L'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) à Gaza a affirmé samedi qu'un ordre d'évacuation de l'armée israélienne à l'intention d'habitants du centre de la bande de Gaza les déplacerait vers des zones où des frappes aériennes sont en cours. Dans des publications sur ses réseaux en arabe vendredi, l'armée israélienne a sommé les habitants du camp de réfugiés de Bureij et des environs à "partir immédiatement pour leur propre sécurité" vers un secteur présenté comme sûr à Deir el-Balah, à sept kilomètres plus au sud.
"L'armée israélienne ordonne simplement aux gens de se déplacer vers des zones où des frappes aériennes sont en cours. Aucun endroit n'est sûr, (il n'y a) nulle part où aller", a réagi sur X le directeur de l'Unrwa à Gaza, Thomas White. "Les gens à Gaza sont des êtres humains. Ils ne sont pas des pièces sur un échiquier - beaucoup ont déjà été déplacés plusieurs fois", a-t-il ajouté. L'Unrwa a affirmé que le dernier ordre d'évacuation concernait "plus de 150.000 personnes". "Pour étendre les opérations militaires en cours, les autorités israéliennes ont encore émis des ordres d'évacuation pour les habitants de la zone centrale de Gaza, les enjoignant de se déplacer vers des zones où des frappes aériennes sont en cours", a écrit l'agence sur son compte X. "Il n'y a nulle part où les gens peuvent aller. Aucun endroit n'est sûr".
Les principales informations :
- "Aucun endroit n'est sûr" à Gaza, estime l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, après un nouvel ordre d'évacuation de l'armée israélienne.
- L'ONU adopte une résolution appelant à un accroissement de l'aide humanitaire à Gaza.
- Un pas dans la "bonne direction" pour l'ambassadeur en Palestine, Riyad Mansour.
- Les efforts des médiateurs égyptien et qatari se poursuivent pour tenter de parvenir à une nouvelle trêve entre Israël et le Hamas.
L'armée israélienne annonce la mort de cinq soldats à Gaza depuis vendredi
L'armée israélienne a annoncé samedi que cinq de ses soldats avaient été tués depuis vendredi en combattant dans la bande de Gaza. Quatre militaires ont été tués vendredi dans le sud de la bande de Gaza et un cinquième samedi dans le nord du territoire palestinien, a précisé l'armée dans un communiqué. Ces morts portent à 144 le nombre de soldats israéliens tués depuis le début de l'offensive terrestre de l'armée israélienne dans la bande de Gaza le 27 octobre.
Le Hamas annonce un nouveau bilan
Le mouvement terroriste Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, a annoncé samedi que les opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza avaient fait 20.258 morts depuis le début de la guerre le 7 octobre. Ce bilan comprend 201 personnes tuées durant les dernières 24 heures, a précisé le ministère, qui a également fait état de plus de 53.000 blessés.
L'ONU adopte une résolution appelant à un accroissement de l'aide humanitaire à Gaza
Les frappes israéliennes et combats au sol continuent samedi dans la bande de Gaza, où la population palestinienne en souffrance espère un accroissement de l'aide humanitaire après l'adoption d'une résolution en ce sens par le Conseil de sécurité de l'ONU. Après cinq jours de négociations laborieuses pour éviter un veto des États-Unis, le Conseil a finalement adopté vendredi un texte réclamant l'acheminement "immédiat" et "à grande échelle" de l'aide humanitaire à Gaza.
La résolution se garde d'appeler à un "cessez-le-feu", condition inacceptable pour Israël et son allié américain. Elle demande de "créer les conditions d'une cessation durable des hostilités". L'adoption de ce texte, grâce à l'abstention des États-Unis et de la Russie, est vue comme un succès diplomatique au sein d'une institution largement critiquée pour son inaction depuis le début de la guerre. Mais sa portée réelle sur le terrain est encore incertaine : l'aide humanitaire, qui rentre déjà au compte-gouttes à Gaza, est pour l'instant très loin de répondre aux immenses besoins d'une population largement menacée par la famine, selon l'ONU.
Avant ce vote, Israël, qui contrôle les camions entrant à Gaza, faisait déjà un procès en incompétence aux agences onusiennes chargées de la distribution de l'aide. Une position maintenue par le ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen, vendredi. "La décision du Conseil de sécurité souligne la nécessité de veiller à ce que les Nations unies soient plus efficaces dans le transfert de l'aide humanitaire et de s'assurer que l'aide arrive à destination et ne se retrouve pas entre les mains des terroristes du Hamas", a-t-il réagi sur X.
