Israël demande à son armée de rester dans la zone tampon en Syrie tout l'hiver
Israël Katz, ministre israélien de la Défense, a ordonné vendredi à l'armée de "se préparer à rester" tout l'hiver dans la zone tampon entre Israël et la Syrie sur le sommet du plateau du Golan. L'ONU considère cette prise de contrôle comme une "violation" de l'accord de désengagement de 1974 entre la Syrie et Israël.
Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a ordonné vendredi à l'armée de "se préparer à rester" tout l'hiver dans la zone tampon entre Israël et la Syrie sur le sommet du plateau du Golan, où se trouve une force de l'ONU.
Israël, qui a conquis une partie de ce plateau lors de la guerre israélo-arabe de 1967, s'est emparé dimanche de la zone démilitarisée, quelques heures seulement après la fuite du président syrien, Bachar al-Assad, chassé du pouvoir par des rebelles.
Depuis, l'armée israélienne a mené des centaines de frappes aériennes et navales contre des installations militaires en Syrie, visant aussi bien les stocks d'armes chimiques que les défenses aériennes, afin de les empêcher de tomber selon elle entre les mains des rebelles.
Les troupes israéliennes seront présentes malgré des conditions climatiques difficiles
La présence de troupes israéliennes dans la zone tampon intervient à un moment où Israël continue de retirer des soldats du sud du Liban après le cessez-le-feu conclu fin novembre à l'issue de deux mois de guerre ouverte contre le mouvement libanais pro-iranien Hezbollah. Parallèlement, la guerre menée par l'armée israélienne contre le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023 est loin d'être terminée.
"En raison de ce qui se passe en Syrie, il est d'une importance sécuritaire capitale de maintenir notre présence au sommet du mont Hermon, et il faut tout faire pour garantir la préparation de (l'armée) sur place, afin de permettre aux combattants de séjourner dans cet endroit malgré les conditions climatiques difficiles" durant l'hiver, a déclaré le ministre israélien de la Défense, dans un communiqué.
Le bureau du Premier ministre, Benjamin Netanyahu, a indiqué jeudi que l'effondrement du gouvernement Assad avait créé un "vide à la frontière d'Israël et dans la zone tampon", soulignant que la présence de troupes israéliennes y était temporaire, en attendant que la sécurité à la frontière entre Israël et la Syrie puisse être garantie.
"Violation" de l'accord de désengagement de 1974 entre la Syrie et Israël
L'occupation par Israël de la zone tampon a suscité de nombreuses critiques internationales, notamment de la part du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. Il a appelé jeudi, par la voix de son porte-parole, "toutes les parties" à "mettre fin à la présence non autorisée dans la zone de séparation et à s'abstenir de toute action qui saperait le cessez-le-feu et la stabilité du Golan".
L'ONU considère la prise de contrôle de la zone tampon à la lisière de la partie du plateau du Golan occupée et annexée par Israël comme une "violation" de l'accord de désengagement de 1974 entre la Syrie et Israël.
La Force des Nations unies chargée d'observer le désengagement (Fnuod) a indiqué vendredi dans un communiqué en avoir informé Israël. La Fnuod a ajouté que ses forces "restaient sur leurs positions" et "continuaient à mener les activités prévues par leur mandat".
De son côté, l'armée israélienne a indiqué vendredi que ses soldats menaient des "missions défensives dans la zone de séparation en territoire syrien et le long de la frontière". Les Etats-Unis, principal allié militaire d'Israël, ont demandé que l'incursion israélienne soit "temporaire".
"Israël n'est pas prêt à prendre des risques"
Selon certains analystes, Israël craint que les stocks d'armes chimiques ou d'autres armes stratégiques conservées par les forces armées du président syrien déchu ne tombent entre les mains de groupes jihadistes, qui pourraient les utiliser contre lui.
La durée de la présence des troupes israéliennes dans la zone tampon va "dépendre de la stabilité et des intentions du nouveau régime syrien", estime l'expert en géostratégie, Michaël Horowitz.
Si les nouveaux nouveaux dirigeants à Damas semblent envoyer des messages conciliants, même à l'égard d'Israël, "je crois qu'après le 7-Octobre, Israël n'est pas prêt à prendre des risques", a déclaré M. Horowitz à l'AFP.
"Dans le chaos actuel (en Syrie), et au vu de la composition du gouvernement israélien (avec des ministres d'extrême droite), la tentation sera très forte de rester sur la partie syrienne du Hermon, même à plus long terme", a-t-il dit.