C'est avec "une grande tristesse" mais sans avoir "d'autre choix" qu'il a pris la décision de se mettre en retrait de la monarchie britannique, a finalement confié dimanche soir le prince Harry dans un discours aux accents intimes. "La décision que j'ai prise pour ma femme et moi n'a pas été prise à la légère", s'est justifié dimanche le duc de Sussex auprès des invités d'un dîner de charité à Londres.
Dans cette première prise de parole publique sur le sujet depuis l'annonce de sa mise en retrait, il s'est excusé de ne "pas avoir toujours bien fait les choses", sans préciser lesquelles. "Nous espérions continuer à servir la reine, le Commonwealth et mes associations militaires, mais sans financement public. Malheureusement, cela n'a pas été possible", a-t-il expliqué.
"Ils ne sont plus membres actifs de la famille royale"
Harry, 35 ans, et son épouse Meghan, 38 ans, avaient révélé le 8 janvier qu'ils souhaitaient prendre leur indépendance financière et s'installer en Amérique du Nord avec leur fils Archie. Sans avoir prévenu la grand-mère et le père de Harry, Elizabeth II et le prince Charles. Si le duc et la duchesse de Sussex souhaitaient initialement garder un pied dans la famille royale, la reine les a vite détrompés en annonçant samedi soir qu'ils devraient renoncer à utiliser "leur titre d'altesse royale, étant donné qu'ils ne sont plus des membres actifs de la famille royale".
Pour l'expert en protocole de la famille royale Alastair Bruce, interrogé par le Sun, la reine a réglé la question d'une "poigne de fer" et l'abandon du titre d'altesse royale équivaut à "une abdication", puisque Harry se retrouve ainsi rétrogradé au même rang que trente autres ducs britanniques.
Ils devront rembourser certaines dépenses publiques
Si le couple conservera ses titres de duc et duchesse de Sussex, il renonce en revanche à son allocation royale et devra rembourser certaines dépenses publiques dont il a bénéficié, notamment les 2,3 millions d'euros employés à rénover leur résidence au Royaume-Uni. "C'est absolument sans précédent", a estimé dans le Sun Dickie Arbiter, ancien secrétaire de presse royal, notant qu'"aucun membre de la famille royale n'a jamais remboursé de l'argent", même ceux qui avaient déjà été privés de leur statut d'altesse royale. Le Daily Telegraph a affirmé que face au coût du changement radical de vie du couple, le prince Charles allait soutenir financièrement son fils pendant au moins un an. L'argent doit "venir de ses revenus tirés d'investissements privés", selon le journal.
La décision d'Elizabeth II marque ainsi un tournant dans l'histoire d'une des plus anciennes institutions britanniques, ouvrant une ère de nouveau fonctionnement resserré autour de la branche aînée uniquement. Le prince Charles, qui se prépare à prendre la suite de sa mère âgée de 93 ans, avait déjà fait part de sa volonté de "ramener (la famille) à un noyau de membres haut placés qui travaillent à plein temps".
"J'aurai toujours le plus grand respect pour ma grand-mère"
D'un point de vue affectif, "Harry, Meghan et Archie resteront des membres très chers de ma famille", a cependant souligné Elizabeth II. "J'aurai toujours le plus grand respect pour ma grand-mère, mon commandant en chef", lui a répondu dimanche soir le duc de Sussex, ému. Les décisions du palais doivent prendre effet au printemps.
Les tabloïds, qui les accusaient de "vouloir le beurre et l'argent du beurre", se sont félicités du fait que le duc et la duchesse, désormais délivrés de leurs "obligations royales", ne pourraient plus "formellement représenter la reine". Le Sunday Mirror s'est félicité que "la reine ordonne un Megxit dur", en référence au Brexit prévu pour le 31 janvier.
La relation houleuse du couple avec les journaux britanniques, que Harry a qualifiés de "force puissante" dans son discours dimanche, a pesé dans sa décision de se mettre en retrait. Accusée de racisme envers l'actrice américaine métisse, la presse à sensation attaquait régulièrement Meghan avec des articles au vitriol.