Le Hamas a "fermement condamné" samedi le véto américain, le qualifiant de "position immorale et inhumaine" et de "participation directe" aux "massacres", selon Ezzat al-Rishq, haut-responsable politique du mouvement. Dans la bande de Gaza, les bombardements israéliens ont fait 17.700 morts, pour plus des deux tiers des femmes et des moins de 18 ans, selon un dernier bilan publié vendredi par le ministère de la Santé du Hamas.
Les principales informations à retenir :
- Les bombardements israéliens ont fait 17.700 morts selon un dernier bilan
- 138 personnes restent toujours otages des terroristes du Hamas, dont l'attaque le 7 octobre a fait 1.200 morts
- Les États-Unis ont exprimé un véto sur la résolution de l'ONU appelant à un "cessez-le-feu humanitaire immédiat"
- Seuls 14 des 36 hôpitaux de la bande de Gaza sont en état de fonctionner, dans un "contexte humanitaire cauchemardesque"
"Ramenez-les à la maison!" A Tel-Aviv, un rassemblement pour la libération des otages
Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées à Tel-Aviv samedi soir pour appeler à la libération des otages toujours retenus par le Hamas dans la bande de Gaza, a constaté un journaliste de l'AFP. Anonymes et familles d'otages se sont réunis sur la "Place des otages", munis de pancartes portant des messages tels que "Ils nous font confiance pour les sortir de l'enfer" ou "Ramenez-les à la maison maintenant".
"Nous voulons pousser le gouvernement à conclure un accord pour les libérer", a déclaré aux participants Eli Eliezer, un proche des otages encore retenus à Gaza, estimés à 137 par les autorités israéliennes. "Ils auraient dû conclure un accord plus tôt. C'est le travail du gouvernement d'assurer la sécurité de sa population et de ses terres", estime l'ingénieur de 61 ans.
Environ 240 personnes avaient été enlevées et emmenées à Gaza le 7 octobre lors de l'attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien qui a fait 1.200 morts, en majorité des civils, d'après les autorités israéliennes. Fin novembre, 105 otages, dont 80 Israéliens, avaient été libérés dans le cadre d'une trêve de sept jours entre le Hamas et Israël, en échange de 240 prisonniers palestiniens détenus dans les prisons israélienne. Le Hamas a exclu toute libération supplémentaire jusqu'à ce qu'un cessez-le-feu permanent soit conclu.
La "juste guerre" d'Israël "pour éliminer" le Hamas se poursuivra, affirme Netanyahu
La "juste guerre" que mène Israël dans la bande de Gaza "pour éliminer" le Hamas va se poursuivre, a affirmé samedi soir le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, saluant "la position adéquate adoptée par les Etats-Unis au Conseil de sécurité de l'ONU".
"Les autres pays doivent comprendre qu'on ne peut d'un côté soutenir l'élimination du Hamas et de l'autre appeler à la fin de la guerre, ce qui empêcherait d'éliminer le Hamas", a-t-il déclaré, au lendemain du veto américain à une résolution de l'ONU réclamant un "cessez-le-feu humanitaire immédiat" dans la bande de Gaza. "Donc Israël va poursuivre sa juste guerre pour éliminer le Hamas", a-t-il ajouté.
"Nous devons accentuer la pression" à Gaza, dit le chef de l'armée israélienne
L'offensive israélienne dans la bande de Gaza entraîne la mort et la reddition de nombreux terroristes du Hamas dont "le réseau est en train de s'effondrer", a affirmé samedi le chef de l'armée israélienne, appelant à "accentuer la pression" militaire dans le territoire palestinien.
"Chaque jour, nous voyons de plus en plus de terroristes tués, de plus en plus de terroristes blessés, et ces derniers jours, nous voyons des terroristes se rendre. C'est un signe que leur réseau est en train de s'effondrer, un signe que nous devons accentuer la pression", a déclaré le général Herzi Halevi lors d'une cérémonie au mur des Lamentations à Jérusalem.
Le Hamas annonce un nouveau bilan
Le Hamas annonce ce samedi que les bombardements israéliens dans la bande de Gaza avaient fait 17.700 morts et 48.780 blessés en deux mois de guerre entre le Hamas et Israël.
Le Hamas, qui contrôle Gaza depuis 2007, estime que le nombre réel de morts et blessés est bien plus élevé, les services de secours palestiniens et les ONG étrangères n'étant pas en mesure d'accéder à l'ensemble des zones bombardées pour dégager les victimes des décombres.
