À l'entrée du palais de justice de Valence, des hommes en combinaison blanche multiplient les allées et venus et quelques fourgons transportant des corps arrivent également. Camilia habite l'immeuble juste en face : "On a vu les fourgons qui passent, mais on est très respectueux et on a la pudeur".
"Pour certains corps, on ne pourra jamais les identifier"
De la pudeur face à l'indicible. Carmen est infirmière. Depuis trois jours, elle a tout vu, même le pire : "Il y a beaucoup de corps écrasés. Ils sont méconnaissables et sans leurs papiers sur eux, ce serait impossible de les identifier. Des corps tuméfiés, violets, c'est quelque chose d'indescriptible. Vous voyez dans quel état sont les voitures dans la région ? Et bien, dites-vous que pour les corps c'est pareil. Pour certains corps, on ne pourra jamais les identifier".
Un endroit où quelques familles se rendent fébrilement quand elles sont sans nouvelles de leurs proches : "Ils viennent, mais ils ne disent rien. Ils ne font que pleurer. Certains ont même peur d'entrer ici. Donc, ce qui nous anime quand on voit ça, c'est tout simplement la résignation". Personne ne sait jusqu'à quand ce palais de justice servira de morgue. Ce qui est sûr, c'est que le bilan va continuer à s'alourdir.