L'Europe attend très fébrilement le résultat du vote aux élections législatives italiennes. Les Italiens sont appelés aux urnes ce dimanche pour élire leur nouveau Premier ministre, après la démission poussée de Mario Draghi fin juillet. La favorite de cette élection est Giorgia Meloni, leader d'extrême droite. La politicienne de 45 ans, religieuse, conservatrice et antisystème pourrait devenir la première femme d'Italie à prendre la tête d'un gouvernement et cela inquiète l'Europe.
Une eurosceptique à la tête de l'Italie ?
Cette élection intéresse tant l'Europe parce qu'elle pourrait avoir d'importantes conséquences. À Bruxelles, on s'inquiète de voir un second membre des 27 placer l'extrême droite au pouvoir, après la Suède il y a dix jours. Et en particulier une eurosceptique à la tête de la troisième puissance européenne.
D'autant que l'Italie pourrait trouver du soutien auprès de la Suède, mais également de la Pologne et de la Hongrie, deux pays en conflit avec la Commission européenne qui leur reproche des atteintes à l'État de droit.
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Ursula von der Leyen pourrait envisager des sanctions contre l'Italie
Ursula von der Leyen, la présidente de cette commission, a déjà anticipé la victoire de l'extrême droite et menace l'Italie de sanctions en cas d'atteinte aux principes démocratiques de l'Union européenne. Elle pourrait notamment priver le pays de certains fonds.
Une part conséquente du plan de relance européen est consacrée à l'Italie, 70 milliards d'euros sur les 750 milliards d'euros prévus. La crainte de l'Union européenne (UE) est que cet argent ne soit pas utilisé à bon escient. Et puis, en cas de victoire de Giorgia Meloni, d'autres prises de position pourraient bien compliquer les rapports du pays avec l'Europe, comme l'immigration, l'avortement ou encore la guerre en Ukraine.
"Giorgia Meloni est anti-française"
Invité sur Europe midi, le spécialiste de l'Italie Marc Lazar souligne également les effets de l'élection de Giorgia Meloni sur la relation franco-italienne. Les contacts pourraient bien être rompus entre les deux pays. "Entre Mario Draghi, le président du Conseil sortant, et Emmanuel Macron, c'était la grande entente. C'était quasiment une lune de miel et il y avait beaucoup d'intérêt commun au niveau européen.", rappelle-t-il.
"Giorgia Meloni, parlons clair et je pèse mes mots, est antifrançaise", déclare Marc Lazar. "On le sait, elle a fait de très nombreuses déclarations depuis quelques jours. Elle a atténué ce discours et il y aura deux possibilités : ou ce sera la crise, une crise très préjudiciable pour les deux pays car nous sommes deux partenaires commerciaux pour l'Union européenne, ou alors on va avoir la raison d'État. On va essayer de faire quelques petits sourires et surtout d'essayer de trouver un point commun. Pour Marc Lazar, ce point commun existe : "c'est d'essayer d'assouplir les critères sur la dette et le déficit public".