Les unionistes du DUP ont terminé en tête du scrutin régional anticipé en Irlande du Nord. Mais leur avance a nettement fondu au profit des nationalistes du Sinn Féin, selon les résultats définitifs publiés dans la nuit de vendredi à samedi.
Un siège d'écart entre unionistes et nationalistes. Le DUP, favorable à l'union avec la Grande-Bretagne, a remporté 28 des 90 sièges de l'Assemblée régionale, contre 27 pour le Sinn Féin, partisan d'une réunification de l'Irlande, lors du scrutin de jeudi, marqué par une nette hausse de la participation (64,8%, soit dix points de mieux que lors du précédent). En mai 2016, le DUP avait remporté 38 sièges contre 28 au Sinn Féin, dans une assemblée qui comportait alors 108 sièges.
L'autre grand parti unioniste, l'UUP, a également réalisé une contre-performance en remportant 10 sièges, se faisant doubler par le SDLP (Parti social-démocrate et travailliste, 12 sièges). Cela a entraîné la démission de son leader Mike Nesbitt.
Trois semaines pour s'entendre. Le DUP et le Sinn Féin ont désormais trois semaines pour s'entendre sur la formation d'un gouvernement et résoudre les différends qui ont conduit à la tenue de ces élections, dix mois seulement après le précédent scrutin. C'est la démission du vice-Premier ministre et figure historique du Sinn Féin, Martin McGuinness, début janvier qui a laissé éclater la crise entre les deux partis qui se partagent le pouvoir en vertu des Accords de paix de 1998 qui ont mis fin aux affrontements entre catholiques nationalistes et protestants unionistes.
Un gouvernement depuis Londres ? La crise risque toutefois de rester entière si le Sinn Féin persiste à refuser de travailler avec Arlene Foster, qui a annoncé avoir l'intention de se maintenir à son poste de Première ministre. Les analystes prédisaient un échec des pourparlers, ce qui pourrait conduire le ministre britannique pour l'Irlande du Nord, James Brokenshire, à administrer provisoirement, de Londres, cette province, pour la première fois en dix ans.
Si la crise politique venait à durer, Londres pourrait théoriquement convoquer un nouveau scrutin, mais cette hypothèse paraît peu probable. "On a eu trois élections ces dix derniers mois, avec le référendum sur l'UE et deux élections régionales, donc tout le monde en a un peu marre d'aller voter", pestait jeudi Neal Wilson, 34 ans, résumant un sentiment largement partagé au sein de la population.