À Téhéran, le président Ebrahim Raïssi a prévenu mardi que "la moindre action" d'Israël contre "les intérêts de l'Iran" provoquerait "une réponse sévère, étendue et douloureuse" de son pays, dans une région déjà sous tension avec la guerre dans la bande de Gaza où les bombardements se sont poursuivis dans la nuit. Dans ce contexte, le Conseil de sécurité de l'ONU doit se prononcer jeudi sur une demande des Palestiniens de devenir un État membre à part entière des Nations unies, ont annoncé dans la nuit plusieurs sources diplomatiques. L'Autorité palestinienne a relancé début avril une procédure initiée en 2011, mais qui n'avait pas pu prospérer en raison de l'opposition des États-Unis.
Les principales informations à retenir :
- Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se prononcer jeudi sur une demande des Palestiniens de devenir un État membre à part entière des Nations unies
- "Dans les prochains jours, les États-Unis vont imposer de nouvelles sanctions visant l'Iran", son corps des Gardiens de la révolution et son ministère de la Défense, a détaillé Jake Sullivan, le conseiller à la sécurité nationale du président Joe Biden
- La ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock, attendue mercredi en Israël, a plaidé mardi pour de nouvelles sanctions de l'UE après l'attaque iranienne
- 14 soldats israéliens blessés dans une frappe du Hezbollah
L'armée israélienne dit que 14 soldats ont été blessés dans une frappe du Hezbollah
L'armée israélienne a annoncé mercredi que 14 soldats avaient été blessés, dont six grièvement, près de la frontière avec le Liban dans une frappe revendiquée par le mouvement libanais pro-iranien Hezbollah. "Ces dernières heures, un certain nombre de missiles antichars et de drones ont été identifiés alors qu'ils traversaient la frontière depuis le territoire libanais vers le village d'Arab al-Aramche dans le nord d'Israël", a indiqué l'armée dans un communiqué. "Six soldats ont été grièvement blessés, deux modérément et les six autres légèrement", a-t-elle précisé.
Le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh en Turquie ce week-end
Le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh rencontrera "ce week-end" le président turc Recep Tayyip Erdogan en Turquie, a annoncé mercredi ce dernier. "Le leader de la cause palestinienne sera mon invité ce week-end", a déclaré Erdogan devant les députés de son parti AKP à l'Assemblée. Selon la chaîne de télévision privée NTV, la rencontre entre les deux hommes aura lieu samedi au palais de Dolmabahçe, à Istanbul.
Erdogan avait présenté le 10 avril ses condoléances au chef du Hamas, dont trois fils et quatre petits-enfants ont été tués dans la bande de Gaza dans une attaque revendiquée par les Israéliens, six mois après le début de la guerre entre Israël et le Hamas.
Les négociations visant à faire cesser les hostilités dans la bande de Gaza et à libérer les otages israéliens "piétinent", a affirmé mercredi le Premier ministre du Qatar, un des médiateurs entre Israël et le Hamas. Le dernier tête-à-tête en Turquie entre Erdogan et Haniyeh remonte à l'été 2023 ; le chef du Hamas avait été reçu au palais présidentiel à Ankara le 26 juillet en même temps que le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.
Attaque sans précédent
L'Autorité palestinienne a publié mardi soir une déclaration affirmant son "soutien sans faille" à la requête palestinienne, mais celle-ci apparaît à nouveau vouée à se heurter au veto américain. Douze jours après une frappe meurtrière contre son consulat à Damas le 1er avril, imputée à Israël, l'Iran a lancé samedi soir une attaque de drones et de missiles contre le territoire israélien, la première jamais menée à partir du sol iranien.
La quasi-totalité des 350 engins ont été interceptés avec l'aide des États-Unis et d'autres pays alliés, a affirmé Israël qui a fait état de blessés. "Nous ne pouvons pas rester les bras croisés face à une telle agression, l'Iran ne sortira pas indemne" après son attaque, a affirmé le porte-parole de l'armée Daniel Hagari. "Nous répondrons au moment, au lieu et à la manière que nous choisirons".
