Donbass 1:35
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avec AFP , modifié à
Au 145e jour de l'invasion russe en Ukraine, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne vont débattre à Bruxelles d'un durcissement des sanctions contre Moscou, les salves successives adoptées jusqu'à présent ayant isolé et durement frappé économiquement la Russie, sans la faire reculer ou renoncer à son invasion lancée le 24 février.
L'ESSENTIEL

Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a appelé lundi ses homologues de l'UE à ne pas céder à Vladimir Poutine sur les sanctions contre la Russie, car "reculer et se plier à ses exigences ne fonctionnera pas, c'est un piège".

"Le véritable objectif de Poutine est la paupérisation de l'Europe. Il veut retourner l'opinion publique contre les gouvernements en place, dans l'espoir de les remplacer par des forces radicales qui seraient plus favorables à la Russie", a-t-il averti dans une adresse à ses homologues réunis à Bruxelles.

Les principales informations : 

  • Céder sur les sanctions serait tomber dans le "piège" de Poutine, avertit Kiev
  • Six morts dans un bombardement russe à Toretsk (est), selon les autorités ukrainiennes
  • L'UE veut durcir les sanctions envers la Russie
  • La reprise des exportations de céréales d'Ukraine est "une question de vie ou de mort", affirme Josep Borrell
  • Volodymyr Zelensky a limogé la procureure générale et le chef des services de sécurité du pays
  • H&M va se désengager de Russie
  • La justice russe inflige 360 millions d'euros d'amende à Google à cause de contenus sur l'Ukraine

Six morts dans un bombardement russe à Toretsk (est), selon les autorités ukrainiennes

Six personnes ont été tuées dans un bombardement russe à Toretsk, ville du Donbass, dans l'est de l'Ukraine, a annoncé lundi le service d'État ukrainien des Situations d'urgence. "Un immeuble a été détruit par un obus à Toretsk bombardée dans la matinée. Les sauveteurs ont récupéré cinq corps.

Trois personnes ont été dégagées des décombres dont une est décédée à l’hôpital", selon un communiqué posté sur la page Facebook accompagné de photos de décombres. L'opération de secours s'est achevée lundi matin, selon la même source.

Outre le Donbass, épicentre de l'offensive russe, des bombardements ont également été signalés lundi matin à Mikolaïv (sud) ainsi que dans les régions de Kharkiv (nord-est) et de Dnipropetrovsk (centre-est). 

"Bombardements massifs"

Donetsk, l'une des deux provinces du Donbass, a été ciblée par "les Russes (qui) continuent de bombarder les infrastructures civiles, en particulier les établissements d'enseignement", a déclaré le gouverneur de la région, Pavlo Kyrylenko. Les séparatistes prorusses qui tiennent une partie de la même région depuis 2014 ont de leur côté accusé les forces ukrainiennes d'avoir tiré 60 roquettes avec des lance-roquettes multiples Grad sur un quartier de la ville de Donetsk.

"Des immeubles d'habitation ont été touchés", ont-ils affirmé, publiant des images de bâtiments réduits en ruines, sans faire état de victimes. Au nord-est, des missiles ont frappé dans la nuit de samedi à dimanche Kharkiv, la deuxième ville du pays, proche de la frontière russe. D'autres frappes ont visé Mykolaïv, ville du sud proche de la mer Noire, et des villages de la région, selon Vitaliy Kim, le gouverneur local.

Dans la nuit de dimanche à lundi, le maire de cette ville, Oleksandr Senkevych, a écrit sur Telegram : "Encore un bombardement massif de Mykolaïv. On entend de puissantes explosions. Environ dix ont été entendues jusqu'à présent."

De nouvelles sanctions européennes ?

Lundi, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne vont débattre à Bruxelles d'un durcissement des sanctions contre Moscou, les salves successives adoptées jusqu'à présent ayant isolé et durement frappé économiquement la Russie, sans la faire reculer ou renoncer à son invasion lancée le 24 février. Ils doivent se pencher sur deux propositions de la Commission européenne d'interdire les achats d'or à la Russie pour aligner les sanctions de l'UE sur celles de ses partenaires du G7, et d'inscrire de nouvelles personnalités russes sur la liste noire de l'UE.

"Moscou doit continuer à payer le prix fort pour son agression", a déclaré vendredi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, après avoir transmis les nouvelles mesures aux Vingt-Sept. L'armée russe a d'ores et déjà perdu 50.000 hommes, morts ou blessés, et des milliers de blindés, selon le chef d'état-major des armées britannique, l'amiral Tony Radakin, soit "plus de 30% de son efficacité au combat terrestre".

Pour autant, "le défi que pose la Russie va durer", a-t-il averti, soulignant que miser sur un problème de santé de Vladimir Poutine ou "qu'il finisse par se faire assassiner" relevait du "vœu pieux". Le maître du Kremlin a affirmé au début du mois que l'armée russe n'avait "pas encore commencé les choses sérieuses", et son ministre de la Défense Sergueï Choïgou a ordonné la semaine passée d'"accroître encore" la pression militaire.

Trois jours à peine après des frappes au missile de croisière qui ont dévasté le centre de Vinnytsia, à des centaines de kilomètres du front, faisant au moins 24 morts dont des enfants et suscitant de la part de l'Union européenne la dénonciation d'un "comportement barbare", les bombardements continuent. La Russie a annoncé samedi avoir officiellement mis fin à la "pause opérationnelle" de son armée décrétée il y a huit jours, et les bombardements ont repris avec plus d'intensité dans le Donbass (est), dont le contrôle total est le principal objectif à court terme de Moscou.

