Une femme indonésienne a été condamnée mardi à 18 mois de prison après s'être plainte du bruit de la mosquée de son quartier au moment de l'appel à la prière, dernière condamnation en date en vertu d'une loi controversée sur le blasphème.
Meiliana, bouddhiste d'origine chinoise habitant dans ce pays à majorité musulmane, a été reconnue coupable d'insulte à l'islam pour avoir demandé à la mosquée locale de baisser le volume des haut-parleurs diffusant l'appel à la prière car ceux-ci étaient trop bruyants et "faisaient mal" à ses oreilles.
Une décision "arbitraire". Le tribunal de la ville de Medan, sur l'île de Sumatra, a estimé que les commentaires de celle-ci il y a deux ans avaient déclenché des émeutes qui ont mené au pillage de plusieurs temples bouddhistes. Certaines personnes d'origine chinoise avaient alors fui la zone. La défense a indiqué vouloir faire appel de la décision, et Amnesty International a exhorté les tribunaux de plus haute instance à l'annuler.
"Condamner quelqu'un à 18 mois de prison pour quelque chose de si trivial est une flagrante démonstration de l'application de plus en plus arbitraire et répressive de la loi sur le blasphème", a estimé le directeur de la branche indonésienne de l'organisation non-gouvernementale, Usman Hamid, précisant que ce verdict est "une violation flagrante de la liberté d'expression".
Un appel à la prière diffusé dans quelque 800.000 mosquées indonésiennes. Quelque 800.000 mosquées diffusent l'appel à la prière cinq fois par jour dans les plus grandes villes comme les plus petits villages de l'archipel, qui abrite la plus importante population de musulmans au monde.