Guerre en Ukraine : le Premier ministre britannique Boris Johnson à nouveau en visite à Kiev

Boris Johnson en visite en Ukraine.
Les Vingt-Sept doivent décider, lors d'un sommet les 23 et 24 juin, s'ils accordent le statut officiel de candidat à l'Ukraine. © STR / UKRAINIAN PRESIDENTIAL PRESS SERVICE / AFP
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avec AFP , modifié à
Au 114e jour de la guerre en Ukraine, les dirigeants français, allemand et italien, actuellement en Ukraine, se sont dits prêts à accorder "immédiatement" au pays le statut de candidat à l'adhésion à l'Union européenne. Le Premier ministre britannique est également en visite dans la capitale ukrainienne. Sur un autre point, la France ne reçoit plus de gaz russe par gazoduc.
L'ESSENTIEL

Le Premier ministre britannique Boris Johnson est ce vendredi à nouveau en visite à Kiev, une visite surprise qui intervient au lendemain de celle de quatre dirigeants de l'Union européenne. "Je suis ravi de voir à nouveau à Kiev un grand ami de notre pays, Boris Johnson", a écrit sur Telegram le président ukrainien Volodymyr Zelensky. "C'est bien d'être à nouveau à Kiev", a indiqué de son côté Boris Johnson sur son compte Twitter.

Les informations à retenir :

  • Le Premier ministre britannique Boris Johnson en visite à Kiev
  • La situation est "extrêmement alarmante" dans le Donbass
  • L'Ukraine est suspendue au verdict de sa candidature à l'Union européenne
  • Les Vingt-Sept doivent décider, lors d'un sommet les 23 et 24 juin, s'ils accordent à l'Ukraine ce statut officiel de candidat
  • Les combats se concentrent depuis plusieurs semaines sur Severodonetsk et Lyssytchansk

L'Ukraine dénonce la décision de lui retirer le prochain Eurovision

L'Ukraine, qui a remporté cette année le concours de l'Eurovision, a dénoncé vendredi la décision de lui retirer l'accueil de la prochaine édition pour des raisons de sécurité après l'invasion russe de son territoire. "L'Ukraine n'est pas d'accord avec la nature de la décision prise par l'Union Européenne de Radio-Télévision", a déclaré dans un communiqué le ministre de la Culture Oleksandre Tkatchenko. "Nous réclamons des négociations supplémentaires sur l'accueil de l'Eurovision-2023 en Ukraine".

La France ne reçoit plus aucun gaz russe par gazoduc

Le gestionnaire du réseau français de transport de gaz GRTgaz a annoncé vendredi ne plus recevoir de gaz russe par gazoduc depuis le 15 juin, avec "l'interruption du flux physique entre la France et l'Allemagne". Le géant russe Gazprom a considérablement réduit ces derniers jours ses livraisons vers les pays européens, notamment vers l'Allemagne via le gazoduc Nord Stream 1, ce qui pourrait avoir causé l'interruption de l'approvisionnement vers la France. Mais le gestionnaire français a rassuré quant au remplissage des stocks français qui s'élève à 56% contre 50% habituellement à la même date.

La situation est "extrêmement alarmante" dans le Donbass

La situation humanitaire en Ukraine, après près de quatre mois d'invasion russe, est "extrêmement alarmante", a indiqué vendredi l'ONU, alors que les combats entre armées ukrainienne et russe continuent à faire rage dans l'est du pays.

Selon Ocha, l'agence humanitaire de l'ONU, la situation est "particulièrement préoccupante" à Severodonetsk et dans ses environs, dernière poche de résistance ukrainienne dans la région de Lougansk, quasiment entièrement sous contrôle russe. "L'accès à l'eau potable, à la nourriture, (... et à l'électricité" y est "réduit", souligne Ocha, résultat notamment "de combats qui continuent de s'intensifier", "faisant payer un lourd tribut à la population civile".

"Dans tout le pays, les zones résidentielles et les infrastructures civiles continuent d'être touchées, ce qui fait que davantage de civils sont tués et blessés", s'est alarmé l'agence onusienne. Malgré "d'énormes difficultés d'accès", l'ONU et ses partenaires humanitaires "ont atteint plus de 8,8 millions de personnes à travers l'Ukraine depuis le début de la guerre", s'est toutefois félicitée l'organisation.

Selon l'ONU, 4.452 civils ont été tués et 5 531 blessés depuis le début de l'invasion russe le 24 février, selon le dernier bilan fourni le 15 juin. L'ONU souligne régulièrement que "le chiffre est probablement beaucoup plus élevé".

L'Ukraine suspendue au verdict de sa candidature à l'Union européenne

L'Ukraine était suspendue vendredi au verdict de la Commission européenne, qui doit rendre son avis sur le statut de candidat à l'UE du pays en guerre, une façon pour Kiev de se protéger en intégrant la "famille européenne". "L'Ukraine fait partie de la famille européenne", a voulu rassurer le chancelier allemand Olaf Scholz lors d'une visite en Ukraine jeudi, avec ses homologues italien et français, poids lourds de l'UE. 