Juste après son attaque, l'Iran a affirmé avoir agi "en exerçant son droit à l'autodéfense" à la suite de la frappe qui a détruit son consulat à Damas et coûté la vie notamment à deux hauts gradés iraniens, et a dit considérer "l'affaire close". L'armée israélienne a affirmé que les victimes de la frappe dans la capitale syrienne étaient des "terroristes" agissant contre Israël, sans confirmer ou non son implication.
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Nouvelles sanctions
Les États-Unis, alliés indéfectibles d'Israël, ont vite fait savoir qu'ils ne voulaient pas "d'une guerre étendue avec l'Iran" et qu'ils ne participeraient pas à une riposte israélienne, Washington préférant plutôt renforcer ses sanctions contre Téhéran, a annoncé mardi soir la Maison Blanche. "Dans les prochains jours, les États-Unis vont imposer de nouvelles sanctions visant l'Iran, dont ses programmes de drones et missiles", son corps des Gardiens de la révolution et son ministère de la Défense, a détaillé Jake Sullivan, le conseiller à la sécurité nationale du président Joe Biden.
Ces nouvelles sanctions vont "poursuivre la pression continue exercée sur l'Iran afin d'endiguer et de détériorer ses capacités militaires", a ajouté Jake Sullivan, précisant que les États-Unis s'attendaient à voir ses alliés emboîter le pas. L'Union européenne envisage d'élargir le champ de ses sanctions déjà en place contre l'Iran, a déclaré mardi le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell. L'idée serait par exemple d'élargir à d'autres types d'armement, comme les missiles, les sanctions déjà adoptées pour interdire l'exportation de l'UE vers l'Iran de composants utilisés dans la fabrication de drones.
Vers de nouvelles sanctions de l'UE contre l'Iran ?
La ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock, attendue mercredi en Israël, a plaidé mardi pour de nouvelles sanctions de l'UE après l'attaque iranienne. Après avoir obtenu le soutien de plusieurs alliés dans l'interception des missiles, Benjamin Netanyahu avait appelé la communauté internationale à "rester unie" face à "l'agression iranienne, qui menace la paix mondiale".
Prenant le contrepied des Occidentaux qui ont condamné l'attaque iranienne du week-end, le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé Benjamin Netanyahu d'en être "le principal responsable". La frappe sur le consulat iranien a été "la goutte d'eau qui a fait déborder le vase", a-t-il dit.
"Nous sommes épuisés"
L'Iran s'était gardé jusqu'à présent d'attaquer Israël frontalement et l'affrontait via ses alliés les rebelles yéménites Houthis - dont deux drones lancés depuis le Yémen ont encore été interceptés mardi par l'armée américaine selon le Pentagone - ou le Hezbollah libanais. Ce mouvement chiite a revendiqué mardi une attaque aux drones explosifs lancés depuis le Liban sur des positions israéliennes, puis annoncé la mort de trois de ses membres dans des frappes israéliennes.
L'armée israélienne a confirmé avoir tué dans des frappes aériennes trois membres du Hezbollah, dont l'un à la tête d'une unité en charge des roquettes et des missiles. Les affrontements à la frontière libano-israélienne sont quasi quotidiens depuis le début, il y a plus de six mois, de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, membre comme le Hezbollah de "l'axe de la résistance", un regroupement de mouvements armés soutenus par l'Iran et hostiles à l'État hébreu.
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Devant une boulangerie qui vient de rouvrir dans la ville de Gaza, des Palestiniens ont fait la queue pendant des heures mardi pour acheter du pain. "Nous sommes épuisés", confie sur place à l'AFP Firas Sukkar, un sac de pain à la main. "Nous avons perdu nos fils, nos filles, nos femmes. Nous avons perdu nos vies entières […] mon seul message est d'arrêter la guerre".