C’est une nouvelle et énième étape dans l’incessante course-poursuite entre narcotrafiquants et services anti-drogue. Si, historiquement, les ports espagnols ont toujours été des portes d’entrée de la cocaïne en Europe, ils avaient été plus ou moins délaissés par les narcotrafiquants depuis le début des années 2010, au profit des ports de la mer du Nord (Rotterdam, Anvers, Le Havre). Mais face à la pression policière et douanière sur le littoral nordique, la route ibérique semble reprendre de l’essor.
"Transit intense"
C’est ce que relève une récente note de la police judiciaire qu’Europe 1 a consultée. "Plusieurs tendances montrent que l’Espagne, mais aussi le Portugal, sont actuellement affectés par un transit intense de la cocaïne sur leur territoire", écrivent les analystes. Comme en témoignent les récentes saisies notamment au port de Malaga, en février dernier, où 600kg de cocaïne ont été interceptés dans un conteneur de bananes en provenance du Costa Rica. Plusieurs voiliers et navires marchands chargés de cocaïne ont par ailleurs été détectés au large de la Galice.
En mars dernier, un sous-marin vide, mais fortement suspecté d’avoir acheminé de la cocaïne, a même été retrouvé dans la baie d’Aroussa. Même constat au large du Portugal. En mai, 4,2 tonnes de poudre blanche ont été saisies dans le port de Setubal près de Lisbonne dans une cargaison de bananes en provenance de Colombie.
Démantèlement de laboratoires clandestins
Signe que la route de la péninsule ibérique redevient un vecteur d’acheminement privilégié, plusieurs laboratoires clandestins ont été repérés par les services. Selon les informations d’Europe 1, Madrid a ainsi signalé à ses partenaires européens que 11 laboratoires d’extraction secondaire avaient été démantelés entre octobre 2019 et juillet 2021, capables de produire jusqu’à plusieurs centaines de kilos de cocaïne par semaine. Et en avril dernier, la police espagnole a mis fin à la production d’une infrastructure clandestine capable de sortir jusqu’à 200kg de cocaïne par jour.
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La France est considérée par la police judiciaire comme un "pays de destination et de transit" de cette drogue. "C’est pour nous un point de vigilance particulier", confirme une source policière. Les go-fast transitent à nouveau vers les Pyrénées avant de repartir soit vers la capitale et le Nord de la France, soit vers le bassin méditerranéen. Rien qu’en avril dernier, 840kg de cocaïne ont été saisis en deux fois dans des véhicules en région parisienne et au sud de Perpignan. À chaque fois, ils provenaient d’Espagne.