Les dirigeants français, allemand et italien ainsi que leur homologue roumain se sont dits jeudi prêts à accorder "immédiatement" à l'Ukraine le statut de candidat à l'adhésion à l'Union européenne. "Tous les quatre, nous soutenons le statut de candidat immédiat à l'adhésion", a déclaré le président français Emmanuel Macron.

"Le statut de candidat à l'entrée dans l'Union européenne pour l'Ukraine peut renforcer la liberté en Europe et devenir l'une des décisions européennes clefs du premier tiers du XXIème siècle", a plaidé le président Volodymyr Zelensky jeudi soir.

La principale difficulté restera de réussir à faire l'unanimité au sein de l'UE

La Première Dame ukrainienne, Olena Zelenska, a elle aussi donné de la voix sur le sujet de l'adhésion, dans un message vidéo jeudi à la conférence WomenNow : "C'est ce que tous attendent maintenant dans les tranchées et les abris anti-aériens - être invités en Europe non plus comme des réfugiés mais comme des alliés".

"Ces gens ne se battent pas seulement pour leur propre bénéfice, mais aussi pour empêcher l'agresseur de venir en Europe", a-t-elle fait valoir.

Quelle que soit la sensibilité de la Commission à cette idée d'une Ukraine-rempart contre Moscou, la principale difficulté restera de réussir la semaine prochaine à faire l'unanimité au sein de l'UE - les pays d'Europe de l'Est, sensibles à la menace à leurs frontières étant plutôt pour, d'autres comme le Danemark ou les Pays-Bas réservés.

La décision interviendra le 23 ou 24 juin

Les Vingt-Sept doivent en effet décider, lors d'un sommet les 23 et 24 juin, s'ils accordent à l'Ukraine ce statut officiel de candidat, début de négociations qui pourront durer des années.

Mais, au-delà des bénéfices politiques et économiques à plus ou moins long terme (avec l'enclenchement d'une importante aide financière destinée à soutenir les réformes et la reconstruction), sur le court terme, celui de la guerre, une acceptation de sa candidature aurait un dimension éminemment symbolique pour Kiev, d'appartenance à la "famille européenne", une famille qui protège ses membres.

La recommandation de la Commission européenne, attendue vendredi dans la journée, sera donc un signal fort lancé à Kiev - et à Moscou.

Les dirigeants français et allemand se sont engagés à poursuivre leur soutien militaire à Kiev

Une candidature acceptée de l'Ukraine ouvrirait aussi la question de son appartenance à l'Europe de la défense, alors que les dirigeants français et allemand se sont engagés à poursuivre leur soutien militaire à Kiev. La France s'apprête à livrer à l'Ukraine six canons automoteurs, s'ajoutant aux 12 déjà livrés, s'ajoutant à la nouvelle tranche d'aide militaire américaine d'un milliard de dollars.

Mais "l'adhésion à l'Union européenne est soumise à des règles claires qui doivent être respectées par tous", a toutefois rappelé M. Scholz lors de sa visite, même si l'examen express de la candidature de Kiev, déposée en février, est d'une rapidité inédite, justifiée par la guerre.

Volodymyr Zelensky va sortir du territoire ukrainien pour la première fois depuis le début de l'invasion russe

Dans la foulée du sommet européen qui décidera du sort de sa demande d'adhésion à l'UE, M. Zelensky pourra continuer à plaider sa cause au prochain sommet du G7, qui se tiendra du 26 au 28 juin, en Bavière. Cela constituera sa première sortie hors du territoire ukrainien depuis le début de l'invasion russe fin février.

Les forces ukrainiennes restent en difficulté dans le Donbass, région de l'est du pays partiellement contrôlée par des séparatistes prorusses depuis 2014, que Moscou s'est fixé pour objectif de conquérir.

Les combats se concentrent depuis plusieurs semaines sur Severodonetsk et Lyssytchansk, deux villes clés pour le contrôle du Donbass, soumises à des bombardements constants. Environ 10.000 civils sont encore présents à Severodonetsk, selon les autorités ukrainiennes.

"Nous avons confiance dans la volonté de Dieu, dans l'aide de Dieu, dans l'aide de tous les saints et de la Vierge Marie", énumère sœur Anastasia, qui vit dans une communauté de religieuses orthodoxes près de la ville voisine de Sloviansk. Elle désigne un grand cratère laissé par un tir de missile au milieu du jardin. Au-delà des champs voisins, se trouvent les forces russes, qui échangent des tirs d'artillerie avec l'armée ukrainienne.

Le département d'Etat américain a annoncé jeudi qu'un troisième Américain était porté disparu en Ukraine, outre deux anciens militaires américains qui auraient été capturés par des troupes russes. Les Etats-Unis ont exhorté jeudi la Russie à considérer tout combattant volontaire américain capturé en Ukraine comme prisonnier de guerre et à lui garantir un traitement humain.

La Russie a "déjà perdu sur le plan stratégique" sa guerre en Ukraine et "ne prendra jamais le contrôle" du pays, a estimé de son côté le chef d'état-major des armées britannique, l'amiral Tony Radakin. "Le président Poutine a utilisé 25% de la puissance de son armée pour engranger des gains territoriaux minuscules", a estimé le militaire dans des propos rapportés par l'agence britannique PA vendredi.