Khan Younès reste vendredi le théâtre de combats acharnés ayant déjà poussé des milliers de personnes à fuir alors que les regards sont rivés sur la Cour internationale de justice (CIJ) à La Haye qui pourrait ordonner à Israël de freiner son offensive à Gaza sans pouvoir l'y contraindre. La communauté internationale a fait état ces dernières heures de ses préoccupations pour la population civile dans le sud de la bande de Gaza, notamment à Khan Younès où des tirs de chars contre un refuge de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a fait 13 morts.
Les informations à retenir :
- Khan Younès est toujours la cible des bombardements israéliens
- La Cour internationale de justice appelle Israël à empêcher tout éventuel acte de "génocide" à Gaza
- Benjamin Netanyahu juge "scandaleuses" les accusations de "génocide" dans la bande de Gaza.
- Le Hamas annonce un nouveau bilan de 26.083 morts dans la bande de Gaza
Après les États-Unis, la France a "condamné" ces tirs meurtriers, appelant d'ailleurs Israël, sans l'accuser directement de cette frappe, à "se conformer au droit international". Et Berlin s'est déclaré "extrêmement préoccupée" par la "situation désespérée" des civils à Khan Younès. "Nous avons essayé de sortir, mais quand j'ai regardé dehors, j'ai vu les chars d'assaut tirer. Comment pouvions-nous sortir ?", a témoigné à l'AFP sur son lit d'hôpital Ahmad Katra, un palestinien blessé lors de cet incident. "Ils ne nous ont pas donné l'occasion de quitter les lieux. Ils disaient que c'était un endroit sûr, mais en fin de compte, ils nous ont frappés dans un établissement de l'ONU", a-t-il ajouté.
Selon un journaliste de l'AFP, les bombardements étaient incessants jeudi sur Khan Younès, où se cache la direction locale du Hamas selon l'armée israélienne qui accusé en outre le mouvement terroriste de mener des attaques à proximité d'hôpitaux locaux. Tôt vendredi, le Hamas a fait état de 120 morts à travers ce territoire palestinien au cours de la soirée et de la nuit, et de combats intenses à proximité de l'hôpital Nasser de Khan Younès.
La CIJ appelle Israël à empêcher tout éventuel acte de "génocide" à Gaza
La plus haute juridiction de l'ONU a appelé vendredi Israël à faire tout son possible pour empêcher tout acte de "génocide" dans la bande de Gaza et à laisser entrer l'aide humanitaire, en rendant une décision très attendue. La cour a appelé Israël à s'abstenir de tout éventuel acte génocidaire alors qu'il poursuit son opération militaire dans la bande de Gaza, mais n'a pas évoqué de cessez-le-feu.
Israël doit prendre "des mesures immédiates et efficaces pour permettre la fourniture des services de base et de l'aide humanitaire dont les Palestiniens ont un besoin urgent pour faire face aux conditions de vie défavorables auxquelles sont confrontés les Palestiniens", a statué la cour. À ce stade, la CIJ ne se prononce pas sur la question de savoir si Israël commet un génocide à Gaza. Ce volet de la procédure peut prendre des années.
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Mais la cour a appelé Israël à "prendre toutes les mesures en son pouvoir pour empêcher" les actes qui pourraient relever de la Convention des Nations Unies sur le génocide, établie en 1948 après l'Holocauste. Elle a également déclaré qu'Israël devrait "prévenir et punir" toute incitation au génocide. La procédure a été intentée par l'Afrique du Sud, qui affirme qu'Israël viole la Convention des Nations unies sur le génocide de 1948, établie au lendemain de la Seconde guerre mondiale et de l'Holocauste.
La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, qui a entraîné le massacre de plus de 1.140 personnes, très majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles. Israël a juré "d'anéantir" le Hamas et a lancé une vaste opération militaire qui a tué, selon le Hamas, 26.083 Palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents.
Benjamin Netanyahu juge "scandaleuses" les accusations de "génocide" à Gaza
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu juge "scandaleuses" les accusations de "génocide" à Gaza déposées par l'Afrique du Sud, après la décision de la Cour internationale de justice rendue vendredi. "La tentative ignoble de refuser à Israël" le "droit fondamental" de se défendre est "une discrimination flagrante contre l'État juif, et elle a été "rejetée à juste titre", a-t-il estimé.
