Retour en grâce, passage éphémère ou révélation aux yeux du grand public. En 2022, de nouveaux dirigeants ont été élus partout dans le monde, dans des contextes bien différents. Chacun apparaît comme le miroir d'une réalité sociale, économique et politique dans son pays mais tous n'ont pas les coudées franches pour assurer leur fonction. Europe 1 vous propose un tour d'horizon aux quatre coins de la planète.
Italie : Giorgia Meloni, une première historique
Le scrutin italien a accouché d'un résultat historique qui suscite toutefois moult questions. Pour la première fois, une femme va prendre la tête d'un gouvernement de l'autre côté des Alpes. Néanmoins, Giorgia Meloni (45 ans) est également décrite comme une "post-fasciste", leader d'un parti - Fratelli d'Italia - créé après la Seconde Guerre mondiale sur les cendres d'un certain Benito Mussolini. A l'instar d'Eric Zemmour en France, elle n'hésite pas à épingler le "remplacement ethnique" dont serait victime l'Italie tout en égratignant régulièrement les "lobbies LGBT".
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La nouvelle femme forte de Rome a d'ailleurs très vite donné le ton de sa politique en se montrant inflexible sur le dossier de l'Ocean Viking. En novembre dernier, ce bateau de migrants avait finalement accosté au port de Toulon après le refus catégorique de Rome d'accueillir les 234 personnes qui s'y trouvaient. De quoi déclencher l'ire de Gérald Darmanin qui a promis de "tirer les conséquences" de l'attitude italienne sur les "relations bilatérales" entre les deux pays. Ambiance.
Royaume-Uni : Liz Truss, un petit tour et puis s'en va
Elle aussi est entrée dans l'histoire cette année. Mais ne figurera pas dans ses pages les plus glorieuses. Profitant de la démission de Boris Johnson, fragilisé par plusieurs scandales au sein de son gouvernement, Liz Truss se voit confier les clés du 10 Downing Street le 6 septembre dernier. Une fonction prestigieuse qu'elle occupera pendant... 44 jours, faisant d'elle la Première ministre la plus éphémère de l'histoire contemporaine du Royaume-Uni.
Un fiasco retentissant né, entre autres, d'un vaste projet ultra-libéral de réduction massive d'impôts et de dépenses qui a semé la panique au sein des marchés financiers. D'autant que la nouvelle dirigeante n'avait donné aucun gage de financement pour cette ambitieuse réforme. De plus en plus isolée au sein de l'appareil conservateur, elle n'a eu d'autres choix que de remettre sa démission le 20 octobre dernier.
Royaume-Uni : Rishi Sunak, des débuts prometteurs puis des ennuis
Après l'épisode Liz Truss, le Royaume-Uni est de retour au point de départ et le parti conservateur jette son dévolu sur Rishi Sunak, ancien chancelier de l'Échiquier sous Boris Johnson. S'il est parvenu, dans un premier temps, à éteindre l'incendie au sein du parti et à calmer les marchés, son attitude face à la grogne sociale grandissante outre-Manche laisse perplexe. Le nouveau chef du gouvernement refuse d'ouvrir des négociations avec les syndicats et peine à se défaire d'une image de technocrate déconnecté des réalités. A tel point que son avenir au 10 Downing Street s'inscrit déjà en pointillé.
Brésil : Lula, un retentissant come-back
Il est de retour. Plus d'une décennie après la fin de son premier mandat, la figure historique du parti travailliste prend de nouveau les commandes du Brésil au terme d'un combat acharné avec Jair Bolsonaro, le président sortant. Aux antipodes de son prédécesseur d'extrême-droite, battu malgré un score de 49,1%, le dirigeant de 77 ans a du pain sur la planche dans un pays divisé comme rarement.
Sur la scène internationale, il devra redonner du crédit au Brésil, notamment sur la question environnementale plutôt délaissée par Bolsonaro. Il lui faudra également s'attaquer à la pauvreté qui gangrène son pays et à la défense des minorités ethniques, particulièrement éprouvées après quatre ans de bolsonarisme.
Israël : Yaïr Lapid-Benyamin Netanyahu, destins croisés
En mars 2021, Yaïr Lapid est chargé par le président Reuven Rivlin de former un gouvernement après l'échec de Benyamin Netanyahou qui n'était pas parvenu à rassembler suffisamment de soutiens. A contrario, Lapid parvient à ses fins et devient alors Premier ministre alternant pendant que Naftali Bennett prend la tête du gouvernement. Mais en raison de tensions émergeantes au sein de la coalition, le binôme décide de dissoudre la Knesset (le Parlement israélien) et de provoquer ainsi de nouvelles élections législatives.
En vertu d'un accord entre les deux hommes, prévoyant une rotation en cas de dissolution, Yaïr Lapid prend le poste de Premier ministre le 1er juillet 2022. Une consécration de courte durée puisqu'au terme d'un nouveau scrutin législatif en novembre dernier, sa formation politique échoue à conserver la majorité à la Knesset. Un revers qui profite à un certain Benyamin Netanyahu, dont le parti décroche 64 des 120 sièges du Parlement. Après validation de son gouvernement, il a prêté serment ce jeudi, reprenant ainsi le trône qu'il avait quitté il y a un peu plus d'an.