On pouvait les croire préoccupés par le sort de la Grèce. Pas seulement. Les dirigeants de l'Union européenne réunis de jeudi 16 heures jusqu'à 3 heures du matin, se sont aussi penchés sur le sort des demandeurs d'asile. Le président du Conseil italien s'est d'ailleurs emporté : "Ou vous êtes solidaires, ou ne nous faites pas perdre notre temps", a-t-il lancé. Depuis le début de l’année, plus de 100.000 personnes sont arrivées en Italie et en Grèce via la Méditerranée. Comment les accueillir ? Comment les répartir ? Les chefs d'Etat se sont affrontés sur la question pour, finalement, décider de ne pas retenir l'idée de quotas obligatoires.
"Chacun ses problèmes". Les chefs d'états européens se sont surtout déchirés sur deux mots, "obligatoire" ou "volontaire". D'un côté, la commission qui voulait un mécanisme obligatoire de répartition entre pays par un système de quotas. De l'autre, beaucoup d'Etats, à l'est du continent surtout, qui penchaient plutôt pour une répartition sur une base volontaire.
Une ambiance exécrable. La discussion a duré sept heures dans une ambiance exécrable. Le chef de gouvernement italien Matteo Renzi a piqué une grosse colère. "Si c'est ça votre idée de l'Europe, gardez-la", s'est-il exclamé. Dalia Grybauskaité, la présidente de la Lituanie lui a répondu : "chacun ses problèmes". Ambiance.
François Hollande a reconnu aussi que les négociations étaient compliquées. "Si ça été long, c'est parce qu'on sait bien que ces questions sont particulièrement délicates et qu'il y a pour les pays d'Europe de l'Est, en plus, la crainte qu'il y ait des réfugiés qui ne viennent pas simplement que du Sud mais aussi de l'est". La Slovaquie, la Hongrie, la Pologne et la République tchèque se sont montrées en effet particulièrement opposées à l'idée de quotas de Syriens et d’Eyrthréens ayant traversé la Méditerranée. La France elle était officiellement favorable à l’idée d’une répartition contraignante, même si elle contestait le système de calcul établi par la Commission.
Un Juncker bec et ongle pour les quotas. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, s'est pourtant battu pour que sa proposition survive. Mais Donald Tusk, l’ancien Premier ministre polonais actuellement président du Conseil européen, refusait de conclure tant qu’il n’avait pas laché. L’ancien dirigeant luxembourgeois, qui sortait déjà d’une quasi-nuit blanche de négociation sur la Grèce n'a pas apprécié : "je suis réveillé mais fatigué et lorsque vous êtes fatigué, vous ne prenez pas les bonnes décisions, alors je m'inscris en faux contre ces méthodes de travail" s’est-il agacé à 3h30 du matin.
Rendez-vous les 9 et 10 juillet prochain. Les pays de l'Union européenne accueilleront bien 40.000 demandeurs d'asile mais sur une base volontaire. Donald Tusk a quand même tenu à préciser que cette décision "ne pourra être crédible qu'à la condition que les Etats prennent des engagements crédibles et significatifs d'ici à la fin du mois de juillet". Les ministres européens de l’Intérieur en reparleront les 9 et 10 juillet prochains . Juncker, plein d'amertume, a dit regretter d'avoir passé autant d’heures sur sur cce sujet pour un résultat si "modeste".