Industrie, migrations, logement : Ursula von der Leyen cherche à convaincre les eurodéputés

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avec AFP
Ursula von der Leyen s'est efforcée jeudi de convaincre les eurodéputés de lui accorder un second mandat à la tête de la Commission, en développant une vaste feuille de route. Elle reste la favorite du scrutin. 

Ursula von der Leyen s'est efforcée jeudi de convaincre les eurodéputés de lui accorder un second mandat à la tête de la Commission, en développant une vaste feuille de route pour sécuriser une possible majorité des Verts au parti de Giorgia Meloni. Devant le Parlement européen réuni à Strasbourg, la dirigeante allemande a tenté durant près d'une heure à répondre aux attentes, parfois contradictoires, des divers groupes politiques. Elle s'est engagée à renforcer massivement les investissements sur l'industrie de défense --à laquelle un commissaire sera dédié-- et sur les technologies critiques de la transition, avec un souci de "neutralité technologique" pour ne pas disqualifier le nucléaire.

Le PPE, première force au Parlement

Mais elle a aussi affiché ses priorités socio-environnementales: application "pragmatique" du Pacte vert, objectif climatique 2040 ambitieux (-90% d'émissions), "plan logement abordable" avec commissaire chargé de cette question, protection des ressources d'eau. Prônant de longue date une "Commission géopolitique", l'ex-ministre allemande a plaidé pour "une Europe forte" dans une "période de grande anxiété et d'incertitude". Elle se veut gage de stabilité face aux tensions mondiales : contentieux commerciaux avec Pékin, possible retour de Donald Trump, guerres en Ukraine et à Gaza...

Après le feu vert des Vingt-Sept fin juin, Ursula von der Leyen, 65 ans, doit désormais s'assurer le soutien d'au moins 361 des 719 eurodéputés présents pour décrocher un nouveau mandat de cinq ans à la tête de l'exécutif européen, où elle s'est imposée depuis 2019 à travers les crises. Suite aux élections de juin, le Parti populaire européen (PPE, droite), dont elle est issue, reste la première force du Parlement (188 élus). Les sociaux-démocrates (S&D) occupent 136 sièges et les libéraux (Renew) 77. La grande coalition réunissant ces trois partis serait ainsi suffisante.

Mais des défections sont attendues dans leurs rangs et l'issue du scrutin, qui aura lieu à bulletins secrets à partir de 13H00 (11H00 GMT), s'annonce serrée sur fond de poussée de l'extrême droite. En 2019, elle avait été élue avec 9 voix d'avance. Pour sécuriser la majorité absolue, Ursula von der Leyen lorgne le soutien des écologistes (53 sièges) : elle a promis des plans pour l'adaptation climatique et le "Pacte pour l'océan" qu'ils réclamaient.

"Majorité pro-européenne contre l'extrême droite"

"Pour maintenir notre prospérité, il faut investir massivement pour verdir nos industries (...) nous avons accepté des compromis (..) mais ce qui est crucial aujourd'hui est de maintenir une majorité pro-européenne contre l'extrême droite", a réagi la co-dirigeante Verte Terry Reintke. "Le discours reprend nos priorités : véritable Europe de la Défense, préférence européenne pour nos entreprises, justes prix pour les agriculteurs (...) pour construire une véritable puissance européenne", a commenté pour sa part Pascal Canfin (Renew).

Von der Leyen a aussi réaffirmé dans un programme écrit sa défense de l'usage de carburants automobiles synthétiques après 2035 et insiste sur les intérêts des agriculteurs, des revendications-clé des conservateurs. Enfin, elle promet de renforcer Frontex, l'agence de l'UE chargée des frontières, et de tripler le nombre de gardes frontières et garde-côtes : des gages donnés au PPE, mais aussi au groupe d'extrême droite ECR associé à la dirigeante italienne Giorgia Meloni.

Elle pourrait de facto avoir besoin d'une partie des 78 élus ECR, même si toute coopération assumée avec ce groupe reste une ligne rouge pour les libéraux, socialistes et Verts. À l'inverse, l'autre groupe d'extrême droite "Patriotes pour l'Europe", réunissant Rassemblement national et Fidesz (Hongrie) avec des positions réticentes au soutien à l'Ukraine, reste exclu de toute majorité potentielle.

 

Ne pas "jouer le jeu" de Poutine

Ursula von der Leyen a accusé jeudi le Premier ministre hongrois Viktor Orban de "jouer le jeu" de Vladimir Poutine et proposé un "bouclier européen de la démocratie (...) contrer les manipulations de l'information et ingérences étrangères".

"Les peuples d'Europe ont dit leur refus d'une écologie punitive, de l'immigration de masse (...) Ce cri du cœur ne peut rester sans réponse", a répliqué le président des "Patriotes" Jordan Bardella, qui avait voté la veille contre une résolution condamnant la visite de Viktor Orban à Moscou. Autre incertitude : l'impact du verdict de la justice de l'UE épinglant mercredi Bruxelles pour son manque de transparence dans les achats de vaccins anti-Covid négociés avec les laboratoires.