La terre a de nouveau tremblé, dimanche, à Lombok en Indonésie. De nouveaux séismes, dont l'un de magnitude 6,9, ont secoué l'île touristique indonésienne, tuant au moins dix personnes et provoquant des scènes de panique quelques semaines après deux puissants tremblements de terre qui avaient fait près de 500 morts. Comment expliquer que cette île soit autant secouée ? Peut-on considérer que les séismes de dimanche sont des répliques des tremblements de terre du 29 juillet et du 5 août ? Robin Lacassin, géologue et Yann Klinger, directeur de recherche au CNRS, qui travaillent tous les deux à l’Institut de physique du Globe de Paris, nous éclairent.
Pourquoi la terre tremble-t-elle à Lombok ?
Cela s'explique par l'emplacement même de l'île. L'Indonésie, un archipel de 17.000 îles et îlots, se trouve à la limite entre deux grandes plaques tectoniques, la plaque Australie-Inde au sud et la plaque de la Sonde au nord. "Or, ces deux plaques se rapprochent à une vitesse de 7 à 8 centimètres par an, donc la croûte terrestre est soumise à de très fortes contraintes", explique Yann Klinger. "De manière générale, la plaque australe passe sous la plaque de la Sonde mais à force de contacts et de frottements, des forces s'accumulent. Au bout d'un moment, ça se relâche et cela crée un tremblement de terre".
L'activité sismique actuelle est donc relativement "normale", estiment les spécialistes, qui précisent que les tremblements de terre en question ne sont d'ailleurs pas considérés comme de gros séismes. "On parle plutôt de séismes de puissance moyenne. En terme d'énergie, c'est 30 à 60 % moins puissant que les séismes qui avaient touché l'Indonésie en 2004 avec une magnitude de 9,1 et 9,3", pointe Yann Klinger. "Cette fois, ce sont des failles secondaires qui sont touchées. Les séismes sont peu profonds. Néanmoins, ils affectent les gens car ils se sont produits à distance assez faible des îles et des lieux de vie", confirme Robin Lacassin.
Il est difficile de savoir exactement ce qui provoque les failles de plaques autrement que par une accumulation des tensions sismiques. "Le problème aujourd'hui est que notre fenêtre d'observation est courte. On manque de recul pour savoir si des séismes se sont produits depuis des centaines d'années", regrette Yann Klinger. "Mais on peut imaginer dans un futur proche que l'on pourra déduire plus facilement si la probabilité d'un séisme est forte ou non en fonction de l'activité sismique d'une région dans le temps."
Le séisme de dimanche (de magnitude 6,9) est-il une réplique du séisme de début août ?
A priori non, estiment le chercheur et le géologue. Ils y voient plutôt un nouveau séisme. "Au vu de la magnitude (6,9), il est probablement plus adapté de parler de séquence de séismes", détaille Robin Lacassin. Les répliques, elles, surviennent à la suite d'un séisme d'envergure et dans la même zone. "Ce sont des réactions du milieu. Elle servent à relâcher une partie des forces autour de la zone qui a rompu", précise Yann Klinger. "C'est comme si l'on essayait de casser une branche de bois et que celle-ci ne se rompait pas de manière nette. Il y a la cassure principale et autour de la branche des petites fissures dues aux fibres de bois. Ce sont les répliques."
Est-ce que les répliques sont systématiques ?
Oui. Chaque séisme est accompagné de son cortège de répliques. À Lombok, on peut donc s'attendre encore à de nouvelles secousses. Mais de manière générale, celles-ci sont toujours de plus faibles magnitudes. "Selon une règle empirique, on déduit qu'un séisme de magnitude X est suivi d'une réplique de magnitude X-1, d'une dizaine de répliques de magnitude X-2 et d'une centaine de magnitude X-3", pointe le directeur de recherche au CNRS.
Peut-on s'attendre à d'autres tremblements de terre dans les prochaines semaines ?
En général, il faut du temps pour qu'un deuxième tremblement de terre majeur se produise, en raison de l'énergie libérée. Mais comme un deuxième séisme d'envergure vient de se produire on peut s'attendre à toutes les options, estime Yann Klinger. "C'est impossible à dire", acquiesce Robin Lacassin. "Mais comme nous sommes dans une séquence avec des gros chocs, on peut imaginer qu'il pourrait y en avoir d'autres. La zone est sous tension. Elle est affectée par des forces tectoniques qui sont bouleversées."