Après 12 ans d'impasse et 17 jours de négociations intenses, un accord sur le nucléaire iranien a officiellement été signé par toutes les parties, mardi à Vienne. Deux hommes ont grandement participé à cette sortie de crise : John Kerry et Mohammad Javad Zarif. Rien ne semblait pourtant rapprocher le secrétaire d'Etat américain et son homologue iranien. Et pourtant… Présentations.
Ils ne s'appellent plus que par leurs petits noms. Le premier est grand, maigre, et porte d'élégants costumes taillés sur mesure. Le second est petit et un peu rond dans ses éternelles chemises à col Mao. Difficile, a priori, d'être plus dissemblables. Pourtant, au fil de négociations acharnées pour solder douze ans de crise internationale, les deux hommes se sont révélés être aussi inébranlables et rusés l'un que l'autre. Et depuis leur poignée de main historique à l'ONU en septembre 2013, ils ont appris à se connaître. Désormais, ils ne s'appellent plus que par leurs petits noms, "John" et "Javad". Pas anodin quand on sait que leurs pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 35 ans.
Zarif a étudié aux Etats-Unis… Si le fidèle partisan de la révolution islamique en Iran a réussi à comprendre les aspirations de l'ancien sénateur américain, cela s'explique en partie par sa très grande connaissance des ressorts politiques américains. Mohammad Javad Zarif – qui possède un compte Twitter, ce qui est interdit en Iran - a en effet étudié aux Etats-Unis et y a travaillé de nombreuses années comme diplomate aux Nations unies, y devenant même ambassadeur entre 2002 et 2007. "Il a la capacité de vendre des politiques qui sont très problématiques du point de vue américain d'une manière qui les rend totalement convaincantes et attrayantes", décrypte l'analyste Suzanne Maloney de la Brookins Institution. Un avantage certain dans cette négociation particulièrement ardue.
… et Kerry connait bien les Iraniens. Côté américain, John Kerry est sans doute le diplomate qui a eu le plus de contacts avec les Iraniens, à l'exception de la sous-secrétaire d'Etat Wendy Sherman. Dès 2012, le sénateur faisait partie des diplomates qui ont négocié dans le plus grand secret avec l'Iran, à Oman.
"Nous avons ri à la fin de chaque réunion".Parce que l'enjeu était crucial, les deux hommes ont donc réussi à s'entendre, non sans quelques éclats de voix. Malgré la courtoisie affichée, les échanges ont en effet été animés et les murs du palais viennois qui a abrité les négociations ont parfois tremblé lors de leurs tête-à-tête. "Même si les discussions ont parfois été enflammées - et il sera d'accord avec moi -, nous avons ri à la fin de chaque réunion", a confié John Kerry à la presse. Des rires qui ont abouti à un accord historique.