La croissance du PIB de l'Irlande en 2015 a été révisée au niveau incroyable de 26,3% mardi, laissant bouche bée nombre d'analystes, qui mettaient en avant le caractère très volatile des données en provenance de l'île.
Championne de l'UE. L'Office central des statistiques (CSO) a créé la surprise en annonçant ses statistiques trimestrielles de la croissance du pays. L'activité irlandaise a nettement rebondi ces toutes dernières années, après avoir plongé pendant la crise financière internationale, et l'Irlande est redevenue l'économie la plus dynamique de l'Union européenne.
26,9% contre 7,8% de croissance. D'après les chiffres publiés en mars, la croissance irlandaise avait atteint le niveau déjà très enviable de 7,8% en 2015, dopée par les secteurs industriels et de la construction. Mais personne ne s'attendait à ce que le CSO ne publie mardi une révision de cette donnée annuelle... annoncée désormais au niveau quasi irréel de 26,3%.
Fiscalité attractive. L'office a expliqué avoir constaté "une augmentation du nombre d'avions importés en Irlande pour des activités de location d'appareil" et "une augmentation énorme de la masse de capitaux d'entreprises" référencé dans le pays. Jack Allen, analyste chez Capital Economics, a souligné qu'il s'agissait notamment du reflet de jeux comptables d'entreprises qui délocalisent leur siège en Irlande pour y bénéficier d'une fiscalité attractive (12,5% d'impôt sur les sociétés seulement, par exemple). "Le capital de ces entreprises est dès lors transféré dans le bilan de l'Irlande, ce qui dope son PIB", a-t-il précisé.
Distorsions du PIB. Cette révision en hausse a été tellement spectaculaire pour 2015 qu'en conséquence, l'évolution du PIB au premier trimestre de 2016 a été mesurée comme négative, avec un repli de 2,1% par rapport au niveau du quatrième trimestre 2015. "Au-delà des distorsions importantes des données du PIB irlandais, les statistiques publiées aujourd'hui laissent penser que l'économie continue de bien s'y porter", a relativisé Jack Allen. Il a notamment mis en avant la croissance toujours dynamique de la consommation des ménages, non exposée aux facteurs volatils ou aux jeux comptables. La consommation a en effet progressé de 2,1% au premier trimestre par rapport au quatrième trimestre de 2015.
Au-delà et à l'avenir, Jack Allen a jugé que l'économie irlandaise pourrait peut-être bénéficier d'un report d'investissements d'entreprises rebutées par le Royaume-Uni à cause du Brexit.