Un pas dans la "bonne direction" pour l'ambassadeur Riyad Mansour
Côté palestinien, l'ambassadeur à l'ONU Riyad Mansour a salué "un pas dans la bonne direction", tout en insistant sur la nécessité d'un "cessez-le-feu immédiat". Mais le Hamas, classé comme organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël, a jugé la résolution "insuffisante" et estimé qu'elle ne "répond(ait) pas à la situation catastrophique créée par la machine de guerre sioniste (israélienne, ndlr)". Israël a promis de détruire le Hamas, après l'attaque sans précédent menée le 7 octobre par le Hamas sur son sol, qui a fait environ 1.140 morts, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur le bilan israélien. Les commandos palestiniens ont aussi enlevé environ 250 personnes, dont 129 sont toujours retenues à Gaza, d'après Israël.
Les opérations militaires israéliennes menées en représailles ont fait 20.057 morts, majoritairement des femmes, adolescents et enfants, et plus de 50.000 blessés, selon le dernier bilan du gouvernement du Hamas. Outre les bombardements aériens, l'armée israélienne a lancé le 27 octobre une offensive terrestre dans le nord du territoire qui lui a permis d'avancer vers le sud et de prendre plusieurs secteurs. Israël a perdu au total 139 soldats à Gaza. Tard vendredi, l'armée a encore annoncé avoir tué "des terroristes" et découvert des tunnels utilisés par le Hamas dans la ville de Gaza.
Samedi matin, le Hamas a annoncé qu'une frappe israélienne sur le camp de réfugiés de Nuseirat avait fait au moins 18 morts dans la nuit. L'armée israélienne "poursuit ses tirs d'artillerie lourde" sur la ville de Gaza et sur Jabaliya dans le nord, ainsi qu'à Deir el-Balah dans le centre du territoire, ajoute le communiqué. Les frappes continuent également près de Rafah et de Khan Younès dans le sud.
"Mon message au monde est qu'ils nous regardent, qu'ils nous voient, qu'ils constatent que nous sommes en train de mourir. Pourquoi n'y prêtent-ils pas attention?", s'est indignée auprès de l'AFP Walaa Al-Medini, une déplacée palestino-égyptienne évacuant le camp de réfugiés de Bureij (centre), après un avertissement préventif de l'armée israélienne.
À Gaza, le risque de famine grandit
Le conflit a réduit en ruines une grande partie de Gaza, petit territoire surpeuplé de 362km2 dirigé par le Hamas depuis 2007. Les bombardements israéliens ont poussé 1,9 million de personnes à fuir leurs maisons, soit 85% de la population d'après l'ONU. Après plus de deux mois de guerre, seuls neuf des 36 hôpitaux de Gaza fonctionnent encore partiellement, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), et les agences internationales alertent désormais avec insistance sur le risque de famine qui menace la population.
Malgré la nouvelle résolution adoptée par le Conseil de sécurité, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a fustigé les "obstacles massifs" à la distribution d'aide créés par la manière dont Israël mène son "offensive". Il a rappelé que "136" employés des Nations unies "ont été tués en 75 jours", "du jamais vu" selon lui. Seul un cessez-le-feu peut "commencer à répondre aux besoins désespérés de la population de Gaza" et permettre de distribuer l'aide nécessaire, a-t-il ajouté.
"L'exigence la plus pressante pour la population de Gaza est un cessez-le-feu immédiat", a renchéri sur X le patron de l'Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, en rappelant que "la faim, la famine et la propagation de maladies", menacent largement l'enclave palestinienne. Dans les prochaines semaines, "10.000 enfants de moins de cinq ans souffriront de la forme de malnutrition la plus mortelle", a insisté l'Unicef dans un communiqué.
Vers une nouvelle trêve ?
Dans ce contexte, les efforts des médiateurs égyptien et qatari se poursuivent pour tenter de parvenir à une nouvelle trêve, après celle d'une semaine fin novembre qui avait permis la libération de 105 otages et de 240 Palestiniens détenus par Israël et l'acheminement de davantage d'aide. Mais les belligérants restent intransigeants : le Hamas exige un arrêt des combats avant toute négociation sur les otages. Israël est ouvert à l'idée d'une trêve mais exclut tout cessez-le-feu avant "l'élimination" du Hamas.
En attendant, les familles d'otages vivent dans l'angoisse. Vendredi, le kibboutz de Nir Oz et l'armée, ont annoncé qu'un otage israélo-américain de 73 ans était mort lors de son enlèvement le 7 octobre. Sa dépouille se trouve toujours dans la bande de Gaza. Le président américain Joe Biden a dit avoir "le cœur brisé par la nouvelle" et a indiqué "prier" pour que la femme de cet homme, également otage, soit en bonne santé. "Nous ne cesserons pas d'œuvrer à les ramener à la maison", a-t-il promis dans un communiqué.