Kherson 2:57
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avec AFP , modifié à
La région ukrainienne de Kherson, occupée par les Russes depuis début mars, va demander à être annexée par la Russie, a affirmé mercredi un de ses responsables prorusses, alors que les livraisons de gaz russe transitant par l'Ukraine semblaient pour la première fois affectées par les combats. Europe 1 fait le point sur l'évolution de la situation.
L'ESSENTIEL

L'invasion russe de l'Ukraine se poursuit, deux jours après le défilé militaire de Vladimir Poutine. Un responsable prorusse de la région ukrainienne de Kherson, au sud du pays, qui est occupée par les Russes depuis mars, a affirmé mercredi que la région allait demander à être annexée par la Russie. "Il y aura une demande (adressée au président russe) pour intégrer la région de Kherson en tant que sujet à part entière de la Fédération de Russie", a dit aux agences russes Kirill Stremooussov, chef adjoint de l'administration de la cité côtière de Kherson, seule ville ukrainienne d'importance dont les Russes aient revendiqué le contrôle total en deux mois et demi de guerre en Ukraine.

Les principales informations à retenir :

  • La région de Kherson, occupée par les Russes, va demander à être annexée par la Russie
  • Poutine envisagerait un prolongement de l'invasion jusqu'en Transnistrie, région séparatiste de Moldavie
  • Des livraisons de gaz russe à l'Europe en baisse
  • L'offensive se poursuit dans le Donbass
  • "Cent ans" de conséquences selon Scholz

Kherson prête à être annexée par la Russie

La région ukrainienne de Kherson, occupée par les Russes depuis début mars, va demander à être annexée par la Russie, a affirmé mercredi un de ses responsables prorusses. "Toute la base juridique (...) sera prête avant la fin de l'année", a ajouté Kirill Stremooussov, chef adjoint de l'administration de la cité côtière, affirmant que comme la communauté internationale n'avait pas reconnu le référendum de rattachement de la Crimée à la Russie de 2014, la région de Kherson n'organiserait pas de tel scrutin.

Vendredi, un haut responsable parlementaire russe, Andreï Tourtchak, avait assuré depuis Kherson que la Russie resterait "pour toujours" dans le sud de l'Ukraine. Kiev accuse depuis plusieurs semaines Moscou de vouloir organiser dans cette région un référendum sur l'indépendance, comme cela a été fait en 2014 dans les régions de Lougansk et de Donetsk lorsque les séparatistes prorusses en ont pris partiellement le contrôle. Moscou a reconnu leur indépendance juste avant d'envahir l'Ukraine le 24 février.

"Il n'y aura pas de République populaire de Kherson. Si quelqu'un veut une nouvelle annexion, des sanctions plus puissantes frapperont la Russie", déclarait le 22 avril le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

La Russie va-t-elle prolonger l'invasion jusqu'à la Transnistrie ?

Ces déclarations surviennent alors que la cheffe du renseignement américain Avril Haines a averti mardi que le président russe Vladimir Poutine se préparait "à un conflit prolongé" et voulait atteindre "des objectifs au-delà du Donbass", en comptant sur un affaiblissement progressif de la détermination occidentale à l'arrêter. Selon elle, la Russie a dans son viseur, au-delà du sud, la Transnistrie, région séparatiste de Moldavie dont la pointe sud n'est qu'à une soixantaine de kilomètres d'Odessa.

Selon le commandement ukrainien pour le sud, les troupes russes sont en train de frapper "sans merci" la région de Mykolaïv, ultime verrou avant la métropole d'Odessa. "Des maisons privées, des installations agricoles ont été endommagées et l'alimentation en électricité de l'une des localités a été interrompue", a-t-il affirmé dans la nuit de mardi à mercredi. Fin avril et début mai, des explosions ont secoué la Transnistrie, alimentant les craintes d'une extension du conflit. L'Union européenne avait annoncé le 4 mai qu'elle allait "considérablement accroître" son aide militaire à la Moldavie.

Baisse des livraisons gazières

Les livraisons de gaz russe à l'Europe via l'Ukraine étaient par ailleurs en baisse mercredi, pour la première fois depuis le début du conflit. L'opérateur ukrainien des gazoducs OGTSOU a accusé les forces russes d'"ingérence" dans ses installations de la région de Lougansk et d'empêcher de maintenir le flot habituel de gaz. Il a affirmé mercredi que le géant russe Gazprom avait coupé le robinet vers une des branches ukrainiennes du gazoduc, et demandé le transfert vers un autre point de passage.

Gazprom a affirmé qu'il était impossible de dérouter les livraisons, alors que les volumes transitant par un autre point de passage - situé à Soudja, dans la région frontalière russe de Koursk - ont déjà augmenté. Mais pas suffisamment pour compenser la baisse - de 18% mercredi, selon les Ukrainiens - des volumes transitant par les points de Lougansk. "Nous suivons de près la situation", a réagi mercredi le ministère allemand de l'Économie, dont le pays est l'un des principaux clients européens du gaz russe. "La sécurité énergétique de l'Allemagne est actuellement garantie", a-t-il cependant ajouté.

Jusqu'à présent, tant Moscou que Kiev maintenaient le flux de gaz, même si l'Union européenne s'efforce de se préparer à une rupture de ses approvisionnements depuis que Vladimir Poutine a ordonné le paiement des livraisons en roubles - une modification contractuelle qu'elle juge inacceptable.

