Des combats acharnés se poursuivent dimanche dans la bande de Gaza tandis qu'Israël a mené des opérations en Cisjordanie, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ayant réaffirmé son opposition à une "souveraineté palestinienne". Israël doit "s'assurer que Gaza ne constituera plus une menace" et cette exigence "contredit la demande de souveraineté palestinienne", a expliqué Benjamin Netanyahu lors d'un entretien téléphonique vendredi avec le président américain Joe Biden, selon le bureau du Premier ministre.
Jeudi, Benjamin Netanyahu avait déjà affirmé qu'Israël devait contrôler la sécurité de "l'ensemble du territoire situé à l'ouest du Jourdain", englobant la Cisjordanie occupée et Gaza. Le conflit, déclenché par une attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre et qui entre dans son 107e jour, met à l'épreuve ses relations avec son principal allié et soutien américain, en particulier sur la question, centrale pour l'après-guerre, d'une solution à "deux États".
Les informations à retenir :
- Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réaffirmé son opposition à une "souveraineté palestinienne"
- Le chef politique du Hamas s'est rendu en Turquie pour un entretien officiel
- En tout, 25.105 Palestiniens ont perdu la vie depuis le début du conflit, selon les chiffres du Hamas
- Joe Biden "croit toujours à la perspective et à la possibilité" d'un État palestinien
- Le Hamas a appelé à "l'arrêt immédiat" de l'occupation israélienne, affirmant que l'attaque du 7 octobre était "une étape nécessaire" face à "tous les complots israéliens contre le peuple palestinien"
Liban : un mort dans une frappe imputée à Israël contre voiture
Une frappe de drone imputée à Israël sur une voiture dans le sud du Liban a fait un mort dimanche, selon un média local, le Hezbollah annonçant de son côté qu'un de ses hommes avait été tué par des tirs israéliens. Depuis l'attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, les échanges de tirs sont quotidiens à la frontière israélo-libanaise entre l'armée israélienne et le Hezbollah libanais, qui soutient son allié du Hamas et qu'Israël a juré d'"anéantir" à Gaza.
Le Hamas affirme que l'attaque du 7 octobre contre Israël était "une étape nécessaire"
Le mouvement terroriste Hamas a exigé dimanche que "l'agression israélienne" à Gaza cesse, et a déclaré que seul le peuple palestinien doit décider de l'avenir du territoire. "Nous rejetons catégoriquement tout projet international ou israélien visant à décider de l'avenir de la bande de Gaza", a affirmé le mouvement dans un document explicatif sur son attaque perpétrée le 7 octobre sur le sol israélien, et dans lequel il réclame "l'arrêt immédiat de l'agression israélienne".
Dans un document publié dimanche, il a également affirmé que l'attaque du 7 octobre contre Israël était "une étape nécessaire" et une "réponse normale" face à "tous les complots israéliens contre le peuple palestinien". Le Hamas a ajouté que dans le "chaos" autour de la frontière entre Israël et la bande de Gaza, "peut-être que des erreurs ont eu lieu", niant cependant avoir visé des civils, si ce n'est "par accident, et au cours de confrontations avec les forces d'occupation", et ce, malgré les 1.140 personnes tuées lors de cette attaque sans précédent, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles israéliennes, notamment plus de 360 festivaliers à Réïm.
Le chef politique du Hamas se rend en Turquie pour un entretien officiel
Le chef du Hamas palestinien Ismaïl Haniyeh, basé au Qatar, a rencontré samedi en Turquie le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques, sans préciser le lieu exact de la rencontre. La "libération des otages" et "l'instauration d'un cessez-le-feu le plus rapidement possible" ont figuré au cœur des discussions, selon ces sources.
Le dernier contact officiel, par téléphone, entre les deux responsables remontait au 16 octobre. "Au cours de la réunion, des questions telles que l'établissement d'un cessez-le-feu à Gaza le plus rapidement possible, l'augmentation de l'aide humanitaire, la libération des otages et une solution à deux États pour une paix permanente ont été discutées", détaillent les sources.
Dès le début du conflit, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait proposé sa médiation entre le Hamas, "mouvement libérateur" selon lui, et Israël, qu'il a plusieurs fois qualifié d'"État terroriste". Mais les discussions ont été jusqu'ici surtout menées par le Qatar et l'Égypte.
Nouveau bilan de 25.105 morts à Gaza, selon le Hamas
Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé dimanche un bilan de 25.105 personnes tuées, en majorité des femmes, des adolescents et des enfants dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement terroriste, le 7 octobre. Durant les dernières 24 heures, 178 personnes ont été tuées, indique le Hamas qui fait également état de 62.681 blessées depuis le début du conflit.
