Un rouleau compresseur lent mais dévastateur. Les forces russes continuent de progresser jeudi autour de la ville de Severodonetsk, clé stratégique de la conquête du Donbass, dans l'est de l'Ukraine. Selon Kiev, ses forces y sont notamment retranchées dans une zone industrielle bombardée par les Russes, comme à la toute fin du long siège de la ville stratégique de Marioupol (sud-est), largement détruite et conquise par Moscou en mai. Les dirigeants ukrainiens accusent d'ailleurs la Russie de vouloir faire de Severodonetsk un "nouveau Marioupol".
Les principales informations :
- Zelensky affirme que 80% de l'Ukraine est contrôlé par les Russes
- La ville de Severodonetsk occupée à 80% par les forces russes
- L'Ukraine s'inquiète d'une possible annexion des régions conquises par Moscou
- 20 millions de tonnes de céréales ne peuvent être exportées en raison du blocus de la Russie
Washington sanctionne un financier de Poutine et un courtier en superyachts pour oligarques
Les Etats-Unis ont annoncé jeudi une nouvelle série de sanctions pour pousser Vladimir Poutine à renoncer à la guerre en Ukraine, visant notamment son proche ami et "financier" Sergueï Pavlovitch Roldouguine et une société de courtage en superyachts pour oligarques russes.
Le Trésor, le département d'Etat et le ministère du commerce américains visent toute une série de nouveaux oligarques ou membres de "l'élite" de Moscou, dont la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova. Plusieurs yachts régulièrement utilisés, selon Washington, par le président russe, sont également inscrits sur la liste noire américaine, dont "Graceful", "Olympia", "Shellest" et "Nega".
20% du territoire occupé, estime Zelensky
Les forces russes contrôlent actuellement "environ 20%" du territoire ukrainien, soit près de 125.000 km2, a déclaré jeudi le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dans une adresse au Parlement luxembourgeois. "Aujourd'hui, environ 20% de notre territoire est sous contrôle des occupants, (soit) près de 125.000 km2, c'est beaucoup plus que le territoire de tous les pays du Benelux", a indiqué Volodymyr Zelensky, dans un message dont la présidence ukrainienne a envoyé aux journalistes la version originale. Par comparaison, les forces russes contrôlaient déjà, avant l'invasion de l'Ukraine le 24 février, "plus de 43.000 km2", a-t-il ajouté.
80% de la ville de Severodonetsk occupée
A Severodonetsk, capitale administrative de la région de Lougansk, désormais, "80% de la ville est occupée" par les forces russes et les combats de rue font rage, a déclaré le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, dans la nuit de mercredi à jeudi. "La situation la plus difficile est dans la région de Lougansk, où l'ennemi essaye de déloger nos troupes de leurs positions", selon le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, Valeri Zaloujny, cité dans un communiqué de l'armée publié dans la nuit de mercredi à jeudi.
"L'ennemi a un avantage opérationnel en termes d'artillerie", a-t-il concédé lors d'une conversation téléphonique mercredi avec le chef d'état-major français des armées, le général Thierry Burkhard, selon Kiev. "Cela soulève la question de la transition la plus rapide possible de nos unités vers des armes du type de celles de l'Otan. Cela sauverait des vies", a plaidé le général ukrainien, qui attend des livraisons de systèmes de lance-missiles plus puissants promis par le président américain Joe Biden, à même de changer le rapport de force militaire sur le terrain. La région de Donetsk n'est pas épargnée par Moscou, notamment Sloviansk, à quelque 80 km à l'ouest de Severodonetsk.
"Nous perdons 60 à 100 soldats ukrainiens par jour"
Plus de trois mois après le début de la guerre en Ukraine, dans la banlieue de la ville de Donetsk, les séparatistes prorusses ont affirmé mercredi avoir coupé l'une des deux routes permettant d'approvisionner la ville proche d'Avdiïvka, contrôlée par les forces ukrainiennes. Celles-ci perdent chaque jour jusqu'à 100 soldats, a assuré le président de l'Ukraine Volodymyr Zelensky au média américain Newsmax dans un entretien publié mercredi. "La situation dans l'Est est vraiment difficile (...) Nous perdons de 60 à 100 soldats par jour, tués au combat, et quelques 500 sont blessés", a détaillé le dirigeant de 44 ans.
Dans le sud, les Ukrainiens s'inquiètent d'une possible annexion des régions conquises par les forces russes, Moscou évoquant des référendums dès juillet en vue d'une annexion.
Débloquer les ports ukrainiens de la mer Noire
Les Occidentaux essaient aussi de débloquer les ports ukrainiens de la mer Noire, notamment celui d'Odessa (sud), principale porte de sortie de la production agricole du pays, pour relancer les exportations de céréales dont l'Ukraine est l'une des grandes productrices mondiales.
Au moins 20 millions de tonnes de céréales ukrainiennes ne peuvent être exportées à cause d'un blocus russe, faisant planer le risque d'une crise alimentaire mondiale. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov devrait discuter de l'instauration de "couloirs sécurisés" pour le transport de céréales lors d'une visite en Turquie le 8 juin, selon Ankara.
>> LIRE AUSSI - Aide militaire à l'Ukraine : Moscou dénonce un risque accru de confrontation russo-américaine
"Travailler même sous les bombes"
Dans la banlieue de Kiev, l'usine Tsar-Khlib, malgré la guerre, n'a jamais cessé d'alimenter la capitale en pain. Avec une petite fraction de ses 800 salariés, dont une vingtaine installés à demeure dans le sous-sol, la fabrique réduit la voilure mais continue de fonctionner, produisant 16 tonnes de pain frais par jour contre 100 avant-guerre. Quand les sirènes anti-aériennes retentissent, les ouvriers partent à la cave. Les miches chaudes s'amoncellent alors à la sortie du four. Les habitants "nous remercient d'avoir continué à travailler même sous les bombes", se félicite le directeur du groupe Khlibni Investytsiï, Oleksandr Tarenenko.
Le Danemark favorable à entrer dans la politique de défense de l'UE
Après avoir poussé la Finlande et la Suède à demander leur adhésion à l'Otan, l'invasion russe de l'Ukraine continue à avoir d'autres effets géostratégiques : les Danois ont ainsi massivement voté "oui" mercredi au référendum sur une entrée de leur pays dans la politique de défense de l'Union européenne, après s'y être refusés pendant trois décennies.
L'équipe d'Ukraine de football a par ailleurs battu l'Ecosse (3-1) mercredi soir en match de barrages pour le Mondial 2022, permettant aux habitants d'oublier brièvement le quotidien de la guerre. L'Ukraine obtiendra son billet pour le Qatar si elle bat le Pays de Galles dimanche.
La lettre de Pelé à Poutine
Le Brésilien Pelé, légende vivante du football, a demandé mercredi soir au président russe Vladimir Poutine d'"arrêter l'invasion" de l'Ukraine, dans une lettre publiée sur Instagram avant le match Ukraine-Ecosse. "Je veux utiliser le match d'aujourd'hui comme une opportunité pour faire une requête : arrêtez l'invasion. Il n'y a absolument rien qui justifie une telle violence", a écrit le "Roi" Pelé dans cette lettre adressée à Vladimir Poutine.