"Cent ans" de conséquences

Le régiment Azov, qui assure la défense de l'aciérie, a publié les photos de soldats blessés qui se terrent toujours dans cet immense complexe sidérurgique, appelant à nouveau le monde à "agir" pour leur évacuation. L'Ukraine devra "lutter pendant cent ans" contre les conséquences de la guerre, a prédit mercredi le chancelier allemand Olaf Scholz. "Ceux qui vivent en Allemagne savent que des bombes tombées pendant la Seconde Guerre mondiale sont encore découvertes aujourd'hui et que les alertes à la bombe continuent", a-t-il ajouté lors d'un point presse à Berlin.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lui plaidé à nouveau mercredi pour une adhésion de son pays à l'UE, par visioconférence devant des étudiants de plusieurs établissements d'enseignement supérieur français après que le président français Emmanuel Macron eut averti lundi que cela prendrait "des décennies". "C'est comme une table où toute la famille est réunie, et où vous êtes invité, mais on ne vous a pas mis de chaise", a déclaré M. Zelensky. "Et je pense que c'est injuste. L'Ukraine est un pays qui respecte les pays de l'Union européenne, et qui souhaite bénéficier du même respect, ni plus ni moins."

Aucune chance d'un accord de paix selon Guterres

À Vienne, où il se trouvait pour une réunion de l'ONU, le secrétaire général des Nations unies a appelé à maintenir le contact avec la Russie de Vladimir Poutine pour sauver des vies en Ukraine et préparer la paix, même si aucun règlement pacifique du conflit ne se profile actuellement. "Il est clair qu'à l'heure actuelle, il n'existe aucune chance d'un accord de paix ou d'un cessez-le-feu immédiats", a déclaré Antonio Guterres.

Mais "cette guerre ne durera pas éternellement. Le moment viendra où les négociations de paix seront sur la table. Le moment viendra je l'espère, d'une solution au problème", a souligné le responsable de 73 ans, qui a proposé ses bons offices pour servir de médiateur. À Washington où il a rencontré le président Biden, le Premier ministre italien Mario Draghi a lui aussi appelé au dialogue, estimant que les Etats-Unis et la Russie devraient s'asseoir autour de la même "table pour la paix" pour trouver une issue à la guerre en Ukraine.

L'offensive se poursuit dans le Donbass

Ces perturbations gazières surviennent alors que la Russie poursuit son offensive dans le Donbass, gagnant lentement du terrain. Les villes jumelles de Severodonetsk et Lyssytchansk, assiégées, semblent notamment pouvoir tomber à tout moment, a constaté l'AFP. L'armée ukrainienne semble avoir de plus en plus de mal à tenir la ligne de front, avec des offensives russes qui "arrivent par vagues", selon un soldat interrogé sur place, nécessitant des opérations périlleuses d'évacuation des blessés.

Kiev se félicite en revanche d'avoir fait reculer les Russes qui tiraient depuis des semaines sur les quartiers nord-est de Kharkiv, deuxième ville du pays, et d'avoir repris quelques petites localités de cette région proche de la frontière russe. "Les occupants sont progressivement repoussés de Kharkiv", a affirmé le président Volodymyr Zelensky dans une vidéo mardi soir, félicitant les combattants ukrainiens qui "font preuve d'une force surhumaine pour chasser l'armée d'envahisseurs".

À Marioupol, si les centaines de combattants ukrainiens qui s'y sont retranchés tiennent toujours l'aciérie Azovstal, ils sont aussi constamment bombardés, selon Kiev.

Vote sur l'aide militaire américaine

Mardi soir, la Chambre américaine des représentants a adopté une enveloppe d'aide à Kiev de près de 40 milliards de dollars, comprenant un volet économique et humanitaire, mais aussi des armes et des munitions. Il doit désormais être voté au Sénat, en fin de semaine ou en début de semaine prochaine, avant d'être promulgué par le président américain.

L'UE veut toujours imposer un embargo sur le pétrole russe

L'Union européenne continue elle d'essayer de convaincre ses 27 États membres d'adopter un projet d'embargo sur le pétrole russe, actuellement bloqué par Budapest. Un accord est possible "dans la semaine", a assuré mardi le secrétaire d'État français aux Affaires européennes, Clément Beaune. Ce projet relève d'un sixième paquet de sanctions contre la Russie en gestation à Bruxelles. Témoin des effets des sanctions occidentales inédites sur l'économie russe, les ventes de voitures neuves ont continué de s'écrouler en Russie en avril, fondant de 78,5% sur un an.

Situation quasi-normale à Kiev

Mais l'économie ukrainienne souffre plus encore. Quelque 30% des emplois y ont été perdus depuis le début de la guerre, a indiqué mercredi l'Organisation internationale du Travail. Le FMI avait pronostiqué mi-avril une chute du PIB ukrainien de 35% en 2022, contre -8,5% pour le PIB russe.

Kiev semble revenir néanmoins peu à peu à la normale : près des deux tiers des 3,5 millions d'habitants de la capitale, qui s'était vidée de la majorité de ses habitants au début du conflit, sont désormais revenus, selon son maire Vitali Klitschko. Les restaurants ont rouvert leurs portes et les cafés-terrasses attirent à nouveau les clients, où beaucoup semblent ignorer les sirènes anti-aériennes qui résonnent encore régulièrement.