Tôt dimanche, l'aviation israélienne a mené des "raids aériens très violents" près de Khan Younès, et sur la route entre cette ville et celle de Rafah, près de la frontière avec l'Égypte, a indiqué l'administration du Hamas. Un journaliste de l'AFP a pu constater les frappes dans le sud de Gaza. Quelques heures plus tard, une source proche des branches militaires du Hamas et du Jihad islamique a indiqué à l'AFP que les deux mouvements étaient impliqués dans "de violents affrontements" autour de Khan Younès.
Les principales informations à retenir :
- L'armée israélienne dit vouloir "accentuer la pression" dans les secteurs du sud de la bande de Gaza, où les craintes vont croissant pour la population civile
- Le Hamas a annoncé ce dimanche un nouveau bilan de 17.997 morts dans la bande Gaza depuis le début du conflit
- Une grande partie des 1,9 million de Gazaouis qui ont fui les combats et les bombes se retrouvent acculés à Rafah, transformé en vaste camp de réfugiés
- Samedi soir, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées à Tel-Aviv pour appeler le gouvernement à négocier la libération des autres otages
- L'Iran, soutien clé du Hamas, a mis en garde contre "la possibilité" d'"une explosion incontrôlable" au Moyen-Orient
Benjamin Netanyahu au Hamas : «C'est fini, rendez-vous, maintenant»
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a appelé dimanche le Hamas à déposer les armes sans délai, affirmant enregistrer de nombreuses redditions ces derniers jours qui annoncent "le début de la fin" du Hamas.
"Ils déposent les armes et se rendent à nos soldats héroïques. Cela prendra du temps. La guerre se poursuit, mais c'est le début de la fin du Hamas", a déclaré Benjamin Netanyahu, cité dans un communiqué. "Je dis aux terroristes du Hamas: c'est la fin. Ne mourez pas pour [le chef du mouvement à Gaza, Yahya] Sinouar. Rendez-vous - maintenant!", a-t-il ajouté.
Le Hamas annonce un nouveau bilan de 17.997 morts
Le Hamas annonce que 17.997 morts dans la bande de Gaza, depuis le début du conflit avec Israël. D'après les estimations, 70% des victimes sont des femmes, des enfants et des personnes de moins de 18 ans.
Le Hamas affirme qu'aucun otage ne sortira "vivant" de Gaza sans "négociation"
Le Hamas a prévenu dimanche qu'aucun des otages enlevés lors de l'attaque du 7 octobre et encore retenus dans la bande de Gaza n'en sortirait "vivant" sans négociation et sans "répondre aux exigences" du Hamas. "Ni l'ennemi fasciste et sa direction arrogante, ni ses soutiens, ne pourront récupérer leurs prisonniers vivants sans un échange et une négociation, et sans répondre aux exigences de la résistance", a déclaré dans une vidéo Abou Obeida, le porte-parole des Brigades al-Qassam, branche armée du Hamas.
Avant de voler en éclats le 1er décembre, une semaine de trêve avait permis la libération de 105 otages détenus dans la bande de Gaza, dont 80 otages israéliens échangés contre 240 détenus palestiniens des prisons israéliennes. Le Qatar, qui avait assuré la médiation entre le Hamas et Israël, a indiqué que des efforts restaient en cours pour la conclusion d'une nouvelle trêve et la libération de nouveaux otages, tout en soulignant que l'offensive israélienne dans la bande de Gaza "rétrécissait la perspective" d'un succès.
Israël - qui n'a jamais publié de liste - a indiqué que 137 otages restent détenus dans la bande de Gaza, où son armée mène une offensive tous azimuts, marquée notamment par un pilonnage intensif - depuis l'air, la mer, le ciel - du petit territoire surpeuplé, gouverné par le Hamas depuis 2007. Environ 240 otages ont été emmenés de force dans la bande de Gaza par les combattants palestiniens lors de l'attaque sans précédent qu'ils ont menée le 7 octobre dans le sud d'Israël, tuant environ 1.200 personnes, majoritairement des civils.
Abou Obeida a affirmé que le combat se poursuivrait contre les forces israéliennes, dont les opérations militaires dans la bande de Gaza ont déjà fait, selon le ministère de la Santé du Hamas, près de 18.000 morts, majoritairement des femmes, des enfants et des adolescents. "Nous n'avons pas d'autre choix que de combattre cet occupant barbare, dans chaque quartier, rue ou ruelle", a-t-il affirmé, "l'holocauste auquel se livre l'ennemi vise à briser la force de notre résistance (...) mais nous menons sur notre terre une bataille sainte".
Intensification au sud de Gaza
L'armée israélienne a dit avoir "intensifié" ses opérations dans ces secteurs du sud de la bande de Gaza. "Nous devons accentuer la pression", a lancé son chef d'état-major de l'armée Herzi Halevi, faisant état d'un nombre croissant de terroristes du Hamas "tués". Au tout début de son offensive terrestre, l'armée israélienne avait demandé à la population du nord de la bande de Gaza de se rendre au sud.
