Il avait déjà tenté de mettre la main à la fin des années 2010 sur des mosquées franciliennes, sous prétexte qu’elles ne respectaient par les horaires de la prière. Ce Français de 47 ans, né en Syrie, est une vieille figure de l’islam fondamentaliste de la région parisienne, surtout connu pour ses obscures relations avec des cheikhs saoudiens.
La loi sur le séparatisme l’empêche désormais, au vu de son pédigré, de financer et de développer des structures sur le territoire Français. Mais depuis Dubaï, où il réside désormais, il dispense chaque samedi des cours en français à destination d’étudiants en sciences religieuses. Après les attaques du 7 octobre, il a condamné "les exactions israéliennes à Gaza" et comparé la communauté musulmane à une maladie "en état léthargique", reprochant aux fidèles de ne pas "intervenir pour faire cesser ces agissements".
Doubler la capacité d’accueil à Bamako
Selon les informations d’Europe 1, cet imam rigoriste est à la manœuvre derrière le vaste projet d’agrandissement de "l’institut Sounnah" de Bamako au Mali, un centre d’enseignement qui dispense surtout des cours en ligne. La capacité d’accueil de la structure est aujourd’hui d’une vingtaine d’enfants et d’une soixantaine d’adultes.
>> LIRE AUSSI - Polémique autour des propos de l'imam de la Grande mosquée de Paris : la page est-elle tournée ?
L’ambition de l’imam français est de doubler voire tripler cette capacité d’accueil. Fin décembre, l’association a réussi à récolter suffisamment de fonds pour acheter le terrain. Désormais, le projet est d’ériger une mosquée adossée de 800 m². Et d’y placer à la tête une demi-douzaine de Français, pour la plupart des imams radicalisés qui depuis la loi contre le séparatisme n’ont plus de droit de cité dans les structures légales franciliennes.
Filière de recrutement entre Bamako et Paris
La plupart d’entre eux sont inscrits au fichier des radicalisés, le FSPRT, et se retrouvent régulièrement, selon les informations d’Europe 1, à Marrakech au Maroc d’où ils peaufinent leur projet d’installation à Bamako. Certains font des allers-retours en région parisienne pour trouver des nouvelles recrues, principalement issues de la communauté malienne, et les envoyer à Bamako pour y suivre un enseignement à l’islam radical.
>> LIRE AUSSI - La Grande mosquée de Paris dénonce la «libération progressive» d'une parole anti-musulmans
Pour l’heure, ce petit manège est bien connu des services de renseignement intérieurs et extérieurs qui suivent de près la montée en puissance de cette filière malienne. Mais à ce stade, aucune poursuite judiciaire n’a pu être entamée, les relations entre la France et le Mali sont inexistantes depuis l’installation de la junte au pouvoir. Aucune diplomatie, aucune coopération judiciaire. L’illustration aussi que l’islam radical se développe dans la capitale malienne au vu et au su du colonel putschiste Assimi Goïta, lequel a fait libérer l’été dernier deux figures de la filiale de l’État islamique au Sahel.