C’est une annonce faite jeudi dans la presse japonaise qui a eu l’effet d’un séisme. L'empereur du Japon, Akihito, aujourd’hui âgé de 82 ans, envisagerait d’abdiquer pour laisser la place à son fils. Un fait inédit dans l’histoire de Trône du chrysanthème que la loi japonaise ne prévoit d’ailleurs pas. Une annonce qui a aussitôt été démentie par le palais impérial.
Deux grands médias annoncent son abdication. Ce sont les grands médias nationaux qui ont sorti l’information. C’est d’abord la grande chaîne de télévision publique NHK qui a créé la surprise, mercredi soir, en rapportant que le souverain avait confié à des proches qu'il voulait laisser dans quelques années la place au prince héritier Naruhito. Akihito est monté sur le trône en 1989 et a donc entamé sa 28ème année de règne. La chaîne a aussi assuré que Naruhito soutenait son père dans cette démarche. Dans la foulée, l'agence de presse Kyodo avait donné des informations similaires.
Une erreur ? Peu probable, répondent les experts. Une information aussi explosive n'aurait pu être diffusée par la NHK et Kyodo sans une très bonne source, estiment des observateurs. "Ce n'est absolument pas vrai", a toutefois répondu Shinichiro Yamamoto, tard dans la soirée de mercredi à des journalistes, un haut responsable de la maison impériale.
Pas d’abdication depuis 1817. En vertu de l'actuelle loi sur la maison impériale, qui régit le statut juridique de l'empereur, il n'est pas prévu de mécanisme légal d'abdication. Une révision de ce texte serait donc nécessaire pour satisfaire sa volonté, ce qui expliquerait le délai de quelques années invoqué par la presse. Le Japon n'a pas connu d'abdication ces 200 dernières années, depuis 1817 précisément. L’empereur Kodaku avait alors abdiqué en faveur de l’empereur Ninko.
La famille impériale jouit d'un profond respect de la part de la majorité des Japonais. Polémiquer à son sujet est souvent gênant voire tabou. Le Premier ministre Shinzo Abe a lui-même refusé jeudi de s'exprimer. Le chef du gouvernement a invoqué le caractère sensible de cette question, tout comme le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga.
Le quotidien à grand tirage Yomiuri Shimbun a cependant rapporté jeudi que le gouvernement avait envisagé en secret la possibilité d’une abdication. "Selon une source proche du palais impérial, l’empereur envisage depuis déjà plusieurs années son abdication", peut-on lire sur le site du quotidien, notamment en raison de problèmes de santé. L’empereur Akihito a souffert d'un cancer de la prostate et d'une opération du coeur.
Dans la Constitution imposée par les Etats-Unis en 1947, après la reddition du Japon à la fin de la Seconde guerre mondiale, le rôle d'Akihito est strictement limité à celui de "symbole de l'État et de l'unité du peuple japonais", afin de prévenir tout retour au militarisme. Un symbole très fort pour les Japonais.