Une première depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine le 24 février, les dirigeants des trois principaux pays de l'Union européen, Emmanuel Macron, Olaf Scholz et Mario Draghi se sont arrivés jeudi matin à Kiev. Ces derniers se sont rendus à Irpin, une des villes de la banlieue de Kiev devenue symbole des destructions et atrocités commises pendant l'occupation de la région par l'armée russe en mars, a constaté l'AFP sur place. Les dirigeants européens, rejoints par le président roumain Klaus Iohannis, étaient guidés par des militaires ukrainiens, avec un important dispositif de sécurité et de nombreux journalistes.
Les informations à retenir :
- Macron annonce la livraison de six Caesar additionnels à l'Ukraine
- Macron assure "être aux côtés des Ukrainiens sans ambiguïté"
- Le chancelier allemand Olaf Scholz s'engage à aider l'Ukraine "aussi longtemps qu'il le faudra"
- Les États-Unis ont annoncé une nouvelle aide militaire à l'Ukraine
- 10.000 civils toujours présents à Severodonetsk
États-Unis et Europe appellent la Russie à ouvrir les ports ukrainiens
Etats-Unis et Union européenne ont appelé jeudi la Russie à accepter rapidement une ouverture des ports ukrainiens afin de permettre aux millions de tonnes de céréales qui y sont stockées d'être exportées, permettant d'atténuer la crise alimentaire mondiale. Moscou "devrait agir immédiatement pour ouvrir ces ports et mettre fin à cette guerre", a souligné le ministre américain de l'Agriculture, Tom Vilsack, lors d'une conférence de presse après des discussions à l'ONU. "C'est une chose sérieuse, nous ne devrions pas utiliser la nourriture comme une arme", a-t-il insisté.
L'ONU négocie depuis plusieurs semaines avec Moscou, Kiev et Ankara, caution militaire d'une utilisation de la mer Noire pour des navires civils, un accord qui permettrait aux céréales ukrainiennes de sortir du pays en sécurité et aux engrais produits par la Russie de revenir sur le marché international. Moscou se plaint d'entraves à ses exportations à cause de sanctions économiques. Si un accord était trouvé, il ferait baisser les prix des denrées et atténuerait la crise alimentaire dans le monde, qui s'aggrave du fait de l'invasion russe de l'Ukraine.
Draghi accuse Gazprom de mentir
Le président du Conseil italien Mario Draghi déclare que les excuses de Gazprom pour la réduction du gaz sont des "mensonges" et qu'il y a une "utilisation politique du gaz, comme du blé", lors d'une conférence de presse après avoir rencontré Volodymyr Zelensky, Emmanuel Macron et Olaf Scholz à Kiev aujourd'hui.
Six canons Caesar supplémentaires livrés à l'Ukraine
Comme annoncé par Europe 1, la France va livrer à l'Ukraine "six Caesar additionnels", ces canons automoteurs réputés pour leur précision, a confirmé jeudi le président français Emmanuel Macron, lors d'une conférence de presse à Kiev.
Les trois hommes devraient rencontrer le président ukrainien Volodymyr Zelensky pour évoquer, outre le soutien militaire, la demande de l'Ukraine de rejoindre l'Union européenne. La France, l'Allemagne et l'Italie y sont favorables, mais dans une perspective plus ou moins lointaine. Emmanuel Macron et le président ukrainien tiendront une conférence de presse commune à 14 heures.
Le Kremlin juge les livraisons d'armes "futiles"
Le Kremlin a jugé jeudi "futiles" les livraisons d'armes occidentales à l'Ukraine, au moment où le président français, le chancelier allemand et le chef du gouvernement italien sont à Kiev. "On aimerait espérer que les dirigeants de ces trois pays (...) ne vont pas se concentrer uniquement sur le soutien de l'Ukraine et les projets de continuer à l'inonder en armes. C'est tout à fait futile et ne fera qu'infliger davantage de préjudices à ce pays", a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Il a dit "par contre, espérer qu'ils vont exhorter le président (ukrainien Volodymyr) Zelensky à avoir une approche réaliste de la situation".
Pour sa part, l'ancien président russe Dmitri Medvedev a moqué en anglais sur Twitter la visite des trois dirigeants européens, les qualifiant de "connaisseur de grenouilles, celui des saucisses et celui des pâtes". Selon lui, ce déplacement d'Emmanuel Macron, Olaf Scholz et Mario Draghi a "zéro d'utilité" et insinué qu'ils s'enivraient à la "horilka", vodka ukrainienne.
