L'année s'est ouverte en beauté au marché aux poissons de Tsukiji à Tokyo, où le premier thon rouge de la criée de 2017 a été adjugé à 74,20 millions de yens (605.000 euros), le deuxième plus haut prix depuis le record de 2012. Pour la sixième année de suite, c'est l'imposant patron de la chaîne de restaurants Sushizanmai, Kiyoshi Kimura, qui a remporté la mise.
Un sushi vaudrait 81 euros. "C'est cher", a réagi l'intéressé devant les caméras de télévision et quand on lui rappelle qu'il avait dit l'an passé "c'est la dernière fois", il rétorque : "eh bien je ne le dirai plus". Au prix payé pour ce thon de 212 kg, un sushi constitué avec une lamelle du ventre gras appelé "otoro" devrait être vendu 10.000 yens (81 euros), mais les 51 restaurants Sushizanmai le maintiendront au même tarif que d'habitude, soit 3,50 euros. Dans les établissements haut de gamme de Tokyo, un tel mets peut valoir jusqu'à plus de 3.000 yens (24 euros).
Des sommes astronomiques. Les ventes aux enchères quotidiennes de thon de Tsukiji font la réputation de ce haut lieu qui accueille plus de 40.000 personnes par jour, dont les meilleurs chefs-cuisiniers de Tokyo. Les premières criées de thon rouge de l'année sont un rituel très médiatisé. Le montant de 74,20 millions de yens déboursé cette année est cinq fois supérieur à celui de l'an dernier, qui était lui-même le triple de celui de 2014. Cela reste cependant bien en deçà du record de 2012 : 155,4 millions de yens (1,26 million d'euros au cours actuel). C'est le même Kiyoshi Kimura qui avait déboursé cette somme astronomique dans le but avoué de ne pas laisser, comme en 2011, 2010 et 2009, le poisson partir dans les cuisines d'un restaurateur de Hong Kong.
Ne pas oublier que c'est une espèce menacée. Les Japonais ont un appétit insatiable pour le thon rouge (hon-maguro), une espèce surpêchée et considérée comme en danger par les écologistes. Ils dégustent cette chair essentiellement crue, sous forme de sushi (fine tranche sur du riz vinaigré) ou sashimi (fine tranche seule). Kazue Komatsubara, une porte-parole de Greenpeace au Japon, a refusé de commenter cette vente aux enchères en particulier mais a appelé à la vigilance : "Présenter au client un volume énorme de thon risque de faire oublier que c'est en réalité une espèce en danger".