La reprise des exportations de céréales d'Ukraine est "une question de vie ou de mort", affirme Borrell

La reprise des exportations de céréales depuis l'Ukraine est une "question de vie ou de mort" et nous avons "espoir" qu'un accord soit trouvé cette semaine pour débloquer le port d'Odessa, a déclaré lundi le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell. "La vie de (...) dizaines de milliers de personnes dépend de cet accord" en train d'être négocié entre la Russie, l'Ukraine, la Turquie et les Nations Unies, a-t-il expliqué à son arrivée à Bruxelles pour une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE consacrée à la guerre en Ukraine.

Le projet d'accord vise à faire sortir par la mer Noire quelque 20 millions de tonnes de céréales bloquées dans des silos ukrainiens à cause de l'offensive menée par Moscou. Il doit aussi faciliter les exportations russes de céréales et d'engrais, affectées par les sanctions occidentales qui frappent les chaînes logistiques et financières russes. La Russie a annoncé un "document final" pour une réunion organisée cette semaine par la Turquie.

Zelensky a limogé la procureure générale et le chef des services de sécurité du pays

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a limogé la procureure générale et le chef des services de sécurité du pays en raison de soupçons de trahison de certains de leurs subordonnés au profit des Russes, alors que s'ouvre lundi une réunion de l'UE visant à renforcer les sanctions contre Moscou. "J'ai pris la décision de relever de leurs fonctions la procureure générale" Iryna Venediktova, "et le chef des services de sécurité" (SBU) Ivan Bakanov, a déclaré Volodymyr Zelensky dimanche soir, alors que la Russie poursuit ses bombardements sur plusieurs villes ukrainiennes.

Les autorités ukrainiennes enquêtent sur plus de 650 cas de soupçons de trahison de responsables locaux, dont 60 dans les zones occupées par les forces russes et prorusses, a-t-il ajouté dans son adresse du soir. "Un si grand nombre de crimes contre les fondations de la sécurité nationale et les liens établis entre des responsables ukrainiens en charge de l'application des lois et les services spéciaux russes posent des questions très sérieuses aux dirigeants concernés. Chacune de ces questions recevra une réponse", a-t-il poursuivi.

Iryna Venediktova a notamment dirigé l'enquête sur les atrocités présumées commises au début de l'invasion par les forces russes dans la ville de Boutcha, banlieue au nord-ouest de Kiev, devenues aux yeux de l'Occident un symbole des "crimes de guerre" russes en Ukraine.

H&M va se désengager de Russie

Le géant suédois de l'habillement Hennes & Mauritz (H&M), qui avait déjà suspendu ses ventes en Russie après l'invasion de l'Ukraine, a annoncé lundi qu'il allait se désengager progressivement de ce pays, où il emploie 6.000 personnes. "Après mûre réflexion, nous voyons qu'il est impossible de continuer notre activité en Russie compte tenu de la situation", a déclaré la directrice générale du groupe, Helena Helmersson, dans un communiqué.

Dans le cadre de son désengagement du marché russe, H&M prévoit de rouvrir temporairement ses magasins, fermés début mars quelques jours après le début de l'invasion de l'Ukraine, afin de vendre son inventaire restant. Établi en Russie depuis 2009, H&M y compte environ 6.000 employés. "Nous sommes profondément attristés de l'impact que cela aura sur nos collègues et nous leur sommes très reconnaissants pour tout leur dur travail et leur dévouement", a ajouté Helena Helmersson.

Selon le groupe, ce retrait devrait lui coûter un total de deux milliards de couronnes suédoises (environ 189 millions d'euros), en incluant une réduction de ses liquidités d'environ un milliard de couronnes. Les pertes seront imputées sur les comptes du troisième trimestre, a-t-il précisé.

Après l'invasion de l'Ukraine, plusieurs grandes entreprises suédoises avaient temporairement interrompu leurs activités en Russie. Le constructeur Volvo avait ainsi arrêté les ventes et la production dans son usine de Kalouga, au centre de la Russie, tandis que le géant de la communication Ericsson avait annoncé qu'il cesserait ses livraisons aux clients russes. Le géant de l'ameublement Ikea a aussi décidé de "réduire ses activités en Russie et au Bélarus", déjà suspendues après le début de l'offensive.

Arrestation d'une journaliste russe

Le président Zelensky a par ailleurs de nouveau critiqué dimanche la décision canadienne, prise la semaine dernière, de permettre le retour en Europe de turbines réparées au Canada et destinées au gazoduc russe Nord Stream. Il a indiqué avoir dit au Premier ministre canadien Justin Trudeau, qu'il a eu au téléphone dans la journée, que les Ukrainiens n'accepteraient jamais cette décision qui viole selon lui le régime des sanctions contre la Russie.

"C'est une question de respect des sanctions. S'il y a une violation maintenant, cela ne tardera pas avant qu'il y en ait d'autres", a ajouté le président en accusant la Russie de pratiquer un chantage au gaz et en soulignant qu'il y avait d'autres moyens d'acheminer le gaz russe en Europe. En Russie, la journaliste russe Marina Ovsiannikova, devenue célèbre après son irruption en direct à la télévision avec une pancarte critiquant l'offensive de Moscou en Ukraine, a été interpellée dimanche, ont indiqué son entourage et son avocat.

Aucune déclaration officielle n'a été faite sur les raisons de son interpellation, mais celle-ci intervient quelques jours après que Marina Ovsiannikova a manifesté seule près du Kremlin en brandissant une pancarte critiquant l'intervention militaire en Ukraine et le président Poutine. La guerre en Ukraine entrera le 24 juillet dans son sixième mois et il n'existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit jusqu'à présent.