"Nous reconstruirons tout", assure Draghi
"Nous reconstruirons tout", a assuré jeudi le chef du gouvernement italien Mario Draghi, à l'issue d'une visite à Irpin, une des banlieues de Kiev dévastées dans les premières semaines de l'invasion russe de l'Ukraine. Les Russes "ont détruit des écoles maternelles, des terrains de jeux. Tout sera reconstruit", a affirmé Mario Draghi à la presse, après avoir déambulé dans les rues détruites d'Irpin aux côtés du Français Emmanuel Macron, de l'Allemand Olaf Scholz et du Roumain Klaus Iohannis.
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Macron au JT de 20h de TF1 jeudi soir
Le président Emmanuel Macron, à Kiev jeudi avec les dirigeants de l'Allemagne et de l'Italie, sera interviewé depuis cette ville dans l'édition de 20h du journal de TF1, a annoncé la chaîne. Cet entretien est accordé par le président à trois jours du second tour des élections législatives.
Macron assure "être aux côtés des Ukrainiens sans ambiguïté"
"Il faut que l'Ukraine puisse résister et l'emporter" face à l'armée russe, a déclaré le président français Emmanuel Macron à l'issue d'une brève visite à Irpin, une des banlieues de Kiev dévastées dans les premières semaines de l'invasion russe de l'Ukraine. Interrogé par des journalistes sur les déclarations dans lesquelles il affirmait qu'il ne fallait pas "humilier" la Russie, très critiquées en Ukraine, Emmanuel Macron s'est défendu. "La France est aux côtés de l'Ukraine depuis le premier jour" (...) nous sommes aux côtés des Ukrainiens sans ambiguïté", a-t-il affirmé.
Irpin en Ukraine. Nous avons vu la ville dévastée et les stigmates de la barbarie. Et l’héroïsme, aussi, des Ukrainiennes et des Ukrainiens qui ont arrêté l'armée russe alors qu’elle descendait sur Kiev. L’Ukraine résiste. Elle doit pouvoir l'emporter. pic.twitter.com/yzwBGBJ5dx
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) June 16, 2022
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Scholz s'engage à aider l'Ukraine "aussi longtemps qu'il le faudra"
Le chancelier allemand Olaf Scholz, arrivé jeudi à Kiev avec son homologue italien Mario Draghi et le président français Emmanuel Macron, s'est engagé à aider l'Ukraine "aussi longtemps qu'il le faudra", dans une interview au quotidien Bild. Durant cette visite, "nous ne voulons pas seulement manifester notre solidarité, nous voulons aussi assurer que l'aide que nous organisons : financière, humanitaire, mais aussi lorsqu'il s'agit d'armes, se poursuivra", a-t-il souligné. "Nous la poursuivrons aussi longtemps qu'il le faudra pour la lutte pour l'indépendance de l'Ukraine", a-t-il ajouté dans cet entretien publié au moment où les trois dirigeants sont arrivés à Kiev après un voyage en train de nuit.
Environ 10.000 civils toujours présents à Severodonetsk
Environ 10.000 civils sont encore présents dans la ville de Severodonetsk, ville-clé du Donbass dont les Russes tentent de s'emparer depuis des semaines, a indiqué jeudi Serguiï Gaïdaï, le gouverneur de la région de Lougansk. "Depuis bientôt quatre mois, (les Russes) rêvent de contrôler Severodonetsk où, sur 100.000 habitants, environ 10.000 sont toujours là, sans compter les victimes", a indiqué le gouverneur sur la messagerie Telegram.
Selon lui, "l'armée russe perd des centaines de combattants, mais trouve des réserves et continue de détruire Severodonetsk". Mais "nos militaires tiennent la défense", a-t-il affirmé. Severodonetsk est sous bombardements constants, avec aussi des combats de rue, depuis plusieurs semaines. Les trois ponts qui la reliaient à la ville voisine de Lyssytchansk sont désormais détruits.
L'Ukraine souhaite toujours intégrer l'Union européenne
L'Ukraine n'en attend pas moins du sommet européen des 23-24 juin la décision des Vingt-Sept sur sa demande officielle d'adhésion, début d'un processus de négociations qui peut durer plusieurs années. Son président devrait également réitérer sa demande de nouvelles livraisons d'armes lourdes, indispensables, assure-t-il, pour contrer la puissance de feu russe.