Manifestation à Paris en "solidarité avec le peuple de Gaza"
"On soutient les civils, pas le Hamas": des manifestants ont défilé samedi après-midi à Paris pour exprimer leur "solidarité avec le peuple de Gaza" et demander l'arrêt des bombardements du territoire palestinien par l'armée israélienne, ont constaté des journalistes de l'AFP. Dans le cortège parti de République en direction de Nation, où se sont rassemblées plus d'un millier de personnes bravant la pluie, étaient scandés des slogans comme "Arrêt immédiat des bombardements" et "Israël assassine les enfants de Palestine", rapporte une journaliste de l'AFP.
"Imaginer ses collègues travailler sans eau, sans électricité, amputer sans antalgiques sous les bombardements, avec des militaires armés qui entrent dans les lieux de soins est révoltant", explique Nora (elle n'a pas donné son nom), membre du collectif "Soignants pour Gaza". "On soutient les civils, pas le Hamas. Une vie vaut une vie", ajoute cette aide-soignante de 30 ans.
Membre de la direction du Nouveau parti anti-capitaliste (NPA), une des organisations appelant à cette manifestation, Gaël Quirante estime que "ce n'est pas au moment où Israël intensifie ses bombardements et son massacre du peuple de Gaza qu'il faut (cesser) les initiatives de la rue". "Au contraire, il faut continuer à dénoncer la chape de plomb de l'Etat d'Israël" et "les amalgames qui font que certains voudraient assimiler le soutien au peuple de Gaza avec de l'antisémitisme", fait-il valoir.
Un rassemblement a par ailleurs eu lieu au même moment devant la Sorbonne, rassemblant quelques dizaines de personnes derrière une banderole "Halte au massacre à Gaza, cessez-le-feu immédiat", selon une journaliste de l'AFP.
Des proches d'un otage confirment sa mort après l'échec d'un raid
Un Israélien enlevé durant l'attaque du 7 octobre a été "assassiné" à Gaza par ses geôliers, ont affirmé samedi son kibboutz et une association de familles, après que le Hamas palestinien a rapporté sa mort lors d'une tentative de l'armée de le sauver. "C'est avec une grande tristesse et le cœur brisé que nous annonçons que Sahar Baruch (25 ans) a été assassiné", ont annoncé dans un communiqué le Forum des familles d'otages et le kibboutz de Beeri.
Ce village agricole du sud d'Israël, situé à quelques kilomètres de la bande de Gaza, a été le théâtre de l'un des pires massacres commis sur le sol israélien, avec 80 de ses habitants tués sur 1.110, lors de l'attaque menée par des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza. Sahar Baruch avait été "enlevé à son domicile par les terroristes du Hamas puis amené à Gaza et tué là-bas", a indiqué le communiqué, précisant que son frère, Idan, avait également été tué le 7 octobre.
L'armée israélienne a reconnu vendredi l'échec d'une opération visant à libérer des otages, durant laquelle deux soldats ont été grièvement blessés selon elle. "Aucun otage n'a été secouru", a-t-elle ajouté, sans précisions sur le sort de ces otages, soulignant que "de nombreux terroristes ayant participé à l'enlèvement et à la garde des otages ont été tués". La branche armée du Hamas a, elle, annoncé avoir "déjoué une tentative israélienne de libérer un otage, en repérant des membres des forces spéciales israéliennes se faufilant dans le centre de la bande de Gaza" et qui s'étaient "glissés dans une ambulance".
Une frappe israélienne fait six morts dans la ville de Khan Younès
Sur la ville de Khan Younès, dans le sud du territoire, une frappe israélienne a tué six personnes, tandis que cinq autres sont mortes dans une attaque distincte à Rafah, a affirmé le ministère du Hamas samedi. La guerre a été déclenchée par l'attaque sanglante, menée le 7 octobre sur le sol israélien par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza, au cours de laquelle 1.200 personnes, en majorité des civils, ont été tuées selon les autorités israéliennes, et environ 240 autres prises en otage dont 138 restent captives.
En riposte, Israël a juré d'"anéantir" le Hamas, au pouvoir depuis 2007 dans la bande de Gaza et classé organisation terroriste par les États-Unis, l'Union européenne et Israël. Selon l'ONU, plus de la moitié des habitations ont été détruites ou endommagées par la guerre dans le territoire, où 1,9 million de personnes, soit 85% de la population, ont fui leur foyer. "Il fait si froid et la tente est si petite. Je n'ai que les vêtements que je porte. Je ne sais toujours pas quelle sera la prochaine étape", souffle Mahmud Abu Rayan, déplacé de Beit Lahia (nord).
