Israël a multiplié vendredi les raids aériens sur la bande de Gaza assiégée, après avoir prévenu que la guerre contre le Hamas durerait longtemps malgré les pressions américaines pour réduire l'intensité des frappes et protéger les civils. En visite en Israël, l'émissaire américain Jake Sullivan a plaidé pour que le contrôle de Gaza revienne aux Palestiniens à l'issue de la guerre, déclenchée il y a 70 jours par l'attaque sanglante du Hamas, au pouvoir dans le territoire palestinien, sur le sol israélien.
Les principales informations :
- La dépouille de l'otage franco-israélien Elya Toledano a été récupérée à Gaza
- La destruction du Hamas prendra "plus que quelques mois" selon le ministre de la défense israélienne
- Israël autorise l'entrée "temporaire" d'aide par un de ses points de passage
- Les attaques des Houthis "mettent en danger" Israël et la navigation internationale, dit Berlin
Le Hamas annonce un nouveau bilan
Le Hamas a annoncé ce vendredi que les opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza avaient fait 18.800 morts depuis le début du conflit le 7 octobre dernier.
Les Palestiniens morts, tués en majorité dans des frappes aériennes, sont à 75% des enfants (8.000) et des femmes (6.200), a précisé dans un communiqué le Hamas, qui estime à 7.500 le nombre des disparus au 70e jour de la guerre avec Israël.
Israël annonce la mort de trois otages tués "par erreur"
L'armée israélienne a annoncé vendredi que des soldats opérant dans la bande de Gaza ont tué trois otages israéliens "identifiés par erreur" comme une "menace". "Lors de combats à Choujaiya (nord), l'armée a identifié par erreur trois otages israéliens comme une menace. En conséquence, les soldats ont ouvert le feu dans leur direction et ils ont été tués", a indiqué le porte-parole de l'armée, Daniel Hagari, à la télévision.
Les victimes sont Yotam Haïm et Samer al-Talalka, tous deux enlevés au kibboutz Nir Am lors de l'attaque meurtrière du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre, précise un communiqué de l'armée. La famille du troisième otage tué n'a pas souhaité que son identité soit rendue publique. Leurs corps ont été rapatriés en Israël. L'armée souligne qu'ils ont trouvé la mort "dans une zone de combat active" dans laquelle ses soldats livrent "une bataille continue depuis plusieurs jours" face aux Hamas. Elle a fait part de ses "profonds regrets" aux familles de victimes, ajoutant que "sa mission est de localiser les disparus et de ramener les otages chez eux".
Israël autorise l'entrée "temporaire" d'aide par un de ses points de passage
Israël a annoncé vendredi avoir approuvé "temporairement" l'entrée d'aide humanitaire dans la bande de Gaza par un de ses points de passage, afin de décongestionner celui de Rafah entre le territoire palestinien et l'Egypte. "Le cabinet a temporairement approuvé le déchargement de camions du côté gazaoui du point de passage de Kerem Shalom plutôt que de les renvoyer vers Rafah", a indiqué le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu dans un communiqué. "La décision du cabinet précise que seule l'aide humanitaire en provenance d'Egypte sera livrée à Gaza de cette façon".
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UE : "Nous sommes très loin d'un élargissement effectif" à l'Ukraine, dit Macron
Le président français Emmanuel Macron a souligné vendredi que l'Union européenne était encore "très loin d'un élargissement" à l'Ukraine et que cela supposerait une réforme de ses règles de fonctionnement. "Nous sommes très loin d'un élargissement effectif à l'Ukraine", a-t-il dit, interrogé sur les inquiétudes des agriculteurs européens. "Quelque élargissement que ce soit supposera une réforme en profondeur de nos règles", a-t-il ajouté.
Appel conjoint UE, Australie et Canada pour mettre fin aux violences des colons israéliens
L'Union européenne, l'Australie, le Canada, la Norvège, le Royaume-Uni et la Suisse ont exhorté vendredi Israël à "prendre des mesures concrètes pour faire cesser la violence sans précédent des colons israéliens en Cisjordanie occupée".
Condamnant "fermement les violences commises par les colons extrémistes, qui terrorisent les communautés palestiniennes", ils dénoncent "l'incapacité d'Israël à protéger les Palestiniens" et lui demandent de traduire en justice les responsables de ces violences, selon un communiqué commun transmis par le ministère français des Affaires étrangères.
Plusieurs bombardements sur la bande de Gaza
Des nuages de fumée s'élevaient vendredi dans le nord de la bande de Gaza et à Khan Younès, la grande ville du sud où le Hamas a fait état de "dizaines de morts et de blessés" dans des bombardements. La ville voisine de Rafah a elle aussi été frappée. "Nous dormions dans notre maison et soudain, il y a eu une frappe, comme une bombe baril", un baril rempli d'explosif, a raconté à l'AFP un survivant, Bakr Abu Hajjaj. "Il y a des blessés, tout est détruit, cela fait 70 jours que nous subissons cette guerre et cette destruction", a-t-il ajouté.
L'attaque du 7 octobre, sans précédent dans l'histoire d'Israël, a fait environ 1.200 morts, en majorité des civils, selon les autorités. En représailles, Israël a promis de "détruire" le Hamas. Dans la bande de Gaza, 18.787 personnes, à 70% des femmes, des enfants et des adolescents, ont été tuées par les bombardements israéliens, d'après le ministère de la Santé du Hamas. La guerre a plongé le territoire dans une grave crise humanitaire et 1,9 million d'habitants, soit 85% de sa population, ont été déplacés, selon l'ONU, dont beaucoup ont dû fuir plusieurs fois face aux combats qui s'étendaient.
