Guerre en Ukraine : Moscou met en garde contre une escalade et frappe Odessa

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avec AFP / Crédits photo : Handout / UKRAINIAN EMERGENCY SERVICE / AFP , modifié à
Alors que les États-Unis ont donné leur feu vert dimanche soir à l'utilisation de missiles de longue portée contre la Russie, le Kremlin a mis en garde lundi contre une nouvelle escalade. En parallèle, une nouvelle frappe russe a fait au moins dix morts et des dizaines de blessés à Odessa.
L'ESSENTIEL

Le Kremlin a mis en garde lundi contre une nouvelle escalade après le feu vert donné à Kiev par les Etats-Unis à l'utilisation de leurs missiles de longue portée contre la Russie, tandis qu'une nouvelle frappe russe a fait au moins huit morts à Odessa, en Ukraine. Réclamée par Kiev depuis des mois la décision de Joe Biden a été confirmée à l'AFP dimanche par un responsable américain, après un nouveau week-end de bombardements russes massifs et meurtriers sur l'Ukraine et à quelques semaines seulement de l'entrée dans ses fonctions à la Maison Blanche de Donald Trump, jugé moins enclin à aider ce pays.

"L'administration sortante à Washington a l'intention de prendre des mesures pour continuer à jeter de l'huile sur le feu et à provoquer une nouvelle montée des tensions", a accusé lundi le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov. Cette autorisation conduirait à "une situation fondamentalement nouvelle en termes d'implication des Etats-Unis dans ce conflit", a-t-il mis en garde.

Les principales informations :

- Moscou met en garde contre une escalade après le feu vert des États-Unis à l'utilisation de missiles longue portée

- Le bilan de la frappe russe lundi sur la ville portuaire d'Odessa, dans le sud de l'Ukraine, a grimpé à au moins 10 morts et 43 blessés

- Zelensky dit visiter ses troupes à Pokrovsk, sur la ligne de front

- La Suède et la Finlande encouragent leurs habitants à se préparer à une possible guerre

Suède et Finlande encouragent leurs habitants à se préparer à une possible guerre

La Suède a commencé lundi à envoyer quelque cinq millions de brochures à ses habitants, les encourageant à se préparer face à l'éventualité d'une guerre. La Finlande voisine a dans le même temps lancé un site web avec des conseils de préparation similaires.

Les deux pays ont abandonné plusieurs décennies de non-alignement militaire et ont intégré l'Otan après l'invasion par la Russie de l'Ukraine en 2022. Depuis le début de cette guerre, Stockholm n'a cessé d'exhorter sa population à se préparer, aussi bien mentalement que d'un point de vue logistique, à la possibilité d'une guerre, étant donné la proximité de la Russie.

Le livret, nommé "Om krisen eller kriget kommer" ("En cas de crise ou de guerre"), envoyée par l'agence suédoise des contingences civiles (MSB) contient des conseils pratiques pour faire face à des crises telles que la guerre, les catastrophes naturelles ou les cyberattaques.

L'Ukraine en difficulté sur le front depuis plus d'un an

Un haut responsable de la présidence ukrainienne s'exprimant sous le couvert de l'anonymat a confirmé à l'AFP que l'accord américain sur les missiles de longue portée n'avait été donné à Kiev qu'après que la Russie eut reçu le renfort de milliers de soldats nord-coréens. Mais il l'a considéré comme étant bien trop tardif, l'Ukraine étant en difficulté sur le front depuis plus d'un an. "Il est clair que le contingent nord-coréen était une réalité qui rendait l'absence de cette autorisation (...) complètement ubuesque. Mais cette décision était nécessaire il y a un an", a martelé ce responsable. Il a refusé de prédire l'impact de ce geste sur le champ de bataille : "Nous verrons ce que cela donnera".

Sur le terrain, dans l'est de l'Ukraine, des militaires ukrainiens, contraints de céder du terrain presque tous les jours, étaient dubitatifs. La décision américaine "vient probablement trop tard", a ainsi confié à l'AFP l'un d'eux, servant dans la zone de Pokrovsk, un noeud logistique de l'est de l'Ukraine dont les Russes se rapprochent de jour en jour.

Zelensky dit visiter ses troupes à Pokrovsk, sur la ligne de front

Moscou a d'ailleurs revendiqué lundi la conquête d'un nouveau village, celui de Novooleksiïvka, situé à 15 kilomètres environ au sud de Pokrovsk. Une région où le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit lundi s'être rendu. "Pokrovsk. J'ai visité l'emplacement de la 25e brigade aéroportée (...) qui défend la ville", a-t-il raconté sur Telegram. "C'est une zone tendue. Ce n'est que grâce à la force des soldats que l'Est n'est pas complètement occupé par la Russie", a-t-il ajouté.

Par ailleurs, selon plusieurs médias, le feu vert américain pourrait se limiter à des frappes contre la région russe de Koursk partiellement contrôlée par l'armée ukrainienne et où les troupes nord-coréennes seraient déployées.

En septembre, Vladimir Poutine avait averti qu'une telle mesure de la part des Occidentaux "ne signifierait rien de moins qu'une implication directe des pays de l'Otan dans la guerre en Ukraine". "Les coordonnées des cibles ne sont pas fournies par les militaires ukrainiens mais par des spécialistes de ces pays occidentaux", a fait valoir lundi son porte-parole. Le gouvernement de Joe Biden a été le principal soutien de l'Ukraine, lui permettant de résister aux troupes russes depuis l'invasion déclenchée en février 2022.

Frappe meurtrière à Odessa, dix morts selon un dernier bilan

La pérennité de ce soutien de Washington a été mise en doute par l'élection à la présidence de Donald Trump dont les déclarations de campagne font craindre à Kiev et à ses soutiens qu'il ne cherche à faire faire à l'Ukraine des concessions inacceptables pour elle. Moscou, dont les troupes avancent sur de multiples segments du front, a prévenu que toute discussion sur un arrêt des combats ne pourrait s'appuyer que sur les "nouvelles réalités territoriales".

Peu avant les élections américaines du 5 novembre, la Russie a commencé à intensifier ses frappes meurtrières sur les zones civiles chez son voisin, une tactique considérée par beaucoup à Kiev comme une tentative de briser l'esprit des Ukrainiens, épuisés par bientôt trois ans de guerre, dans l'optique d'éventuelles négociations.

Un tir de missile russe a ainsi causé la mort d'au moins dix civils et fait 43 blessés lundi en plein jour à Odessa, une ville portuaire située sur la mer Noire, loin de la ligne de front, ont déploré les autorités locales. Sur de premières images prises par des témoins et diffusées par des chaînes d'information sur Telegram, on peut voir des corps sur le sol, des véhicules en feu et un immeuble enveloppé de poussière et de fumée. "Ces frappes démontrent une chose (...), la Russie n'est intéressée que par la guerre", a réagi sur Telegram le président Zelensky.

Dimanche déjà, 11 Ukrainiens dont deux enfants ont péri dans le bombardement d'un immeuble d'habitation à Soumy, une ville du nord-est de l'Ukraine. Le pays a en outre subi une nouvelle attaque massive russe contre ses installations énergétiques. Cette dernière ayant infligé des dégâts importants au réseau, les autorités ukrainienne ont annoncé lundi des coupures d'électricité pour la population, une première depuis des mois.