Plusieurs états ont réagi à la décision de la Cour internationale de justice. L'Espagne, l'une des voix les plus critiques en Europe à l'égard d'Israël depuis le début du conflit avec le Hamas, a salué la décision du CIJ : "Nous saluons la décision de la Cour internationale de justice et demandons aux parties d'appliquer les mesures provisoires qu'elle a décrétées", a indiqué le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'est félicité vendredi de la décision de la Cour internationale de justice (CIJ) appelant Israël à empêcher tout acte éventuel de "génocide" et à autoriser l'accès humanitaire à Gaza. "Je considère comme précieuse la décision d'injonction provisoire prise par la Cour internationale de justice concernant les attaques inhumaines à Gaza et je m'en félicite", a écrit sur le réseau social X le président turc, l'un des dirigeants les plus critiques d'Israël depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.
L'Afrique du Sud a salué vendredi une "victoire décisive pour l'État de droit international et une étape importante dans la quête de justice pour le peuple palestinien", à l'issue de l'audience de la CIJ à La Haye. Le ministère des Affaires étrangères, dans son communiqué, estime que la Cour "a déterminé que les actions d'Israël à Gaza sont plausiblement génocidaires et a indiqué des mesures provisoires sur cette base", la remerciant "pour sa décision.
L'UE attend une mise en œuvre "immédiate" de la décision concernant Israël
L'Union européenne attend une mise en oeuvre "complète et immédiate" du verdict rendu vendredi par la Cour internationale de justice (CIJ) qui appelle Israël à prévenir tout éventuel acte de "génocide" et à permettre l'accès de l'aide humanitaire à Gaza.
Les décisions "de la Cour internationale de Justice sont contraignantes pour les Parties et celles-ci doivent s'y conformer. L'Union européenne attend leur mise en oeuvre complète, immédiate et effective", a indiqué un communiqué commun du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell et de la Commission européenne.
"Marée humaine"
Au cours des derniers jours, des milliers de personnes ont fui Khan Younès pour tenter de trouver refuge à Rafah, ville jouxtant l'Égypte où se masse déjà la majorité des 1,7 million de Palestiniens déplacés par la guerre. "Une marée humaine est forcée de fuir Khan Younès pour se retrouver à la frontière avec l'Égypte", a déploré dans la nuit le commissaire général de l'Unrwa, Philippe Lazzarini, évoquant "une recherche sans fin de sécurité" pour la population de Gaza depuis la guerre.
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L'armée affirme avoir "encerclé" Khan Younès, la ville natale d'ailleurs de Yahya Sinouar, le chef du Hamas dans la bande de Gaza, considéré comme l'architecte de l'attaque sanglante menée le 7 octobre par le mouvement islamiste contre Israël. Cette attaque a entraîné la mort de plus de 1.140 personnes en Israël, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens. Quelque 250 personnes ont été enlevées lors de l'attaque et emmenées à Gaza, dont une centaine ont été libérées fin novembre durant une trêve en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël.
En riposte, Israël a juré "d'anéantir" le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, et a lancé une vaste opération militaire qui a fait 25.900 morts, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste.
Contraindre sans force ?
Face à ce lourd bilan et aux destructions quotidiennes, l'Afrique du Sud a saisi le mois dernier en urgence la Cour internationale de justice (CIJ), arguant qu'Israël violait la Convention des Nations unies sur le génocide, signée en 1948 à la suite de la Shoah. Or, sans juger sur le fond, la plus haute juridiction de l'ONU doit rendre vendredi après-midi sa décision sur des mesures urgentes pour protéger les Palestiniens de Gaza. Mais si ses ordonnances sont juridiquement contraignantes, la Cour n'a aucun moyen pour les faire appliquer…
Le Hamas s'est engagé jeudi à respecter un cessez-le-feu s'il était réclamé par ce tribunal de La Haye, mais à condition qu'Israël s'y conforme aussi. Le gouvernement israélien fustige cette procédure judiciaire, mais s'engage dans des discussions pour un accord de trêve à Gaza qui comprendrait entre autres la libération des otages sur place et de prisonniers palestiniens détenus en Israël.
CIA, Mossad et Qatar
Le chef de la CIA va se rendre en Europe y rencontrer ses homologues israélien, égyptien et le Premier ministre qatari dans l'espoir de négocier une trêve et une libération des otages encore retenus par le Hamas, ont rapporté jeudi le quotidien Washington Post et le site d'information Axios.
William Burns doit rencontrer les chefs du Mossad David Barnea, des services de renseignement égyptiens Abbas Kamel, et le Premier ministre du Qatar Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, dans les prochains jours, selon ces médias qui n'ont pas dévoilé le lieu pour la rencontre.
Des déclarations de Benjamin Netanyahu, qui a jugé "problématique" le rôle de médiateur du Qatar, l'accusant notamment de financer le Hamas, risquent "d'entraver et de saper le processus de médiation", a dénoncé l'émirat. Interrogé à cet égard à Washington, un porte-parole du département d'État Vedant Patel n'a pas commenté les propos de M. Netanyahu mais a qualifié le Qatar de partenaire "irremplaçable".