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Israël : les inquiétudes grandissent sur le rétablissement psychique des otages

Europe 1 avec AFP . 3 min
Israël : les inquiétudes grandissent sur le rétablissement psychique des otages
Israël : les inquiétudes grandissent sur le rétablissement psychique des otages AFP / © Ahmad GHARABLI / AFP

Prévu initialement à 7h30 ce dimanche, le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas a commencé à 10h15. Le retour des premiers otages est attendu. Mais les professionnels de santé s'inquiètent de leur capacité à se remettre physiquement et surtout psychologiquement.

Malgré l'immense soulagement en Israël qui accompagne dimanche le retour attendu des premiers otages, dans le cadre du cessez-le-feu avec le Hamas, les professionnels de santé s'inquiètent de leur capacité à se remettre physiquement et surtout psychologiquement de leur captivité.

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Au premier jour de la trêve entrée en vigueur en fin de matinée, trois Israéliennes, retenues comme otages dans la bande de Gaza depuis le premier jour de la guerre, le 7 octobre 2023, doivent être libérées dès l'après-midi, en échange de 95 Palestiniens détenus par Israël.

Sur les 251 personnes enlevées lors de l'attaque sans précédent du Hamas, 94 sont encore détenues dans la bande de Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée. Lors d'une première trêve en novembre 2023, 105 otages avaient été libérés.

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"Après 50 jours de captivité les otages souffraient de nombreux problèmes physiques et psychologiques, cette fois-ci, après (plus de 470 jours de détention), ça va être horrible", prévient Amir Blumenfeld, ex-chef du département de médecine de combat de l'armée israélienne et membre de l'équipe santé du Forum des familles d'otages.

Sur le plan physique, il estime que le principal problème à traiter sera une perte de poids drastique, "de la moitié ou d'un tiers" du poids des captifs d'avant leur enlèvement.

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Il se dit cependant "confiant" que les médecins parviendront à les rétablir plus ou moins rapidement d'une manière "satisfaisante ou bonne selon les cas" des problèmes de nutrition et des blessures, subies pendant leur enlèvement ou en captivité, ainsi que des maladies contractées en détention. "Le problème le plus difficile va être celui de la santé mentale", avertit-il.

"Peur et impuissance"

Dans un entretien récent à l'AFP, Ilana Gritzewsky, libérée en novembre 2023, expliquait comment une vidéo de son compagnon encore détenu, diffusée début décembre par le Hamas, l'avait "replongée dans la période de captivité", évoquant "les cris, les voix, les odeurs, la peur et l'impuissance".

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"J'ai perdu 11 kilos en captivité. J'ai aussi subi des abus. J'ai été brûlée, j'ai perdu une partie de mon audition du côté gauche, je me suis déboîtée la mâchoire. J'ai été victime de harcèlement sexuel lors de l'enlèvement (...) je continue d'en subir les conséquences. Pour l'instant, je ne peux pas commencer la rééducation", a dit la jeune femme.

Selon un rapport du ministère israélien de la Santé transmis en décembre au rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture et s'appuyant sur les témoignages d'otages libérés en novembre 2023, ces derniers ont subi diverses formes de violences physiques et psychologiques.

Le rapport cite le marquage au fer rouge, les passages à tabac, les agressions sexuelles, la privation délibérée de nourriture, les menaces et la détention en isolement. Nombre d'anciens otages présentent des symptômes de stress post-traumatique, de dépression, d'anxiété et de culpabilité du survivant, selon le rapport.

Selon les directives du ministère israélien de la Santé, les otages qui vont être libérés seront hospitalisés pendant au minimum quatre jours, les femmes seront soumises à des tests de grossesse et, contrairement à la première vague de libération, une prise en charge psychiatrique immédiate sera disponible.

"Beaucoup de force"

"La crainte est que certains otages soient dans une situation d'effondrement psychologique total et qu'ils rentrent dans un état critique", explique Iris Gavrieli Rahabi, une psychanalyste membre du collectif FLM (First Line Med) qui regroupe 450 de ces professionnels accompagnant gratuitement les victimes du 7-Octobre et leurs familles.

Elle se dit particulièrement préoccupée pour les jeunes femmes. "Il y a de grosses inquiétudes, de par le peu d'informations qui nous sont parvenues, qu'elles aient été victimes de violences sexuelles graves et sur la possibilité que certaines d'entre elles soient enceintes", dit-elle.

"Nous savons, d'après les témoignages de femmes déja libérées, que certaines ont été utilisées comme esclaves sexuelles et domestiques", ajoute-t-elle. Aux traumatismes subis pendant la détention, s'ajoutera la nécessité de faire face à l'annonce que "leurs proches ont été tués, leurs maisons et leurs communautés détruites, qu'il y a eu une guerre terrible", souligne-t-elle.

Le rétablissement psychologique des otages libérés devrait prendre, dans la plupart des cas beaucoup de temps, voire dans certains cas, ne pas être possible, estime le Dr Blumenfeld. "Les professionnels de santé mentale devront être très flexibles dans leur approche parce qu'ils vont être confrontés à des symptômes et des problématiques qu'ils ne connaissent pas", estime-t-il.

Mais Iris Gavrieli Rahabi dit vouloir aussi miser sur les ressources intérieures des otages libérés : "tous ceux qui reviennent savent qu'ils ont survécu à des conditions inhumaines. Quand tu as survécu à l'enfer et que tu es en vie, ça donne beaucoup de force."