Joe Biden "croit toujours à la perspective et à la possibilité" d'un État palestinien
Joe Biden "croit toujours à la perspective et à la possibilité" d'un État palestinien, mais "reconnaît qu'il faudra beaucoup de travail pour en arriver là", avait indiqué la Maison-Blanche après l'échange téléphonique. "L'illusion que Biden prêche en faveur d'un État de Palestine (....) ne dupe pas notre peuple", a réagi samedi le Hamas, classé organisation terroriste par Israël, les États-Unis et l'Union européenne. Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a pour sa part affirmé que "le droit du peuple palestinien" à un État devait être "reconnu par tous" et que tout "déni" était "inacceptable".
L'attaque sanglante du mouvement islamiste a entraîné la mort de 1.140 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels israéliens. Quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza, dont une centaine libérées fin novembre.
Au moins 1,7 million de personnes ont été déplacées par la guerre dans l'enclave, selon des chiffres révisés de l'Agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (Unrwa). Benjamin Netanyahu rejette les appels de l'ONU et de la communauté internationale pour un cessez-le-feu humanitaire alors que Washington a appelé Israël à limiter le nombre des victimes civiles à Gaza.
Israël distribue des tracts des otages dans la bande de Gaza
Dimanche, le Hamas a rapporté des dizaines de frappes aériennes et tirs d'artillerie dans la bande de Gaza, affirmant que les forces israéliennes avaient visé les environs des hôpitaux Nasser et Al-Amal dans la ville de Khan Younès (sud), désormais épicentre des opérations militaire. Des dizaines de corps "sont toujours sous les décombres", a déclaré le mouvement terroriste palestinien. Selon des témoins à un correspondant de l'AFP, l'armée d'Israël a également repris les assauts autour du camp de réfugiés de Jabaliya dimanche matin.
Par ailleurs, l'armée israélienne conduit plusieurs opérations en Cisjordanie, à Hébron, Qalqilya et Jénine, a indiqué l'agence de presse palestinienne WAFA. Des patrouilles et des arrestations ont eu lieu, assure la même source, qui a fait état de deux maisons démolies à Hébron. Elles appartenaient à des terroristes palestiniens. L'armée israélienne a largué samedi sur Rafah des tracts montrant des photos des otages et appelant les habitants la ville, où s'entassent des dizaines de milliers de déplacés, à partager toute information à leur sujet.
Selon Israël, 132 otages se trouvent toujours dans le territoire. Au moins 27 auraient été tués, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres israéliens. À Tel-Aviv, des milliers d'Israéliens se sont rassemblés samedi pour exiger le retour des otages détenus depuis le 7 octobre dans la bande de Gaza et réclamer le départ du Premier ministre Benjamin Netanyahu, accusé notamment de poursuivre la guerre pour se maintenir au pouvoir.
Raid sur Damas
Entré dans son quatrième mois, le conflit exacerbe les tensions entre Israël et l'"axe de la résistance" qui rassemble autour de l'Iran le Hamas, le Hezbollah libanais, les Houthis yéménites et des groupes irakiens, faisant craindre un embrasement régional. Le président iranien Ebrahim Raïssi a menacé Israël de représailles après la mort d'au moins cinq militaires iraniens samedi à Damas dans une frappe attribuée à Israël par les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de Téhéran. Selon les médias iraniens, l'attaque a notamment visé le chef en Syrie du renseignement de la Force Qods, l'unité d'élite chargée des opérations extérieures.
L'armée israélienne n'a pas fait de commentaire à l'AFP. À la frontière israélo-libanaise où les échanges de tirs sont quotidiens, un civil et un membre du Hezbollah ont été tués dans une frappe israélienne sur leur voiture, selon l'agence officielle ANI et le mouvement islamiste. Dans l'ouest de l'Irak, 15 roquettes ont visé une base abritant des soldats américains et de la coalition internationale antijihadistes, faisant un blessé grave, selon des responsables irakiens et américains. L'attaque a été revendiquée par la "Résistance islamique en Irak", nébuleuse de combattants issus de groupes armés pro-Iran.
Le Pentagone a en outre annoncé samedi avoir "détruit" un missile antinavire des Houthis, dans de nouvelles frappes qualifiées d'"autodéfense" face aux attaques répétées des rebelles yéménites contre des navires marchands en mer Rouge et dans le golfe d'Aden.