Sommé d'agir face aux critiques sur sa gestion jugée hasardeuse des incendies et des inondations qui ont frappé la Grèce cet été, le Premier ministre s'est engagé à augmenter les moyens alloués à la lutte contre les effets du changement climatique. "En l'espace de deux semaines, le pays a connu le plus grand incendie et les plus grandes inondations de l'histoire" de la Grèce, a souligné Kyriakos Mitsotakis lors d'un discours de rentrée samedi soir à Thessalonique, dans le nord de la Grèce.
"La crise climatique nécessite la mobilisation de l'ensemble de la société", a-t-il renchéri dimanche lors de sa traditionnelle conférence de presse en marge de la Foire internationale de Thessalonique. Car "nous sommes dans une sorte de guerre en temps de paix" alors que des inondations ont dévasté début septembre la plaine fertile de Thessalie, dans le centre du pays.
Ces intempéries ont fait 17 morts et englouti sous les eaux des cultures de coton, des arbres fruitiers et tué des centaines de milliers d'animaux sur ces terres de production agricole vitale. Elles ont dévasté un pays touché juste auparavant par le plus grand incendie jamais répertorié dans l'UE, dans le nord-est frontalier de la Turquie, l'Evros.
Vingt-six personnes ont été tuées alors que déjà en juillet, de violents feux avaient notamment ravagé les îles touristiques de Rhodes et de Corfou où des milliers d'évacuations avaient été ordonnées dans la confusion. Face à ces fléaux, le conservateur, confortablement réélu en juin, a promis de doubler à 600 millions d'euros une réserve spéciale pour les catastrophes naturelles dès l'an prochain.
Colère
Il promet également une ristourne de 10% sur la taxe d'habitation à ceux qui assureront leur logis contre les désastres naturels et envisage de rendre obligatoire cette assurance. Le dirigeant n'a pas caché une certaine "confusion des responsabilités" entre les services d'Etat chargés d'intervenir lors de ces pluies diluviennes. "En Thessalie et dans l'Evros, j'ai entendu la colère des citoyens", a assuré le Premier ministre dont le parti Nouvelle Démocratie (ND) s'est adjugé la majorité absolue lors des élections législatives.
Son gouvernement essuie des critiques acerbes de l'opposition et d'habitants victimes des inondations. Beaucoup ont dénoncé la lenteur des secours et l'impréparation face à ces intempéries alors que la Thessalie avait déjà été touchée en 2020 par des pluies diluviennes. Des ratés dans la coopération entre l'armée et la Protection civile dans les heures qui ont suivi la catastrophe ont été pointés du doigt.
Mais le dirigeant a balayé d'un revers de la main les arguments de ses détracteurs. Quiconque pense qu'un autre pays aurait mieux géré la tempête et les gigantesques quantités d'eau qui sont tombées est "dans l'erreur la plus totale", selon lui. "Tous les experts l'ont admis", a-t-il insisté affirmant "ne pas comprendre" les critiques sur un manque de coordination.
Les images diffusées par des médias d'habitants réfugiés sur les toits de leur maison désespérés de voir arriver les secours ont écorné l'image du gouvernement, tout comme les témoignages plein de colère de locaux se disant livrés à leur sort. Des spécialistes ont aussi dénoncé le manque de prévention des incendies en Grèce face à des feux qui se répètent chaque été.
Pas de remaniement
En à peine trois mois de gouvernement, le Premier ministre a vu deux de ses ministres démissionner, dont l'un, chargé de la Protection des citoyens, parce qu'il se trouvait en vacances sur une île de la mer Egée en pleins incendies. Kyriakos Mitsotakis a toutefois martelé dimanche "ne pas avoir l'intention de procéder à un remaniement" de son équipe bien que la presse bruisse de rumeurs en ce sens et que le ministre de la Protection civile et de la Crise climatique, Vassilis Kikilias, soit sur la sellette.
Le gouvernement Mitsotakis porte "d'énormes responsabilités" dans ces intempéries, a dénoncé Effie Achtsioglou, ancienne ministre du Travail et candidate à la présidence du parti de gauche Syriza. Elle a fustigé le fait qu'"aucun travail sérieux de prévention des inondations n'a été effectué". Selon un sondage pour la chaîne de télévision privée Mega, 61% des personnes interrogées ont une image négative du gouvernement.