La contre-offensive ukrainienne a commencé dans l'est du pays. Et les Occidentaux retiennent leur souffle parce qu'une victoire sur le terrain militaire permettrait à l'Ukraine de négocier en position de force avec la Russie. Mais l’armée de Kiev pourra-t-elle repousser l’armée de Moscou ? "Les Ukrainiens ont pris le temps de préparer soigneusement leur offensive. Le but est de percer les lignes pour espérer atteindre quelques objectifs de valeur comme Berdiansk, Melitopol ou éventuellement Marioupol", renseigne au micro d'Europe 1 Léo Péria-Peigné, chercheur armement et capacitaire au centre d’études de sécurité de l’Ifri.
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Pour le chercheur, cela ne devrait pas toutefois suffire "pour obliger les Russes à négocier. Si les Ukrainiens parviennent notamment à la mer d’Azov, ils seront dans une position très favorable pour faire beaucoup de mal à la Crimée en la coupant totalement de ses voies de communication terrestres. Maintenant, s'ils échouent, que le potentiel militaire des brigades formées par les Occidentaux est détruit, ça risque de devenir très compliqué".
Les deux choix qui s'offrent aux soutiens occidentaux de l'Ukraine
En cas d'échec, Léo Péria-Peigné estime que "les soutiens occidentaux de l'Ukraine auront deux choix : soit pousser à la négociation pour que ça s’arrête parce qu’ils n’ont plus les moyens de la soutenir, soit aller un peu plus loin pour envisager des techniques différentes, sachant que l’Ukraine va probablement passer à la défensive si c’est le cas, pour se prémunir du potentiel offensif que la Russie arrivera peut-être à reconstituer dans ce laps de temps-là".
Pour le moment, alors que d'âpres combats ont lieu actuellement sur la ligne de front, les Ukrainiens revendiquent déjà quelques percées au sein des lignes de défense russe. Le chercheur au centre d’études de sécurité de l'Ifri dresse au micro d'Europe 1 un état des lieux des deux forces. "L’armée russe est éparpillée sur plus d’un millier de kilomètres de front, quand l’armée ukrainienne, elle aussi dans une position défensive et éparpillée, a réussi à rassembler plusieurs brigades, notamment des brigades formées et équipées par les Occidentaux."
Des problèmes de matériels et d'effectifs côté russe
"Maintenant, il faut voir comment cet effort peut s’échelonner dans le temps", poursuit Léo Péria-Peigné, "et si les Occidentaux ont les capacités de remplacer les véhicules détruits qu’ils ont envoyés." Pour le chercheur, il sera plus difficile de remplacer les chars de combat allemands, les Leopard, que les blindés fournis par les Américains.
Selon l'expert interrogé par Europe 1, "l'armée ukrainienne fait face à une armée (russe) qui a séparé une partie de ses effectifs pour éventuellement mitrailler ses propres soldats qui auraient tendance à se replier. Donc, on peut estimer que le moral n’est pas non plus au beau fixe en face, sachant que les problèmes matériels et d’effectifs sont déjà bien connus de par les études menées depuis l’automne". Mardi, le président Vladimir Poutine a notamment reconnu que la Russie manquait de munitions de haute précision et de drones.