"Effondrement de l'ordre civil" dans la bande de Gaza
L'ONU a averti jeudi d'un "effondrement de l'ordre civil" dans la bande de Gaza, affirmant que la faim et le désespoir poussaient des habitants à s'emparer de l'aide humanitaire, qui arrive en quantité très limitée via l'Egypte. "Partout où l'on va, les gens sont désespérés, affamés et terrifiés", a déclaré le Commissaire général de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini.
Les télécommunications restaient une nouvelle fois coupées vendredi, isolant encore plus le petit territoire soumis par Israël à un siège total depuis le 9 octobre. "Il y aura davantage de batailles difficiles dans les prochains jours", a prévenu Daniel Hagari, un porte-parole de l'armée.
Trois corps d'otages récupérés, dont le Franco-israélien Elya Toledano
Au total, selon l'armée, 119 soldats ont été tués à Gaza depuis le début de l'offensive terrestre le 27 octobre. Cette offensive a permis à Israël de prendre le contrôle de plusieurs secteurs dans le nord, avant de s'étendre jusqu'au sud où se sont massés des centaines de milliers de civils déplacés par la guerre.
Quelque 250 personnes ont été enlevées le jour de l'attaque, dont 132, selon l'armée, restent aux mains du Hamas et de groupes affiliés après la libération de 105 otages pendant une trêve de sept jours qui a pris fin le 1er décembre. L'armée a annoncé vendredi avoir récupéré les corps de trois otages, dont ceux de deux soldats âgés de 19 ans, Nik Beizer et Ron Sherman, ainsi que celui d'un otage franco-israélien, Elya Toledano.
"Séparer" et "isoler" la bande de Gaza de l'État palestinien est "inacceptable", déclare Abbas
Principal allié d'Israël, les Etats-Unis montrent des signes d'impatience face aux lourdes pertes civiles à Gaza. Le président Joe Biden a déclaré mardi qu'Israël risquait de perdre le soutien de la communauté internationale en raison de ses bombardements "aveugles". Washington souhaite que l'offensive israélienne bascule vers des "opérations de plus faible intensité" dans un "futur proche", selon la Maison Blanche.
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Mais à l'issue de la guerre, il ne serait "pas juste" qu'Israël occupe Gaza sur le long terme, a déclaré vendredi à Tel-Aviv le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, avant de se rendre à Ramallah, en Cisjordanie occupée.
Le gouvernement israélien, a souligné Jake Sullivan, a lui-même "fait savoir qu'il n'avait pas l'intention d'occuper Gaza sur le long terme, et que le contrôle de Gaza, l'administration de Gaza et la sécurité de Gaza devaient revenir aux Palestiniens". Toute tentative de "séparer" et d'"isoler" la bande de Gaza de l'Etat palestinien est "inacceptable", a affirmé le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, à l'émissaire américain.
Détruire le Hamas "prendra du temps, plus que quelques mois", selon Israël
Israël s'était retiré de la bande de Gaza en 2005, d'où l'Autorité palestinienne a été chassée en 2007 par le Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël. Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a prévenu jeudi que la guerre allait durer. Le Hamas "a mis en place des infrastructures souterraines et aériennes qu'il n'est pas facile de détruire. Cela prendra du temps - plus que quelques mois - mais nous vaincrons et nous détruirons" le Hamas, a-t-il déclaré.
Dans la bande de Gaza, les civils sont acculés dans des zones toujours plus petites, cherchant à échapper aux frappes, dans des conditions humanitaires désespérées. À l'extrême sud, Rafah, ville frontalière avec l'Egypte, est devenue un gigantesque camp, fait de centaines de tentes bricolées à l'aide de bouts de bois, de draps et de bâches en plastique, où les déplacés s'abritent tant bien que mal sous la pluie, alors que l'hiver et le froid s'installent.
Mais là aussi, les frappes sont quotidiennes. "Il s'agit d'un camp de réfugiés, avec des maisons reliées entre elles. Comme vous le voyez, elles sont détruites. Comme vous le voyez, il y a des débris partout (…), c'est un quartier habité qui n'a rien à voir avec des activités de combattants", a raconté à l'AFP Abou Omar, un habitant qui fouillait les décombres vendredi.
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Dans le nord, les soldats israéliens appuyés par des chars ont lancé jeudi, pour la troisième journée consécutive, un assaut contre l'hôpital Kamal Adwane à Beit Lahiya, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), tandis qu'un autre hôpital de la même région, Al-Awda, à Jabalia, reste encerclé par l'armée.
Tensions en mer Rouge
L'ONU ne cesse de répéter que l'aide humanitaire, dont l'entrée dans le territoire est soumise à l'autorisation d'Israël, est insuffisante et que la surpopulation dans les camps entraîne des maladies, en plus de la faim et du manque de soins.
La guerre a ravivé les tensions à la frontière israélo-libanaise et en Cisjordanie occupée, mais aussi en mer Rouge, où les rebelles Houthis du Yémen, alliés du Hamas, ont revendiqué vendredi deux attaques contre des navires en route vers Israël. Les Houthis "représentent une menace concrète pour une libre navigation" en mer Rouge, a déclaré Jake Sullivan.
"Les attaques des Houthis contre des navires marchands civils en Mer Rouge doivent s'arrêter immédiatement", a également déclaré la ministre lors d'une conférence de presse à Berlin. "Non seulement ces attaques mettent en danger la sécurité d'Israël, mais elles menacent également le transport maritime international", a-t-elle ajouté, alors qu'un porte-conteneur attaqué appartient à l'armateur allemand Hapag-Lloyd.