Les combats et bombardements russes à Marioupol ont fait au moins 20.000 morts depuis la fin février, ont affirmé mardi les autorités régionales, alors que l'étau se resserre sur la ville portuaire du sud-est de l'Ukraine, où Kiev et les Occidentaux accusent les forces russes de vouloir recourir à des "agents chimiques" pour déloger les soldats ukrainiens retranchés dans la ville. Le président Volodymyr Zelensky avait auparavant dit craindre "des dizaines de milliers de victimes", tous chiffres impossibles dans l'immédiat à vérifier de source indépendante.
Volodymyr Zelensky a également dénoncé dans l'après-midi "des centaines de cas de viol" constatés dans les zones précédemment occupées par l'armée russe
Les principales informations :
- Vladimir Poutine parle de "fake" à Boutcha
- À Marioupol, port assiégé de la mer d'Azov, des "dizaines de milliers" de personnes sont mortes
- Les frontières de la région de Donetsk vont très prochainement être la cible de l'armée russe
- Le président Volodymyr Zelensky a réclamé d'avantages d'armes auprès de ses alliés
- Le Royaume-Uni enquête sur la possibilité d'utilisation d'une arme chimique par les Russes
- 4,6 millions de réfugiés, près de 870.000 Ukrainiens sont rentrés en Ukraine
L'étau se resserre sur Marioupol
A Marioupol, port stratégique de la mer d'Azov assiégé depuis plus de 40 jours, les forces russes resserrent leur étau sur les soldats ukrainiens "encerclés et bloqués" dans la ville où "des dizaines de milliers" de personnes ont péri et "90% des maisons" ont été détruites, selon le conseiller présidentiel ukrainien Mykhaylo Podolyak.
"Les Russes ont temporairement occupé une partie de la ville. Les soldats ukrainiens continuent de défendre le centre et le sud de la ville, ainsi que les zones industrielles", a déclaré à la BBC le maire-adjoint de la ville Sergueï Orlov. Le chef des séparatistes prorusses de Donetsk a affirmé lundi que ses forces avaient conquis entièrement la zone portuaire de Marioupol.
L'offensive russe dans l'est imminente
Dans l'Est, devenu la cible prioritaire du Kremlin, l'armée ukrainienne dit s'attendre "très prochainement" à une offensive russe. "Il est probable qu'à l'avenir, l'ennemi tentera de prendre le contrôle de Marioupol, de s'emparer de Popasna, située entre Donetsk et Lougansk, et de lancer une offensive en direction de Kurakhove (à l'ouest de Donetsk) afin d'atteindre les frontières administratives de la région de Donetsk", a affirmé mardi matin l'état-major de l'armée ukrainienne sur Facebook.
"Selon nos informations, l'ennemi a presque terminé sa préparation pour un assaut sur l'Est. L'attaque aura lieu très prochainement", avait averti auparavant le porte-parole du ministère ukrainien de la Défense, Oleksandre Motouzianik.
Massacre de Boutcha : "Un fake", selon Poutine
Le massacre de civils présumés dans la ville de Boutcha, près de Kiev, est "un fake", a affirmé mardi Vladimir Poutine, dont le pays nie toute exaction en Ukraine. Le président russe a assuré lors d'une conférence de presse dans un cosmodrome de l'extrême orient que l'offensive en Ukraine se poursuivait "calmement" et minimisé les pertes, refusant de fixer un calendrier.
Selon lui, c'est le "manque de cohérence" des négociateurs ukrainiens qui empêche de parvenir à un accord entre Kiev et Moscou pour mettre fin à la guerre. Il a de nouveau justifié l'offensive pour "assurer la sécurité de la Russie" face à une Ukraine qui "a commencé à être transformée en place-forte antirusse, à cultiver le nationalisme, le néonazisme".
Zelensky dénonce des centaines de viols et réclame des armes
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé mardi "des centaines de cas de viol" constatés dans les zones précédemment occupées par l'armée russe, "y compris de jeunes filles mineures et de tout petits enfants". "Dans les zones libérées des occupants, l'enregistrement et l'enquête sur des crimes de guerre commis par la Russie se poursuivent. Presque quotidiennement, on retrouve de nouvelles fosses communes", a-t-il déclaré, s'adressant au parlement lituanien grâce à une liaison vidéo.
Volodymyr Zelensky a aussi réclamé lundi soir dans une allocution vidéo davantage d'armes auprès de ses alliés, notamment pour renforcer la défense de la ville de Marioupol. "Nous ne recevons pas autant que ce dont nous avons besoin pour mettre fin à cette guerre plus rapidement. Pour détruire complètement l'ennemi sur notre territoire... en particulier, pour débloquer" le siège de Marioupol, a-t-il déclaré.
Des négociations extrêmement difficiles avec Moscou, selon Kiev
Les négociations avec Moscou en vue d'un accord de paix russo-ukrainien sont "extrêmement difficiles", a déclaré mercredi un conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak, après que Vladimir Poutine a dénoncé "le manque de cohérence" des Ukrainiens qui selon lui "crée des difficultés".
