126 personnes sont mortes dans les bombardements israéliens, selon les autorités palestiniennes. 6:41
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Antoine Terrel , modifié à
Sur Europe 1, le sociologue Alain Dieckoff explique pourquoi, depuis une vingtaine d'année, la diplomatie est au point mort dans le conflit israélo-palestinien. La violente seconde Intifada, mais aussi le durcissement de la politique israélienne, ont notamment participé à l'embourbement du conflit. 
DÉCRYPTAGE

Ce nouveau cycle de violences vient rappeler à quel point la paix reste un horizon bien lointain. Après cinq jours de combats entre Israël et les militants palestiniens à Gaza, le dernier bilan des autorités palestiniennes faisait état vendredi de 126 morts et 950 blessés dans les bombardements israéliens, tandis que les roquettes lancées sur Israël ont tué 9 personnes et fait plus de 560 blessés. Et malgré les appels de la communauté internationale, force est de constater que la diplomatie se trouve dans "une impasse prolongée" depuis maintenant vingt ans, constate le sociologue Alain Dieckoff, qui distingue plusieurs causes à cet affaiblissement de la solution diplomatique. 

La violence de la seconde Intifada

"Ce qui a tué la démarche diplomatique est à l'évidence la seconde Intifada, qui a duré de 2000 à 2005 et qui a été caractérisée par une très grande violence des deux côtés", explique Alain Dieckoff, rappelant "les attentats-suicides du côté palestinien et la répression très violente de l'armée israélienne pour y mettre fin".

Le durcissement de la politique israélienne

Et une fois cette Intifada terminée, "la diplomatie n'a plus jamais pu reprendre ses droits", constate-t-il, notamment en raison d'un net durcissement politique côté israélien "avec l'avènement de Benjamin Netanyahu à partir de 2009". Ce dernier, encore au pouvoir aujourd'hui, "avait mis très clairement une croix sur ce processus de négociation, dont une partie assez importante de sa propre formation politique et surtout l'extrême droite, qui commençait à se renforcer, ne voulaient absolument pas".

Bien plus récemment, le mandat de Donald Trump à la tête des États-Unis a aussi freiné la voie diplomatique, le milliardaire ayant exercé pendant quatre ans "une présidence extrêmement pro-israélienne, qui a complètement abandonné la logique diplomatique de ses prédécesseurs". 

La cause palestinienne n'est plus centrale pour plusieurs régimes arabes

Autre élément à prendre en compte : la cause palestinienne compte moins de soutiens que par le passé. "Il faut distinguer entre les États et les opinions publiques", nuance Alain Dieckoff, "mais il est indéniable qu'au niveau géopolitique, la question palestinienne a été marginalisée au Moyen-Orient". 

Au cours des vingt ou trente dernières années, "il y a eu une sorte de déplacement du centre de gravité du Moyen-Orient vers le Golfe", poursuit le spécialiste, avec notamment la guerre Iran-Irak, l'invasion du Koweït, les différentes guerres des États-Unis en Irak et la question iranienne, "qui est devenue la question centrale pour la plupart des régimes arabes".

D'ailleurs, rappelle l'invité d'Europe 1, plusieurs pays arabes ont franchit le cap et fait la paix avec Israël, "comme les Émirats arabes unis, le Bahreïn, ou encore le Maroc". Pour ces pays, "le règlement de la question palestinienne n'est plus une précondition à la normalisation avec Israël", conclut Alain Dieckoff.