Inondations, tornades, mégafeux... Qu'est-ce que «l'Europe des sapeurs-pompiers» ?

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Les sapeurs-pompiers de 18 pays européens ont décidé de s'unir et de travailler main dans la main. © ADRIEN NOWAK / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
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avec AFP
Face au dérèglement climatique et à la multiplication de phénomènes extrêmes, les sapeurs-pompiers de 18 pays européens ont décidé de s'unir et de travailler main dans la main en se dotant d'une représentation permanente à Bruxelles : "l'Europe des sapeurs-pompiers".

Un pour tous, tous pour un. Telle est la parade que souhaitent mettre en place les sapeurs-pompiers européens face au dérèglement climatique : travailler main dans la main pour lutter contre des phénomènes extrêmes qui gagnent du terrain. Inondations, tornades, mégafeux... Pour y répondre, les représentants des sapeurs-pompiers de 18 pays de l'Union européenne ont décidé mardi à Paris de resserrer leur lien et leur coopération, notamment en se dotant d'une représentation permanente à Bruxelles.

Créer "l'Europe des sapeurs-pompiers"

L'enjeu : que les pays en première ligne et les plus expérimentés dans la gestion de ces phénomènes puissent partager leur savoir-faire, pour que tous soient en capacité de s'entraider plus efficacement en cas de besoin. 

L'idée était donc de "créer l'Europe des sapeurs-pompiers", résume auprès de l'AFP Jean-Paul Bosland, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF), qui réunissait lundi et mardi le premier sommet européen du genre. "La problématique de ce dérèglement climatique, c'est la répétition des événements d'ampleur, qui nous oblige à mettre beaucoup plus de personnel sur le terrain et travailler tous ensemble", dit-il. Les feux de forêts par exemple, dans une UE où 900.000 hectares de terres ont brûlé en 2022, "ne sont plus réservés aux pays du sud de l'Europe, comme la France, l'Italie, la Grèce". "Avec le dérèglement climatique, l'ensemble de l'Europe va être touchée. Donc on doit anticiper."

"On a des feux d'une intensité qu'on ne connaissait que dans le bassin méditerranéen", a abondé pendant ce sommet le président de l'association allemande des sapeurs-pompiers, Karl-Heinz Banse. Lors de grandes inondations, les débordements du Rhin ou du Danube finissent "par concerner tous les pays le long de ces fleuves, qui risquent d'être dépassés avec leurs seuls moyens" nationaux, illustre-t-il. 

Partager leur savoir-faire et unifier les protocoles

"On doit travailler ensemble parce que nous faisons face aux mêmes risques", d'autant que certains pays sont "démunis" face à des phénomènes nouveaux pour les pays du nord de l'Europe, poursuit l'Allemand. Et il y a urgence à mutualiser cerveaux, bras et machines, estime Emilio Duch Ramos, son homologue espagnol aux Canaries : "Le changement climatique a changé la magnitude, l'intensité, la fréquence, l'impact des feux" de forêts et de végétations, énumère-t-il.

À l'avenir, les sapeurs-pompiers italiens, français ou encore grecs doivent être en mesure de s'intégrer rapidement aux opérations d'urgence de leurs voisins, voire de les coordonner, juge le responsable espagnol. Pour cela, "on doit avoir les mêmes protocoles, sinon on va échouer", a-t-il asséné lors d'une table-ronde sur le sujet.

S'adapter au changement climatique

Pour l'heure, même si l'entraide européenne se généralise, l'efficacité n'est pas toujours au rendez-vous, reprend le lieutenant-colonel Bosland : lors des feux en Gironde, en 2022, il y avait chez les renforts "une méconnaissance de l'organisation et de certaines techniques", euphémise-t-il. "En France, on a de l'expérience sur les feux de forêts. On attaque les feux naissants avec des troupes au sol alliées à des moyens aériens, pour bloquer le feu avant qu'il n'atteigne quatre hectares. L'idée c'est d'acculturer l'ensemble des pays à cette technique française, et prendre d'autres techniques dans d'autres pays, par exemple sur les inondations", poursuit le patron de la FNSPF.

S'adapter au changement climatique passera aussi par "apprendre à lutter avec moins d'eau" et tirer profit de la technologie, par exemple en utilisant des drones dédiés à la surveillance des massifs forestiers, anticipe pour sa part le sapeur-pompier Jean-Marc Bedogni, directeur général de l'Entente pour la protection de la forêt méditerranéenne. "Il faut considérer l'action contre les feux d'espaces naturels comme une priorité écologique", a-t-il réclamé, rappelant les projections des experts du Giec : d'ici 2050, des surfaces ravagées en augmentation de 80%. Sans voir si loin, prévient-il, les mégafeux demandent déjà une réponse, à laquelle "nous ne sommes pas encore prêts".