"Les négociations sont extrêmement difficiles", a indiqué Mykhaïlo Podoliak dans un message à la presse, déplorant que "la partie russe s'en tienne à ses tactiques traditionnelles de pression publique sur le processus de négociations, notamment par le biais de certaines déclarations".
Deux employées de Caritas tuées à Marioupol
Deux employées ukrainiennes de Caritas et cinq de leurs proches ont été tués dans un bombardement à Marioupol, dans le sud-est de l'Ukraine, a annoncé mardi l'organisation caritative catholique, évoquant une attaque en mars. L'attaque "a probablement eu lieu le 15 mars, lorsqu'un char a tiré sur le bâtiment du centre Caritas à Marioupol, tuant deux membres du personnel et cinq de leurs proches", a précisé Caritas Internationalis dans un communiqué.
De nouveaux cadavres retrouvés près de Kiev
Les corps de six personnes tuées par balles ont été retrouvés dans un sous-sol d'une maison, dans la banlieue est de Kiev, dont s'est retirée fin mars l'armée russe, a annoncé mardi le Parquet général ukrainien. Son message, diffusé sur Telegram, est accompagné d'une photographie de cadavres et précise qu'une enquête a été ouverte.
Plus de 870.000 Ukrainiens sont rentrés en Ukraine
Plus de 870.000 Ukrainiens sont rentrés chez eux depuis le début de la guerre dont des femmes et des enfants, a annoncé mardi le service des garde-frontières ukrainiens. "Actuellement, 25.000 à 30.000 Ukrainiens par jour regagnent leur pays. Contrairement aux premiers jours quand il s'agissait essentiellement d'hommes, maintenant il y a aussi des femmes, des enfants et des personnes âgées", a déclaré le porte-parole des garde-frontières ukrainiens Andriï Demtchenko.
Le 3 avril, le ministère de l'Intérieur a fait état de 537.000 Ukrainiens retournés chez eux citant les données du Service national des garde-frontières. "Ils disent qu'ils voient que la situation est plus sure, surtout dans les régions occidentales et ils ne peuvent plus rester à l'étranger, ils sont prêts à retourner dans le pays et rester ici", a ajoute le porte-parole.
Le président allemand pas le bienvenu à Kiev
Le président allemand Frank-Walter Steinmeier, critiqué pour ses relations entretenues ces dernières années avec la Russie, a indiqué mardi avoir envisagé de se rendre en Ukraine avec d'autres chefs d'Etat mais avoir essuyé une fin de non-recevoir de la part de Kiev.
Accusations d'attaque chimique
Le Royaume-Uni tente de vérifier si des armes chimiques ont été utilisées par les forces russes à Marioupol, le gouvernement prévenant mardi que "toutes les options" étaient sur la table si leur utilisation venait à être confirmée.
Lundi soir, la ministre britannique des Affaires étrangères Liz Truss a indiqué sur Twitter étudier des affirmations selon lesquelles "les forces russes pourraient avoir utilisé des agents chimiques lors d'une attaque contre la population de Marioupol. Nous travaillons de toute urgence avec nos partenaires pour vérifier les renseignements".
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Auparavant, le régiment ukrainien Azov, retranché à Marioupol, avait affirmé qu'un drone russe y avait largué une "substance toxique" sur des soldats et civils.
Violences faites aux femmes
Plusieurs responsables de l'ONU ont réclamé lundi l'ouverture d'enquêtes sur les violences faites aux femmes dans la guerre de la Russie en Ukraine et la protection des enfants dans le conflit, lors d'une réunion du Conseil de sécurité initiée par les Etats-Unis et l'Albanie.
Des gendarmes français en Ukraine
Des gendarmes français sont arrivés à Lviv, dans l'Ouest de l'Ukraine, pour assister leurs homologues ukrainiens "dans les investigations des crimes de guerre commis autour de Kiev", a annoncé lundi l'ambassadeur français en Ukraine.
En France par ailleurs, le ministère des Affaires étrangères a indiqué lundi soir avoir décidé l'expulsion de six espions russes qui opéraient sous couvert de leur ambassade à Paris et "dont les activités se sont révélées contraires à (ses) intérêts nationaux". Un peu plus tôt, la Croatie avait annoncé l'expulsion de 24 diplomates et personnels de l'ambassade de Russie, emboîtant le pas aux nombreux pays à avoir pris des mesures similaires.
Plus de 4,6 millions de réfugiés
Plus de 4,6 millions de réfugiés ukrainiens ont fui leur pays depuis l'invasion ordonnée par Vladimir Poutine le 24 février, selon les chiffres du HCR mardi. Selon le service de garde-frontières ukrainien, plus de 870.000 Ukrainiens sont rentrés chez eux depuis le début de la guerre, dont des femmes et des enfants.