C'est une percée mesurée qu'ont enregistré, samedi, aux législatives islandaises les "Piratar" dirigés par l'activiste et poète Birgitta Jonsdottir. Les sondages avaient prédit une forte poussée du parti à l'issue de ce scrutin à un tour, convoqué avant la fin de la mandature, du fait de la démission du Premier ministre Sigmundur David Gunnlaugsson (Parti du progrès), seul chef de gouvernement au monde victime du scandale des Panama Papers.
14% des votes. Avec 14% des suffrages, le parti des Pirates passerait de trois à 9 députés sur 63, devenant ainsi la troisième formation politique de l'île de l'Atlantique Nord, ancrée à droite depuis l'indépendance en 1944, selon un comptage qui restait encore très partiel, dimanche matin. "Nous sommes très satisfaits", a réagi la "capitaine", Birgitta Jonsdottir, comparant ses supporters et militants à des "Robin des Bois" parce que "nous voulons prendre le pouvoir aux puissants pour le donner au peuple".
Improbable casting de hackers, militants écolos ou libertaires, la formation politique radicale ne fait pas aussi bien que le laissaient entendre certaines enquêtes, victime de sa popularité chez les jeunes qui sont les moins enclins à aller vote. C'est néanmoins un score historique, qui a été accueilli par les applaudissements des militants et "Piratar" réunis dans une brasserie envahie par les touristes et la presse étrangère.
Pas de majorité absolue. Ensemble, les Pirates et les trois partis de centre-gauche avec lesquels ils ont scellé un accord pré-électoral de gouvernement devraient obtenir 28 sièges sur les 32 requis pour la majorité absolue à l'Althingi, le Parlement monocaméral islandais. Le mouvement Gauche-Verts recueillerait en effet de 10 à 11 mandats, les sociaux-démocrates quatre et Avenir radieux (centre) entre quatre et cinq sièges.
Du côté de la coalition sortante, le Parti de l'indépendance (conservateur) gagnerait deux députés par rapport à 2013 pour se placer en tête avec 21 sièges. Le Parti du progrès (centre-droit) perdrait 12 députés pour n'en conserver que sept ou huit. Avec de sept à huit élus, le parti centriste Résurrection pourrait donc détenir les clés du scrutin en choissant de soutenir l'un ou l'autre des blocs. C'est le leader du parti de l'Indépendance, le ministre des Finances Bjarni Benediktsson, qui devrait recevoir le mandat du président de la République pour tenter de trouver une majorité.