Silvio Berlusconi, l'éternel revenant de la politique italienne depuis 25 ans, a annoncé jeudi que malgré ses 82 ans et sa baisse dans les sondages, il serait candidat aux élections européennes en mai. "Au bel âge qui est le mien, j'ai décidé par sens des responsabilités d'aller en Europe, où il manque une pensée profonde sur l'avenir du monde", a déclaré l'ancien chef du gouvernement lors d'une réunion de campagne de son parti Forza Italia (FI, droite) pour des élections régionales en Sardaigne.
Sa peine d'inéligibilité terminée. Le magnat des médias avait déjà mené la campagne de FI pour les élections législatives de mars 2018 en Italie. Il n'avait pu lui-même y participer en raison d'une peine d'inéligibilité, désormais terminée, liée à une condamnation pour fraude fiscale. Mais il s'est fait éclipser par son jeune allié d'alors, Matteo Salvini, patron de la Ligue (extrême droite), qui l'a dépassé au sein de la coalition (17% contre 14% pour FI) lors du scrutin et s'est ensuite allié avec le Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème), pour gouverner. Ce choix a payé : depuis des mois, la Ligue dépasse les 30% d'intentions de vote dans les sondages tandis que FI est passé sous la barre des 10%. Mais cela ne semble pas avoir découragé le vieux milliardaire, qui a subi une opération à cœur ouvert en 2017 et qui fait toujours l'objet de plusieurs procès pour subornation de témoins après ses soirées libertines "bunga-bunga".
"Nous risquons de nous éloigner des valeurs occidentales". "Avec ma connaissance, mes expériences et ma capacité à convaincre, je pense pouvoir jouer un rôle important et faire comprendre aux citoyens européens que nous risquons de nous éloigner des valeurs occidentales" et d'être "dominés par un empire chinois dont les convictions et les valeurs sont opposées aux nôtres", a-t-il assuré. Toujours attaché à la coalition de droite avec Matteo Salvini, qui dirige plusieurs régions et grandes villes, Silvio Berlusconi s'en prend en revanche avec virulence au M5S. Selon lui, ce mouvement est "dirigé par des gens qui n'ont aucune expérience et aucune compétence. Ils sont comme ces messieurs de la gauche communiste en 1994", lorsque l'homme d'affaires s'était lancé en politique.