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"Échec moral"
Le véto américain vendredi devant le conseil de sécurité de l'ONU a été rapidement condamné par les organisations humanitaires, Médecins sans frontières (MSF) déclarant que l'inaction du Conseil de sécurité des Nations unies le rend "complice du massacre" dans la bande de Gaza. Le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh a également fustigé "l'échec du Conseil de sécurité à adopter un projet de résolution visant à mettre fin à l'agression contre notre peuple dans la bande de Gaza en raison de l'utilisation par les États-Unis de leur droit de véto", qu'il a qualifié de "honte" et de "nouveau blanc-seing donné à l'État occupant pour massacrer, détruire et déplacer".
Selon lui, l'utilisation du véto montre le "mensonge" des États-Unis lorsqu'ils disent se préoccuper des pertes civiles. À l'ONU, l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood a justifié le véto américain. "Nous ne soutenons pas une résolution qui appelle à un cessez-le-feu non durable qui va simplement planter les graines de la prochaine guerre", a-t-il déclaré vendredi, dénonçant l'"échec moral" de l'absence dans le texte de condamnation des attaques du Hamas du 7 octobre.
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen, a estimé de son côté que le cessez-le-feu "empêcherait l'effondrement de l'organisation terroriste Hamas, qui commet des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité, et lui permettrait de continuer à diriger la bande de Gaza". L'armée israélienne a déclaré vendredi avoir frappé "plus de 450 cibles" en 24 heures à Gaza, montrant des images de frappes effectuées depuis des navires de guerre en Méditerranée. Le ministère de la Santé du Hamas a fait état de 40 morts près de la ville de Gaza, au nord, et de dizaines d'autres à Jabalia et à Khan Younès, au sud.
"Contexte humanitaire cauchemardesque"
Après deux mois de conflit et de bombardements, le chef de l'ONU Antonio Guterres a déclaré que "la population de Gaza regarde vers l'abîme". "Les gens sont désespérés, effrayés et en colère", a-t-il déploré vendredi, soulignant que "tout cela se déroule dans un contexte humanitaire cauchemardesque". Une grande partie des 1,9 million de Gazaouis déplacés par la guerre se sont dirigés vers le sud, transformant Rafah, le long de la frontière fermée avec l'Egypte, en un vaste camp de réfugiés.
Pendant que le nombre de décès de personnels médical et humanitaire dans le conflit s'alourdit, un projet de résolution soumis à l'OMS par 17 pays membres et la Palestine, au statut particulier, a exigé vendredi qu'Israël respecte pleinement ses obligations de protection envers ces travailleurs dans la bande de Gaza. Ils ont demandé à Israël de "respecter et protéger" les travailleurs médicaux et humanitaires chargés exclusivement de tâches médicales, ainsi que les hôpitaux et autres installations médicales.
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Seuls 14 des 36 hôpitaux de la bande de Gaza en état de fonctionnement
Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), seuls 14 des 36 hôpitaux de la bande de Gaza fonctionnaient encore tant bien que mal jeudi. Face au nombre croissant de victimes civiles, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby, a déclaré vendredi à la presse que Washington estimait qu'Israël devait faire davantage pour protéger les civils dans le conflit.
"Nous reconnaissons tous qu'il est possible de faire davantage pour réduire le nombre de victimes civiles. Et nous allons continuer à travailler avec nos homologues israéliens à cette fin", a-t-il déclaré. Le bilan s'est également alourdi en Cisjordanie, où les forces israéliennes ont abattu six Palestiniens vendredi, selon le ministère de la Santé du territoire. Israël a déclaré vendredi avoir perdu 91 soldats à Gaza, précisant que deux autres militaires avaient été blessés lors de l'échec d'une tentative de libération d'otages dans la nuit, ajoutant que "de nombreux terroristes" avaient été tués au cours de l'opération.
Le Hamas a affirmé qu'un otage avait été tué au cours de l'opération et a diffusé une vidéo montrant le corps, qui n'a pas pu être vérifiée de manière indépendante. Des pièces de roquettes, des lanceurs et d'autres armes du Hamas, ainsi qu'un tunnel d'un kilomètre, ont été découverts à l'université Al-Azhar, dans la ville de Gaza, a indiqué l'armée, qui a conseillé aux habitants de se déplacer vers l'ouest.
Attaque de l'ambassade américaine
Une attaque contre l'ambassade américaine en Irak vendredi a renforcé les craintes d'un conflit régional plus large. Des salves de roquettes ont été lancées contre la mission dans la zone verte lourdement sécurisée de Bagdad, s'ajoutant à des dizaines de récentes frappes de roquettes et de drones par des groupes pro-iraniens contre les forces américaines ou de la coalition en Irak et en Syrie.
Par ailleurs, trois combattants du Hezbollah et un Syrien ont été tués vendredi dans une frappe de drone israélienne sur leur voiture dans le sud de la Syrie, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).