La guerre continue de faire rage en Ukraine, au 111e jour des affrontements. Ce mardi, les forces russes ont opté pour l'encerclement des soldats ukrainiens retranchés à Severodonetsk, une ville-clé du Donbass, dans l'est de l'Ukraine. La prise de cette ville de 100.000 habitants donnerait aux Russes un avantage majeur pour le contrôle du bassin du Donbass. Cette région essentiellement russophone est en partie tenue par des séparatistes prorusses depuis 2014.
La présidence ukrainienne a par ailleurs signalé cinq civils tués et 11 blessés en 24 heures dans les régions de Kharkiv (nord-est), Lougansk et Donetsk (est) et des "bombardements nocturnes" notamment à Soumy, Dnipro, Kharkiv et Mykolaïv. Voici un point complet sur la situation.
Les informations à retenir :
- Un couloir humanitaire mercredi à Severodonetsk
- L'usine chimique Azot, où 550 personnes se sont réfugiées, est constamment bombardée
- La hausse des prix de l'énergie et de l'alimentation a fait bondir le taux d'inflation en Allemagne
- En Normandie, la justice doit réexaminer la situation de huit réfugiés Arméniens venus d'Ukraine
- Plus de sept millions d'Ukrainiens se sont déplacés pour fuir les combats
L'issue de la bataille "donnera une indication" sur la suite de la guerre
La défense par l'armée ukrainienne du Donbass (est), cible prioritaire de Moscou, est "vitale" pour Kiev car son issue "donnera une indication" sur la suite de la guerre avec la Russie, a estimé mardi soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky. "Il est vital de rester dans le Donbass. (...) La défense de la région est essentielle pour donner une indication sur celui qui dominera (sur le terrain) dans les semaines à venir", a déclaré Volodymyr Zelensky dans son allocution quotidienne aux Ukrainiens diffusée sur Telegram.
L'Ukraine a besoin de "plus d'armes lourdes", dit le chef de l'Otan
Les pays occidentaux devraient envoyer à Kiev davantage d'armes lourdes pour l'aider à combattre l'armée russe qui progresse dans l'est de l'Ukraine, a déclaré mardi soir le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg. "Oui, l'Ukraine devrait avoir plus d'armes lourdes", a dit M. Stoltenberg lors d'une conférence de presse à La Haye après avoir rencontré les dirigeants de sept pays européens membres de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, à la veille d'un important sommet.
L'usine chimique Azot de Severodonetsk constamment bombardée
L'armée russe a indiqué avoir lancé des missiles sur "une vingtaine de zones" du Donbass et sur Kharkiv avec des frappes aériennes sur une centaine de zones de "main-d'œuvre et d'équipements militaires" ennemis. À Severodonetsk, la grande usine chimique Azot, où sont réfugiées quelque 550 personnes, est constamment bombardée, selon le chef de l'administration de la ville. Si le ravitaillement est "difficile, il y a "quelques réserves" dans l'usine, a-t-il déclaré.
Un couloir humanitaire mercredi pour les civils de l'usine
Les forces russes ont détruit un troisième pont reliant Severodonetsk à la ville voisine de Lyssytchansk, mais les troupes ukrainiennes ne sont pas bloquées, selon un responsable local. Le ministère russe de la Défense a annoncé la mise en place mercredi d'un couloir humanitaire pour l'évacuation, vers une localité sous contrôle russe, des civils réfugiés dans l'usine Azot. Moscou a les appelés à mettre fin à leur "résistance absurde".
Selon le ministère britannique de la Défense, les forces russes "ont probablement enregistré de petites progressions dans le secteur de Kharkiv" pour la première fois depuis des semaines. L'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW) estime pour sa part que les Russes "ont mené des assauts au sol inefficaces, dans le but de couper les lignes de communications ukrainiennes, près de Popasna et Bakhmout". Des combats ont aussi été observés au sud-est d'Izioum et au nord de Sloviansk, avant un assaut russe possible sur Siversk, estime l'institut.
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Des combats aériens dans le sud de l'Ukraine
L'armée ukrainienne a signalé des combats aériens et attaques d'hélicoptères russes sur Mykolaïv et Kherson. Russes et Ukrainiens se combattent par ailleurs dans le nord-ouest de la région de Kherson.
Londres ne discute pas avec Moscou
Londres ne s'est "pas adressée" à la Russie pour interférer en faveur des deux ressortissants britanniques qui combattaient côté ukrainien et ont été condamnés à mort par les séparatistes prorusses, selon le Kremlin. "Tout dépendra d'une demande de Londres (...) mais je suis sûr que la partie russe sera prête à écouter", a précisé son porte-parole Dmitri Peskov.
Le pape fustige la férocité des combats
Le pape François a fustigé "la férocité avec lesquelles cette guerre est menée par les troupes, généralement des mercenaires, utilisés par les Russes". "Mais le danger est que nous ne voyons que cela, qui est monstrueux, sans voir tout le drame qui se joue derrière cette guerre, qui a peut-être été, d'une certaine manière, provoquée ou non empêchée", a-t-il nuancé.
Emmanuel Macron en Roumanie
Le président français Emmanuel Macron devait se rendre mardi en Roumanie pour saluer les 500 soldats français déployés sur une base de l'Otan, avant un saut en Moldavie et un possible déplacement à Kiev. Sa visite en Ukraine - qui serait une première depuis le début de l'invasion russe le 24 février - pourrait se dérouler en compagnie du chancelier allemand Olaf Scholz et du Premier ministre italien Mario Draghi, selon des médias allemands et italiens. Paris n'a pas confirmé.
