Après des semaines de combat contre le Hamas dans le nord de Gaza, l'armée israélienne intensifie mardi son déploiement dans le sud du territoire, faisant craindre un "scénario encore plus infernal" pour les civils. Engagée depuis le 27 octobre dans une campagne terrestre dans le nord du territoire palestinien assiégé, l'armée israélienne a élargi ses opérations au sol à l'ensemble de la bande de Gaza, avec des tanks déployés près de Khan Younès, nouvel épicentre des tensions.
Les informations à retenir :
- La France annonce le gel des avoirs du chef du Hamas à Gaza
- L'armée israélienne annonce combattre au sol dans la ville de Khan Younès
- "Un scénario encore plus infernal" se profile, alerte l'ONU
- Israël nie avoir demandé à l'OMS de vider un entrepôt d'aide à Gaza
- Deux civils tués pour chaque membre du Hamas, estime Tsahal
Biden appelle à "condamner sans ambiguïté" les crimes sexuels du Hamas
Joe Biden a appelé mardi à "condamner sans ambiguïté et avec force les violences sexuelles des terroristes du Hamas", lors d'une rencontre destinée à lever des fonds pour sa campagne à Boston (nord-est). "Les terroristes du Hamas ont fait souffrir le plus possible les femmes et les jeunes filles" lors de l'attaque du 7 octobre, a dit le président américain, en évoquant les "affreux témoignages sur l'inimaginable cruauté" subie ce jour-là.
"Mettre fin aux violences contre les femmes et aux agressions sexuelles est l'un des combats de ma vie" a-t-il poursuivi. "Nous devons tous - gouvernements, organisations internationales, société civile et monde économique - condamner sans ambiguïté et avec force les violences sexuelles des terroristes du Hamas", a-t-il exigé.
Cisjordanie : Washington impose des restrictions de visa aux colons israéliens accusés de violences envers des Palestiniens
Les États-Unis ont annoncé mardi l'imposition de sanctions contre des colons juifs accusés d'attaques contre des Palestiniens, pour tenter d'enrayer les violences en Cisjordanie occupée. "Aujourd'hui, le département d'Etat met en œuvre une nouvelle politique de restriction des visas à l'encontre des personnes soupçonnées d'avoir contribué à saper la paix, la sécurité ou la stabilité en Cisjordanie, notamment en commettant des actes de violence" envers des Palestiniens, affirme le secrétaire d'Etat Antony Blinken dans un communiqué.
Guerre à Gaza : le gouvernement du Hamas annonce un nouveau bilan de 16.248 morts
Le gouvernement du Hamas palestinien a annoncé mardi que les opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza avaient fait 16.248 morts depuis le début de la guerre le 7 octobre. Les Palestiniens morts, tués en majorité dans des frappes aériennes, sont à plus de 70% des enfants (7.112) et des femmes (4.885), a précisé dans un communiqué le bureau de presse du Hamas, qui a pris le contrôle de la bande de Gaza en 2007.
"Le jour le plus intense depuis le début de l'offensive terrestre"
L'infanterie israélienne est entrée dans la ville de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, et y mène d'intenses combats au sol, a annoncé mardi l'armée israélienne. "Nous sommes au cœur de Jabaliya, au cœur de Choujaïya (deux localités du nord de Gaza) et désormais aussi au cœur de Khan Younès", indique, cité dans un communiqué, le général Yaron Finkelman, chef du Commandement Sud, qui évoque "le jour plus intense depuis le début de l'offensive terrestre" israélienne dans la bande de Gaza le 27 octobre.
80 soldats israéliens tués depuis le début de l'offensive à Gaza, selon l'armée
Un total de 80 militaires israéliens ont péri depuis le début de l'offensive lancée par l'armée d'Israël dans la bande de Gaza dans le but d'"anéantir le Hamas", a indiqué mardi à l'AFP le bureau de communications de l'armée israélienne.
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Après trois semaines d'intenses bombardements, Israël a lancé le 27 octobre une offensive terrestre dans la bande de Gaza, en réponse à l'attaque menée le 7 octobre dans le sud d'Israël par le mouvement terroriste, qui a fait 1.200 morts, majoritairement civils, selon les autorités israéliennes. Les opérations israéliennes à Gaza ont fait près de 16.000 morts, majoritairement civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.
"Tous les services de télécommunications" sont à l'arrêt
L'armée israélienne avait demandé au début de son opération terrestre à la population du nord de Gaza de migrer vers le sud du territoire, devenu encore plus densément peuplé avec l'afflux de centaines de milliers de ces déplacés. Dans la nuit, des témoins ont fait état à l'AFP de violents combats près de Khan Younès et de raids aériens vers Rafah, à la pointe sud du territoire, tandis que l'agence palestinienne Wafa a rapporté "plusieurs" morts dans une frappe à Gaza-ville, plus au nord.
