Israël-Hamas : quelles différences entre une trêve humanitaire et un cessez-le-feu à Gaza ?

Gaza
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Ophélie Artaud / Crédit photo : MAJDI FATHI / NurPhoto / NurPhoto via AFP
Alors que la situation humanitaire est de plus en plus difficile dans la bande de Gaza, Emmanuel Macron a appelé jeudi à mettre en place "une pause humanitaire très rapide et œuvrer à un cessez-le-feu". Une proposition que rejette pour l'instant le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Mais en quoi consisterait cette trêve et quelle est la différence avec un cessez-le-feu ?

"Il faut une pause humanitaire très rapide et œuvrer à un cessez-le-feu". Lors de son discours d'ouverture de la "conférence humanitaire" organisée ce jeudi en France, Emmanuel Macron a réitéré la position de la France face à la situation dans la bande de Gaza. Pour le gouvernement français, la priorité reste de suspendre temporairement les combats entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, pour aider la population civile palestinienne.

Depuis l'attaque terroriste du Hamas contre Israël le 7 octobre et la riposte de l'État hébreu, plus de 10.000 Palestiniens ont été tués à Gaza, selon les derniers chiffres du Hamas, qui n'ont pas été confirmés officiellement. Sur le territoire, l'accès au matériel médical, à la nourriture ou l'eau est de plus en plus difficile, et les ONG présentes sur place craignent une crise humanitaire sans précédent.

Le 28 octobre dernier, l'Assemblée générale de l'ONU a voté en large majorité une résolution non contraignante en faveur d'une "trêve humanitaire immédiate". Une proposition pour le moment refusée par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui conditionne la mise en place d'une possible trêve à la libération des otages. Mais en quoi consisterait une trêve humanitaire et quelle est la différence avec un cessez-le-feu ?

Qu'est-ce qu'une trêve humanitaire ?

Tout d'abord, une trêve humanitaire consiste à suspendre temporairement les combats, dans le seul et unique but de venir en aide à la population civile. Celle-ci peut durer quelques heures ou plusieurs jours et doit être décidée par une partie ou les deux. En revanche, elle ne repose sur aucun fondement juridique, comme l'explique le Comité international de la Croix-Rouge sur son site. L'objectif d'une telle trêve serait de pouvoir faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire et de permettre aux civils de quitter les zones touchées par les bombardements.

Mais pour le vice-président de Médecins du Monde et chercheur associé à l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), Jean-François Corty, cette aide humanitaire est "instrumentalisée dans ce conflit comme dans beaucoup d’autres conflits. Le Croissant rouge égyptien est à la manœuvre pour la gestion et la coordination de cette aide, présente en masse et prépositionnée du côté de l’Égypte, notamment aux alentours du passage de Rafah. Cependant, elle ne parvient pas à rentrer de manière suffisante. Aujourd’hui, on estime qu’il faudrait en moyenne 150 camions par jour d’eau, de nourriture, de médicaments et de fioul pour pouvoir faire tourner les groupes électrogènes, soigner et nourrir les gens. Cette aide humanitaire rentre au compte-goutte et selon la position d’Israël, elle n’est pas censée toucher le nord de la bande de Gaza", explique-t-il sur le site de l'IRIS.

La mise en place d'une trêve humanitaire permettrait donc avant tout de faciliter l'entrée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza. Pour le vice-président de Médecins du Monde, "l’enjeu aujourd’hui n’est donc non pas uniquement de mobiliser l’aide, mais de la faire entrer en nombre. Ceci nécessite des conditions de sécurité pour permettre aux aidants et civils d’accéder à l’aide. Il y a une opérationnalité qui impose par exemple des lieux à identifier, une organisation de distributions par les aidants ou le déplacement des civils sans risque de bombardements".

Quelle différence avec un cessez-le-feu ?

Mais la possibilité d'une trêve humanitaire ne convient pas à tout le monde. En France, plusieurs personnalités politiques, notamment de gauche, plaident pour un cessez-le-feu. À l'international, c'est aussi la position de la Russie et des pays arabes. Contrairement à une trêve humanitaire, un "cessez-le-feu consiste en un accord organisant la cessation de toute activité militaire durant un temps donné et dans un espace donné. Il peut être déclaré de façon unilatérale ou bien être négocié entre les parties au conflit", explique le site de l'ONG Médecins du Monde. En revanche, il s'agit d'une "décision militaire", qui n'est "pas principalement destinée à permettre des actions humanitaires", mais peut tout de même être utilisée pour secourir les civils.

Si de nombreux pays refusent de parler de cessez-le-feu, c'est parce que ce terme sous-entend un arrêt des combats, ce qui ne permettrait pas à Israël de continuer à combattre les terroristes du Hamas. Une manière pour la communauté internationale d'"encourager l’aide humanitaire sans dénoncer les bombardements massifs d’Israël sur Gaza", souligne Jean-François Corty.