Le président français Emmanuel Macron a rejeté mercredi au Caire l'idée de "double standard" entre Israéliens et Palestiniens, plaidant pour une relance du "processus de paix" en vue de créer un État palestinien et annonçant l'envoi d'un navire-hôpital à destination de Gaza. Après une première étape mardi en Israël, où il a présenté les condoléances d'un "pays ami, éploré devant l'acte terroriste le plus terrible de votre Histoire" - l'attaque du Hamas du 7 octobre qui a fait 1.400 morts en Israël -, Emmanuel Macron s'est adressé aux pays et aux opinions arabes au côté du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.
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"Toutes les vies se valent, toutes les victimes méritent notre compassion, notre engagement durable pour une paix juste et durable au Proche-Orient", a-t-il martelé alors que le roi Abdallah II de Jordanie, par exemple, a accusé l'Occident d'affirmer que "les vies palestiniennes valent moins que les vies israéliennes".
Un navire militaire pour "soutenir les hôpitaux"
Les deux dirigeants se sont rencontrés dans la matinée à Amman. Abdallah II a dit la "nécessité absolue" d'"arrêter la guerre à Gaza" car "sa poursuite pourrait mener à une explosion dans la région". Le président Sissi, lui, a exhorté Israël à éviter une "invasion terrestre de Gaza" comme il menace de le faire depuis des jours car elle fera "un grand nombre de victimes civiles".
Depuis qu'Israël bombarde la bande de Gaza pour "liquider" le Hamas qui la gouverne, les autorités locales ont recensé 6.546 morts, en majorité des civils dont 2.704 enfants. Pour aider le petit territoire, pilonné sans arrêt et dont plusieurs hôpitaux n'ont plus d'électricité faute de carburant en raison du "siège complet" décrété par Israël, la France va envoyer un navire militaire pour "soutenir les hôpitaux", a annoncé Emmanuel Macron. Un avion français chargé de matériel médical doit aussi atterrir jeudi en Egypte à destination de la population gazaouie, a-t-il précisé, ajoutant que d'autres "suivront".
L'aide humanitaire arrive depuis samedi au compte-gouttes à Gaza via le territoire égyptien, unique pays à avoir un point d'accès à Gaza qui ne soit pas aux mains d'Israël. Seules quelques dizaines de camions sont passés au grand dam de l'ONU qui réclame une aide massive pour les 2,4 millions de Gazaouis privés de tout. Alors que Le Caire est partie des négociations pour la libération des plus de 200 otages enlevés en Israël par le Hamas, Emmanuel Macron a révélé le nouveau bilan des victimes françaises de l'attaque du Hamas : 31 morts et neuf otages.
Solution à deux États
Emmanuel Macron, rattrapé lui-même par des attentats islamistes en France, a pris soin d'afficher une politique équilibrée dans la région, avec l'ambition d'y jouer un rôle pour tenter de surmonter le séisme provoqué par l'attaque du Hamas. Il souhaite ainsi réactiver la "solution à deux Etats", palestinien et israélien. Cette pierre angulaire des négociations de paix, au point mort depuis des années, ne cesse de subir des coups de boutoir.
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L'extension de la colonisation israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, annexée, rend impossible la continuité d'un hypothétique Etat palestinien. Et, en 2020, trois pays arabes ont normalisé leurs relations avec Israël, renonçant à faire de la création d'un Etat palestinien une condition sine qua non à cette reconnaissance. "Il est difficile en ce moment de parler de la reprise d'un processus de paix", avait concédé Emmanuel Macron mardi à Ramallah en Cisjordanie. "Mais elle est plus que jamais nécessaire" pour éviter que les "groupes terroristes les plus radicaux" ne continuent à prospérer, avait-il déclaré.
Coalition contre le Hamas
Au Caire, il a redit vouloir "parvenir enfin à la solution de deux Etats, Israël et la Palestine, vivant côte à côte en paix et en sécurité". "Ce n'est pas parce que cette idée est vieille qu'elle est devenue caduque", a-t-il martelé. Emmanuel Macron entendait aussi tester auprès des pays de la région sa proposition d'une "coalition" internationale pour "lutter" contre le mouvement islamiste palestinien Hamas. Aucun dirigeant arabe qu'il a rencontré n'a toutefois mentionné cette idée.
Selon son entourage, il s'agirait de créer une nouvelle coalition ou d'étendre au combat contre le Hamas celle qui existe depuis 2014 pour lutter contre le groupe Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak, à laquelle participent Paris mais aussi des pays arabes. Pour l'heure, les experts doutent de la possibilité d'étendre ou répliquer la coalition visant l'EI. De nombreux pays arabes ne partagent pas la position des Occidentaux sur le Hamas. Certains sont en outre ouvertement hostiles à Israël.