accords, vitesse des livraisons pour renforcer notre combat, vitesse des décisions pour limiter le potentiel russe", a exhorté vendredi Volodymyr Zelensky, qui redoute une offensive russe de grande ampleur dès que la météo sera plus clémente. "Difficile de lui en vouloir", a lancé John Kirby. "Nous savons nous aussi que l'heure tourne." Joe Biden doit également désamorcer les craintes sur l'avenir du soutien américain.
Le président, qui envisage de se représenter en 2024, a perdu en novembre le contrôle de l'une des deux Chambres du Congrès, au profit de l'opposition républicaine dont certains membres menacent de remettre en cause l'aide à l'Ukraine. Sans jusqu'ici vraiment ébranler le consensus politique. "Nous sommes engagés à aider l'Ukraine. Pas pour de vagues raisons morales (...) mais plutôt parce que les intérêts fondamentaux de l'Amérique sont en jeu", a dit le chef de file des sénateurs républicains Mitch McConnell vendredi, à la conférence de Munich sur la sécurité.
"Les (élus) excentriques s'attirent l'attention médiatique, mais je pense que la grande majorité, y compris des républicains à la Chambre, veulent continuer de soutenir l'Ukraine", a pour sa part dit l'influent sénateur démocrate Sheldon Whitehouse dans un entretien avec l'AFP.