Des organisations internationales s'alarment des risques pour les civils à Gaza, où "tous les services de télécommunications" sont à l'arrêt, en raison "d'une coupure des principaux réseaux de fibre du côté israélien", selon le groupe de télécoms palestiniens Paltel. "Un scénario encore plus infernal est sur le point de se réaliser, auquel les opérations humanitaires ne pourront peut-être pas répondre", a déclaré la Coordinatrice humanitaire de l'ONU pour les Territoires palestiniens, la Canadienne Lynn Hastings, dont Israël avait annoncé la semaine dernière qu'il ne renouvèlera pas le visa.
La France annonce le gel des avoirs du chef du Hamas à Gaza
La France a décrété le gel pour six mois des avoirs du chef du Hamas à Gaza, Yahya Sinouar, considéré comme l'architecte de l'attaque du 7 octobre contre Israël, selon un décret publié mardi au Journal officiel.
"Les fonds et ressources économiques qui appartiennent à, sont possédés, détenus ou contrôlés par Yahya Sinouar (...) font l'objet d'une mesure de gel des avoirs", précise l'arrêté du 30 novembre, qui entre en vigueur mardi. Bercy n'était pas disponible dans l'immédiat pour préciser le montant de ces avoirs.
"Un scénario encore plus infernal" se profile, alerte l'ONU
Un "scénario encore plus infernal", auquel les opérations humanitaires pourraient être incapables de répondre, se profile dans la bande de Gaza, a alerté lundi une responsable de l'ONU alors qu'Israël resserre l'étau sur le sud du territoire palestinien. Depuis la reprise des hostilités le 1er décembre après une trêve de sept jours, "les opérations militaires israéliennes se sont étendues au sud de Gaza, forçant des dizaines de milliers d'autres personnes à fuir dans des espaces de plus en plus concentrés, avec un besoin désespéré de nourriture, d'eau, d'abris et de sécurité", a déclaré dans un communiqué Lynn Hastings, coordinatrice humanitaire de l'ONU pour les Territoires palestiniens.
"Les conditions nécessaires pour fournir de l'aide à la population de Gaza n'existent pas. Si c'est possible, un scénario encore plus infernal est sur le point de se réaliser, auquel les opérations humanitaires ne pourront peut-être pas répondre", a-t-elle ajouté. "Personne n'est en sécurité à Gaza et il ne reste plus nulle part où aller", a insisté la Canadienne, rejetant dans ces conditions l'idée de "zones sûres" évoquées par les Etats-Unis. Ces zones ne peuvent être "ni sûres ni humanitaires quand elles sont déclarées unilatéralement", a-t-elle dit.
Israël nie avoir demandé à l'OMS de vider un entrepôt d'aide à Gaza
L'armée israélienne a nié mardi avoir demandé à l'Organisation mondiale de la santé (OMS) de vider dans les 24 heures un entrepôt d'aide médicale dans le sud de la bande de Gaza, comme l'avait affirmé son chef. "Aujourd'hui, l'OMS a reçu une notification des Forces de défense israéliennes pour retirer nos fournitures de notre entrepôt médical dans le sud de la bande de Gaza dans les 24 heures, car les opérations au sol le rendront inutilisable", a annoncé le patron de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus, sur le réseau social X (ex-Twitter).
"Nous demandons à Israël de retirer cet ordre et de prendre toutes les mesures possibles pour protéger les civils et les infrastructures civiles, y compris les hôpitaux et les installations humanitaires", a-t-il ajouté. L'organe de la Défense israélienne supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens (Cogat) a répondu à ce tweet par un autre. "La vérité est que nous n'avons pas demandé à évacuer les entrepôts et nous l'avons signifié clairement et par écrit aux responsables compétents de l'ONU. Nous nous attendons de la part d'un responsable de l'ONU qu'il soit au moins exact (dans ses propos)", a indiqué le (Cogat).
Deux civils tués pour chaque membre du Hamas, estime Tsahal
Environ deux civils ont été tués pour chaque membre du Hamas mort dans la bande de Gaza, ont affirmé lundi de hauts responsables militaires israéliens, sous couvert d'anonymat. "Je ne dis pas que c'est bien que nous ayons un rapport de deux à un", a déclaré un responsable lors d'une rencontre avec la presse, ajoutant que l'utilisation de boucliers humains faisait partie de la "stratégie de base" du Hamas. "Il faut espérer que ce ratio sera beaucoup plus bas dans la prochaine phase de la guerre", a-t-il ajouté.
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Le nombre croissant de morts et la crise humanitaire qui sévit à Gaza ont suscité l'indignation à travers le monde. Le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, affirme que la campagne menée par Israël après le 7 octobre a tué près de 16.000 personnes. Selon Israël, 1.200 personnes, en majorité des civils, ont été tuées par le Hamas le 7 octobre et environ 240 personnes enlevées et emmenées dans le petit territoire palestinien. Interrogé sur les informations selon lesquelles 5.000 membres du Hamas auraient été tués, l'un des hauts fonctionnaires a déclaré: "les chiffres sont plus ou moins exacts".