Une famille éplorée, des avocats protecteurs et une forêt de micros : la scène est presque trop familière. "Ils ont tiré sur mon fils sept fois... sept fois", s'indignait mardi soir le père de Jacob Blake, qui s'exprimait avec sa famille devant la presse et le pays, pour demander justice. À Kenosha, dans l'État du Wisconsin, au nord des États-Unis, un policier blanc a tiré dimanche soir à sept reprises et à bout portant dans le dos d'un homme noir, Jacob Blake. "Mon fils se bat pour sa vie", a déclaré, émue, Julia Jackson, mère de la victime, lors de la conférence de presse.
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Une plainte au civil va être déposée
Car Jacob Blake est toujours hospitalisé. Les balles ont sectionné sa moelle épinière et endommagé son foie et ses reins. Âgé de 29 ans, il a du subir une ablation partielle de l’intestin. Sa mère raconte qu'il lui a dit qu'il "ne veut pas être un fardeau" et qu'il ne croit pas qu'il remarchera un jour. "Le diagnostic médical, pour le moment, est qu'il est paralysé", a affirmé l'avocat de la famille, Ben Crump. L'avocat, qui est aussi celui de la famille de George Floyd, un jeune Afro-Américian tué par la police durant l'été, réclame l’arrestation et le renvoi des agents impliqués et a annoncé qu'une plainte allait être déposée au civil.
"Si Jacob savait ce qu'il se passait, la violence et la destruction, il serait très mécontent"
Comme après la publication des vidéos de George Floyd, plusieurs villes américaines sont devenues depuis dimanche le théâtre de rassemblements parfois violents, des milliers de personnes exigeant que justice soit faite pour Jacob Blake. La mère de la victime a appelé au calme. "Si Jacob savait ce qu'il se passait, la violence et la destruction, il serait très mécontent", a-t-elle déclaré, avant de délivrer un message puissant : "Je prie pour la guérison de mon fils, mais aussi pour la guérison de notre pays".
Les avocats ont par ailleurs annoncé qu'ils se rendraient à Washington vendredi pour rejoindre une vaste marche contre les violences policières organisée le jour de l'anniversaire du célèbre discours de Martin Luther King "I have a dream".
La presse américaine s'émeut
"Même après George Floyd, et tous les autres, pourquoi devons vivre à nouveau ce cycle encore et encore et encore ?" demande le Washington Post. Parce que l’Amérique est "une nation raciste" constate brutalement un éditorialiste du Miami Herald. Selon une étude, ajoute-t-il, même à l’école un élève noir est beaucoup plus susceptible d’être puni qu’un camarade de classe blanc.
Pour The Atlantic, le mouvement historique de protestation après la mort de Georges Floyd n’a pour l’instant apporté "aucun changement sérieux dans le fonctionnement de la police américaine". Le magazine conservateur continue : "À chaque fois que l’on dit que George Floyd ne doit pas être mort en vain, il y a un nouveau Jacob Blake".