Mais avec l'intensification des combats dans le sud, et après un véto américain à l'ONU sur une résolution proposant un cessez-le-feu, les craintes vont croissant pour la population civile dans la bande de Gaza et notamment dans le sud.
"Peine de mort"
Une grande partie des 1,9 million de Gazaouis qui ont fui les combats et les bombes se retrouvent acculés à Rafah, transformé en vaste camp de réfugiés. Des maladies se propagent en raison de la surpopulation et des mauvaises conditions sanitaires au sein des abris de l'agence de l'ONU dédiée aux réfugiés palestiniens (UNRWA) dans le sud du territoire. "Près d'un million d'enfants ont été déplacés de force et sont poussés de plus en plus vers le sud, dans des zones minuscules, surpeuplées, sans eau, sans nourriture et sans protection", a déclaré la directrice de l'Unicef pour le Moyen-Orient, Adele Khodr.
"Les restrictions liées à l'acheminent d'une aide vitale à travers la bande de Gaza sont une peine de mort supplémentaire pour les enfants", a-t-elle ajouté. Selon le ministère de la Santé du Hamas, le bilan des victimes dépasse 17.700 morts dans l'étroite bande de terre, pour la plupart des femmes et des enfants, depuis le début de l'offensive israélienne à Gaza qui vise à "anéantir" ce mouvement classé organisation terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne.
Israël a lancé cette opération après l'attaque inédite perpétrée le 7 octobre par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza sur le territoire israélien, au cours de laquelle 1.200 personnes, en majorité des civils, ont été tuées, selon les autorités. Environ 240 personnes avaient été prises en otage et emmenées à Gaza où 137 sont toujours retenues selon l'armée.
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"Nous danserons à nouveau"
Fin novembre, 105 otages, dont 80 Israéliens, ont été relâchés dans le cadre d'un accord de trêve de sept jours, en échange de 240 prisonniers palestiniens détenus en Israël. Samedi soir, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées à Tel-Aviv pour appeler le gouvernement à négocier la libération des autres otages dont les familles sont toujours rongées par l'angoisse. "Je préfère voir mes enfants libérés par des négociations, pas des actions militaires, car j'ai peur qu'ils soient tués par l'armée", a confié à l'AFP Yechi Yehud, père de Arbel et Dolev, une soeur et son frère.
Mia Schem, une Israélienne kidnappée lors du festival de musique Nova puis libérée dans le cadre de la trêve fin novembre, a posté sur Instagram un portrait photo, montrant un nouveau tatouage à l'avant-bras: "We will dance again 71023" ("Nous danserons à nouveau, 7 octobre 2023"). Sur les réseaux sociaux arabes, la vidéo d'un soldat israélien brisant des objets dans un petit commerce de Gaza tournait en boucle. Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a qualifié "d'inapproprié", ce comportement qui fait l'objet d'un "examen".
"La mort nous suit"
Après un peu plus de deux mois de guerre, des quartiers entiers de Gaza sont désormais des champs de ruines et plus de la moitié des habitations ont été détruites ou endommagées, selon l'ONU. Des milliers de personnes ont trouvé abri à l'hôpital al-Chifa, hors service après avoir été évacué par l'armée israélienne il y a une quinzaine de jours, selon un journaliste de l'AFP. Des déplacés ont installé des centaines de tentes de fortune faites de tissu recouvert de plastique ou de nylon dans les jardins et les cours intérieures.
"Nous nous sommes réfugiés à l'hôpital al-Chifa. (...) Nous ne savons pas s'ils prendront d'assaut l'hôpital de nouveau. Qu'importe où nous allons, la mort nous suit", a raconté à l'AFP Suheil Abou Dalfa, 56 ans, dont la maison a été touchée par un obus et le fils de 20 ans blessé. Le gouvernement américain a approuvé "d'urgence", sans passer par le Congrès, la vente à Israël de près de 14.000 obus de 120 mm équipant les chars de combat Merkava engagés dans l'offensive contre le Hamas à Gaza.
Du Liban au Yémen
Les tensions hors de Gaza font toujours planer le spectre d'un élargissement du conflit. L'Iran, soutien clé du Hamas, a mis en garde contre "la possibilité" d'"une explosion incontrôlable" au Moyen-Orient, tandis que les rebelles Houthis du Yémen, soutenus par Téhéran, ont menacé d'attaquer tout navire dans la mer Rouge se dirigeant vers Israël si la population de la bande de Gaza ne recevait pas l'aide dont elle a besoin.
La frégate multi-missions française Languedoc a intercepté dans la nuit deux drones qui se dirigeaient vers elle depuis les côtes du Yémen, a annoncé l'état-major des armées. À la frontière nord d'Israël, les échanges de tirs se sont multipliés entre l'armée israélienne et le mouvement libanais Hezbollah, allié du Hamas soutenu par l'Iran, depuis le début de la guerre. Une position de maintien de la paix de l'ONU dans le sud du Liban a été touchée samedi sans faire de victimes, a déclaré la force des Nations unies, ajoutant qu'elle vérifiait l'origine des tirs.