L'Ukraine continue de réclamer des armes
Lundi soir, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a une nouvelle fois réclamé des armes "modernes". Une accélération des livraisons devrait être discutée mercredi à Bruxelles, lors d'une réunion du Groupe de contact pour l'Ukraine, autour du ministre américain de la Défense Lloyd Austin. Washington a commencé à envoyer à Kiev de l'équipement lourd, comme des obusiers, mais aussi des équipements de pointe comme des lance-roquettes multiples montés sur camions ("Himars"), et des pièces d'artillerie de haute précision et d'une portée supérieure à celles de l'armée russe.
Des dizaines de milliers de morts depuis le début du conflit
Il n'existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit. Pour la seule ville de Marioupol (sud-est), tombée en mai au terme d'un terrible siège, les autorités ukrainiennes avaient évoqué quelque 20.000 morts. Sur le plan militaire, des sources de sécurité occidentales évoquent désormais de 15.000 à 20.000 soldats russes tués. Les forces ukrainiennes perdent chaque jour une centaine de soldats, selon Kiev. Aucune statistique indépendante n'est disponible.
Plus de sept millions d'Ukrainiens sont déplacés à l'intérieur de leur pays, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR). S'y ajoutent 7,4 millions qui ont fui à l'étranger, dont plus de la moitié en Pologne. Avant l'invasion russe, l'Ukraine comptait 37 millions d'habitants dans les régions contrôlées par Kiev.
Le préfet de Seine-Maritime réexamine la situation d'Arméniens d'Ukraine
Huit Arméniens vivant en Ukraine et réfugiés en France ont obtenu gain de cause lundi devant le tribunal administratif de Rouen. Le juge des référés du tribunal administratif de Rouen a rendu lundi huit ordonnances séparées, dans lesquelles il enjoint le préfet de statuer de nouveau sur la situation de ces Arméniens vivant en Ukraine "dans un délai de trois semaines" avec la mise à disposition d'un titre provisoire de séjour d'ici au réexamen de leur situation.
Réfugiés en Normandie, ces Arméniens d'Ukraine étaient sous le coup d'une menace de reconduite à la frontière, après s'être vu refuser l'octroi de la protection temporaire par arrêté du préfet de Seine-Maritime. Ils bénéficiaient jusque là de l'accompagnement mis en place dans le cadre de l'accueil des réfugiés d'Ukraine.
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L'un des requérants a notamment fait valoir qu' il ne pouvait "réintégrer son pays d'origine dans des conditions durables", n'étant retourné qu'une seule "fois en Arménie en 32 ans", où il n'a aucune famille. "Il revenait au préfet de la Seine-Maritime de vérifier (...) qu'un retour en Arménie pouvait être envisagé dans des conditions sûres et durables", estime notamment le tribunal, dans une ordonnance. "Il revenait au préfet de la Seine-Maritime de vérifier (...) qu'un retour en Arménie pouvait être envisagé dans des conditions sûres et durables", estime notamment le tribunal, dans une ordonnance.
Dans une autre, le tribunal estime que le fait que le préfet de la Seine-Maritime n'ait pas procédé "à un examen personnalisé de la situation du requérant" est "de nature à faire naître un doute sérieux quant à la légalité" de son arrêté.
L'ONU appelle à ne pas imposer des restrictions à l'exportation de nourriture
Deux dirigeantes onusiennes ont appelé lundi les pays membres de l'OMC à ne pas imposer de restrictions aux exportations de nourriture pour éviter le risque de crise alimentaire que fait planer sur le monde entier l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Cette lettre ouverte est signée par la Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Michelle Bachelet et Rebeca Grynspan, la secrétaire générale de la Cnuced, organe des Nations unies chargé du commerce et du développement.
"La guerre en Ukraine inflige de terribles souffrances au peuple ukrainien et a augmenté le risque de faim et de famine pour des dizaines de millions de personnes qui sont sur le point de devenir ou sont déjà en situation d'insécurité alimentaire", ont-elles écrit à l'intention des ministres des pays membres de l'Organisation mondiale du commerce réunis cette semaine à Genève.
Elles leur demandent de "s'abstenir d'imposer des restrictions aux exportations sur les denrées alimentaires essentielles achetées par les pays les moins avancés et par les pays en développement importateurs nets de produits alimentaires, ainsi que sur celles achetées par le Programme alimentaire mondial à des fins humanitaires".
L'UE prolonge les dérogations concernant les jachères en 2023
Bruxelles envisage de prolonger en 2023 des dérogations sur les règles environnementales concernant les jachères, afin de permettre aux Vingt-Sept de renforcer leur production céréalière face à l'impact de la guerre en Ukraine, a indiqué lundi le commissaire à l'Agriculture Janusz Wojciechowski.
Pour compenser le manque de céréales russes et ukrainiennes, la Commission avait validé en mars une dérogation "temporaire" pour l'année 2022 à ses règles sur les jachères, y autorisant "toute culture destinée à l'alimentation humaine et animale", soit un potentiel de quatre millions d'hectares supplémentaires.
Dans la Politique agricole commune (PAC) actuelle, les exploitations dépassant 15 hectares doivent compter au moins 5% de "surfaces d'intérêt écologique" (prairies, haies, arbres, jachères) pour bénéficier des fonds européens. L'exigence sera d'au moins 4% de jachères (terres non cultivées) dans la nouvelle PAC démarrant en janvier 2023, afin de renforcer la biodiversité et l'enrichissement des sols.