Les services de secours ont continué samedi à fouiller inlassablement les décombres du séisme dévastateur qui a ébranlé le centre du Japon au Nouvel An et tué au moins 126 personnes selon un nouveau décompte, les conditions météorologiques hivernales compliquant les opérations. Selon un nouveau décompte annoncé par les autorités locales, 516 personnes ont également été blessées et environ 210 restent portées disparues. Mais les espoirs de retrouver des survivants près de cinq jours après la catastrophe s'amenuisent.
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Le tremblement de terre de magnitude 7,5 survenu dans l'après-midi du 1er janvier dans la péninsule de Noto a dévasté cette étroite bande de terre d'une centaine de kilomètres de long qui s'avance dans la mer du Japon, provoquant des glissements de terrain et faisant s'effondrer bâtiments et routes. La secousse, ressentie jusqu'à Tokyo à 300 km de là, a aussi déclenché un tsunami, avec des vagues de plus d'un mètre de hauteur. Le froid et le mauvais temps compliquent la tâche des secouristes et de la neige est attendue pour dimanche, alors que des failles géantes et un millier de glissements de terrain entravent la circulation sur les routes.
Deux femmes âgées ont été sauvées des décombres de leurs maisons jeudi à Wajima, mais depuis il n'y a pas eu de raison de se réjouir. Frappé par le tsunami du 1er janvier, Shiromaru, l'un des hameaux parsemant les criques de la péninsule, n'est plus qu'un amoncellement de débris de bois, métal et plastique. "Le tsunami est venu de l'anse de Shiromaru par la rivière, puis a traversé la rue", raconte à l'AFP Toshio Sakashita, 69 ans, qui estime que sa maison a été submergée par environ 2,5 m d'eau. "Nous ne pouvons plus vivre dans notre maison", dit Yukio Teraoka, 82 ans, qui tente avec sa femme d'évacuer à la pelle le sable lourd et détrempé charrié chez eux par les flots.
Villages isolés
"Nous prions sincèrement pour le repos des âmes de ceux qui sont décédés", a déclaré sur les réseaux sociaux le Premier ministre Fumio Kishida. Il avait qualifié le séisme et ses répliques de "plus grave catastrophe" de Reiwa, l'ère nippone ouverte en 2019 avec l'accession au trône de l'empereur japonais Naruhito. Lors d'une nouvelle réunion d'urgence du cabinet, il a demandé aux ministres de réparer "urgemment et promptement" les routes.
Plusieurs pays, dont les États-Unis et la France, ont proposé leur aide et beaucoup ont présenté leurs condoléances, y compris la Chine et la Corée du Nord dont le dirigeant Kim Jong Un a exprimé sa "profonde compassion" selon l'agence KCNA. Plus de 30.000 personnes étaient réfugiées samedi dans 366 abris gouvernementaux, selon le département d'Ishikawa où est située la péninsule de Noto, dans des conditions souvent précaires en particulier dans les zones les plus difficilement accessibles.
"Je ne trouve pas que nous ayons reçu des équipements ou de la nourriture en quantité substantielle", a déclaré à l'AFP Takushi Sakashita, 59 ans, habitant le village de Noto à la pointe de la péninsule. "Nous faisons de notre mieux pour mener des opérations de sauvetage dans les villages isolés (...). Cependant, la réalité est que leur isolement n'a pas été résolu autant que nous le souhaitons", a admis vendredi Hiroshi Hase, le gouverneur d'Ishikawa. Près de 25.000 foyers restaient par ailleurs privés d'électricité et plus de 70.000 d'eau samedi matin dans ce département et deux autres situés plus au nord.
Éviter l'afflux
Pour ne pas gêner les opérations de secours et l'acheminement de vivres, les autorités locales ont appelé les personnes extérieures à la péninsule de Noto, habituellement une destination touristique, à éviter de s'y rendre pour des "déplacements non essentiels et non urgents". Elles ont également prié ceux qui souhaiteraient se porter volontaires pour les opérations de déblaiement d'attendre la fin du week-end de trois jours - ce lundi étant férié au Japon -, faute d'organisation pour pouvoir les accueillir et les orienter.
Situé sur la ceinture de feu du Pacifique, le Japon est l'un des pays où les tremblements de terre sont les plus fréquents. L'archipel est hanté par le souvenir du terrible séisme de magnitude 9,0 suivi d'un tsunami géant en mars 2011 sur ses côtes Nord-Est, une catastrophe qui a fait quelque 20.000 morts et disparus. Ce désastre avait aussi entraîné l'accident nucléaire de Fukushima, le plus grave depuis celui de Tchernobyl en 1986.