"Nous sommes avec vous, soyez avec nous", a déclaré Volodymyr Zelensky aux députés tchèques à Prague lors d'une téléconférence, citant un appel lancé par un présentateur de la radio tchécoslovaque en 1968 alors que les occupants soviétique tentaient de couper la radio. "Aujourd'hui, alors que le peuple ukrainien lutte pour sa liberté contre l'invasion cruelle de la Russie, nous utilisons ces mots pour nous adresser à toutes les nations d'Europe et du monde démocratique", a-t-il ajouté.
"L'Ukraine doit obtenir tout ce qui est nécessaire pour remporter la victoire", a-t-il martelé.
Les États-Unis ont annoncé une nouvelle aide militaire à l'Ukraine
Mercredi soir, Volodymyr Zelensky a dit sa "gratitude" à l'égard des États-Unis pour la nouvelle tranche d'aide militaire que son homologue américain Joe Biden lui a annoncé dans la soirée au téléphone. "Les Etats-Unis ont annoncé un nouveau renforcement de notre défense, une nouvelle tranche d'aide d'un milliard de dollars", a confirmé mercredi soir Volodymyr Zelensky dans son message vidéo quotidien.
"Je veux dire ma gratitude pour ce soutien, il est particulièrement important pour notre défense dans le Donbass", la région de l'est de l'Ukraine épicentre des attaques russes actuelles. L'aide américaine comprend notamment des pièces d'artillerie et des obus supplémentaires.
Mercredi, le chef du Pentagone Lloyd Austin a appelé mercredi ses alliés à "intensifier" les livraisons d'armes aux Ukrainiens.
L'Ukraine est confrontée à un moment charnière
"L'Ukraine est confrontée à un moment charnière sur le champ de bataille", a déclaré le secrétaire américain à la Défense, lors d'une réunion au siège de l'Otan à Bruxelles des pays du "groupe de contact" créé par les Etats-Unis pour aider l'Ukraine. "Nous devons donc intensifier notre engagement commun" et "redoubler d'efforts pour qu'elle puisse se défendre", a-t-il ajouté.
Volodymyr Zelensky a indiqué s'être également entretenu avec le Premier ministre britannique Boris Johnson, lequel a assuré sur Twitter soutenir l'Ukraine "jusqu'à la victoire finale". Et celle-ci passe par le Donbass, dans l'est de l'Ukraine, enjeu depuis des jours d'une bataille acharnée entre forces russes et ukrainiennes.
Depuis leur offensive avortée sur Kiev en mars, les forces russes et séparatistes prorusses, qui contrôlent partiellement cette région industrielle depuis 2014, se sont donné pour objectif d'en prendre le contrôle total. "L'ennemi a concentré ses forces de frappe principales dans le nord de la région (de Lougansk) et tente d'attaquer dans neuf directions simultanément", a déclaré mercredi soir le commandement en chef des forces armées ukrainiennes.
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Les combats se concentrent depuis plusieurs jours à Lyssychantsk et Severodonetsk, deux villes clé du Donbass. Les autorités ukrainiennes ont reconnu ces derniers jours que leurs troupes avaient été chassées du centre-ville de Severodonetsk, et ne plus disposer que de "voies de communication compliquées" avec elles après la destruction de tous les ponts vers Lyssytchansk.
"Severodonetsk est un élément stratégique dans notre système de défense de la région de Lougansk. La ville ne peut pas être considérée autrement", a rappelé mercredi soir le commandement en chef ukrainien.
Les forces ukrainiennes retranchées dans l'usine Azot
Les forces ukrainiennes sont notamment retranchées dans l'usine chimique Azot, emblématique de cette ville comptant avant la guerre quelque 100.000 habitants, avec plus de 500 civils à l'intérieur, selon le maire de Severodonetsk Oleksandre Striouk. Moscou a proposé mardi un "couloir humanitaire" qui permettrait d'évacuer ces civils vers des territoires contrôlés par les Russes, mais Kiev ne l'a pas confirmé. La Russie a accusé mercredi les forces de Kiev d'avoir empêché cette opération.
Sur le front diplomatique, au moment où États-Unis et Europe se rassemblent autour de l'Ukraine, le président chinois Xi Jinping a réaffirmé mercredi sa proximité avec son "vieil ami" Vladimir Poutine, au risque de crisper les relations entre Pékin et les Occidentaux.
L'ONU s'inquiète de son côté des conséquences de la crise alimentaire provoquée par l'invasion russe de l'Ukraine. Si le monde n'arrive pas à juguler cette crise, le record de 100 millions de personnes déracinées va grossir encore d'"un grand nombre de gens", a prévenu le Haut Commissaire aux réfugiés de l'ONU, l'italien Filippo grandi.