D'après Moscou, il faudra deux mois aux autorités russes pour remettre en état le pont de Crimée, fortement endommagé après l'explosion d'un camion piégé. Si la circulation routière et ferroviaire a bien repris sur le pont, cette attaque, au-delà du côté stratégique, est aussi symbolique pour Vladimir Poutine.
Ce pont est l'incarnation des visions du chef du Kremlin. Sur le plan géostratégique, après l'annexion de la Crimée, le Maître du Kremlin décide de la construction du pont au mépris du droit international. Il permet de privatiser la mer d'Azov aux dépens de l'Ukraine, dont les bateaux sont saisis à plusieurs reprises par les autorités russes.
Un objet poutinien
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Sur le plan personnel, le pont est aussi un objet poutinien typique. Vladimir Poutine a présidé les deux inaugurations du pont, celle de 2018 pour les voies routières et puis celle de 2019 pour le chemin de fer. Le bénéficiaire des 3 milliards de la construction s'appelle Arkady Rotenberg, ami intime du chef du Kremlin, devenu multimilliardaire grâce à de généreux contrats publics signés sans appel d'offres, dont celui du pont de Crimée. Dans le système Poutine, le fait accompli est nécessaire aux yeux du monde et aux yeux des hommes forts de Russie pour s'assurer de leur soutien.